Il était, peut-être, écrit quelque part dans le temps, que Béjaïa connaîtrait un été chaud sur tous les plans. En effet, la canicule qui sévit actuellement dans la région fait passer des nuits blanches à d'un citoyen, d'autant plus que l'invasion spectaculaire des moustiques n'est pas pour arranger les choses. Le Béjaoui, pris entre le marteau des événements et l'enclume climatique, vit un semblant de vacances en faisant la navette entre la plage, pour une éventuelle trempette, et la place Gueydon en fin de journée pour un ultime café avec les amis. La bombe artisanale de Tichy a, en effet, dissuadé plus d'un à aller camper. Mis à part quelques jeunes aventuriers, les amateurs de pêche sous-marine et des plaisirs de la mer ont dû battre en retraite cette année et se confiner dans leur mutisme estival. Cela dit, la nouveauté, cet été, réside dans les magasins de fripes dispersés çà et là à travers la ville. Ces derniers poussent comme des champignons et voient affluer une foule quotidienne, de plus en plus importante, venue des quatre coins de la wilaya s'approvisionner en «fringues» à moindre prix. Les pères de famille, particulièrement soucieux de la prochaine rentrée scolaire, se préparent déjà aux achats. Bien entendu, même la fripe est classée en catégories et en choix. Du premier au troisième choix, les prix varient et parfois de grandes négociations sont entamées entre les clients et les commerçants afin de dénicher un vêtement en bon état, et à un prix abordable. Ce qui n'est pas facile d'autant plus que les prix, comme on peut s'en douter, varient d'un commerçant à un autre. En d'autres termes, loin des grandes activités artistiques et culturelles qui auraient pu changer l'image de Béjaïa et la monotonie régnante, la fripe prend cette année le relais pour donner une autre image d'une population livrée à elle-même en tout point de vue. Cet été, Béjaïa est prise tout simplement entre la canicule, les moustiques et la fripe...