C'est hier, à la salle El-Mouggar, que s'est clôturé le colloque international sur “Les mythes anciens à l'épreuve de la modernité dans les littératures africaines”. Ce thème a été débattu deux jours durant par des universitaires algériens et étrangers. Cette rencontre, qui s'est étalée sur deux jours (samedi et dimanche) a été organisée par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologique et historiques (CNRPAH). Elle entre dans le sillage du 2e Festival panafricain qui s'est tenu, rappelons-le, au mois de juillet dernier. D'ailleurs, ce colloque, selon M. Slimane Hachi, directeur du CNRPAH, “se veut un prolongement du premier colloque organisé sous le thème de l'anthropologie durant la manifestation (festival panafrician, ndlr)”. À cet effet, vingt-huit chercheurs, universitaires et autres hommes et femmes de lettres ont pris part à ces deux journées d'étude et scientifiques. Venus d'Algérie, du Congo, d'Afrique du Sud, du Sénégal, des Seychelles, du Canada, des Etats-Unis, de Grande-Bretagne ou de France, les intervenants aborderont d'une part l'importance du ou des mythes dans les littératures africaines et ce, par rapport au développement tant technologique, économique que social, et d'autre part les différents problèmes que rencontre cette littérature. Par ailleurs, ce colloque est une opportunité qui permet aux critiques littéraires de créer une dynamique, voire un débat autour de “l'impact de la modernité sur la littérature et les mythes africains”, dira la commissaire du symposium des écrivains africains et membre de la commission d'organisation du colloque, Mme Naget Khadda. Samedi, c'est M. Benaouda Lebdai (professeur des universités à l'université du Maine, spécialiste de littérature africaine comparée et anglophone et francophone) qui ouvrira le bal des conférences en parlant “de l'importance des mythes dans les littératures africaines”. À ce propos, il en ressort que “conjointement aux mythes anciens porteurs d'une mémoire, les littératures africaines sont aussi porteuses de mythes nouveaux, nés en contexte post-indépendance, avec cette fonction de conforter l'installation dans la modernité en déstabilisant l'impact archaïque des mythes originels”. Jacques Chevrier (professeur émérite à la Sorbonne, Paris IV) dans son intervention intitulée “Les écritures du mythe dans les littératures d'Afrique sub-saharienne”, s'interroge sur “la place du mythe dans le travail littéraire des écrivains, en particulier des romanciers contemporains”. Chaque conférencier, en cette première journée, jette la lumière sur le travail littéraire africain, sur la base de mythes. Des mythes qui ne sont pas du reste étrangers à ceux venus d'Europe ou d'Amérique. Même si les personnages légendaires sont différents, la base est quasi identique et c'est ce qu'a abordé Mme Jeannine-Marie Clerc (professeur émérite de littérature comparée à l'université Paul-Valéry, à Montpellier), qui démontrera le recours par l'écrivaine gabonaise Bessora, du mythe grec afin de décrire et de raconter une réalité gabonaise “parquée par le pouvoir ravageur d'une technologie d'importation”. Mme Yamilé Ghebalou-Haraoui (auteur et enseignante à l'université d'Alger) abordera le rôle de la femme dans le monde traditionnel africain. Elle est créatrice d'espaces “du dire grâce auxquels la famille s'élabore, se met en place et se perpétue (…)” Ce sont des “diseuses ou des parleuses” qui se sont “tournées vers les mythes anciens qui ont quelquefois contribué à faire taire leurs semblables pendant des siècles, mais aussi à les soutenir dans des luttes inédites”. Pendant deux jours, les intervenants ont abordé le mythe sous toutes ses coutures, car élément essentiel, voire incontournable dans la littérature en Afrique. Des écrivains ont composé avec, écrivant des chefs-d'œuvre, alliant tradition, oralité et écriture. Cette dernière devient un outil incontournable pour exprimer et marquer l'identité culturelle et littéraire des sociétés d'Afrique baignées dans un rituel ancestral, présent jusqu'à nos jours.