Le gaz est appelé à demeurer un pilier dans les relations entre le sud et le nord de la Méditerranée. L'approche de la date de la tenue du quatrième symposium de l'Association algérienne de l'industrie du gaz en mars 2010 sous le thème «Gaz naturel, énergie du XXIe siècle: une transition à réussir» est une opportunité pour les pays des deux rives de la Méditerranée à s'intéresser à l'avenir de cette énergie. C'est alors à Mustapha Faïd, directeur général de l'Observatoire méditerranéen de l'énergie, et ancien cadre à Sonatrach qu'il a appartenu d'être à l'origine d'une étude sur L'énergie en Méditerranée, situation, perspectives, contraintes et enjeux, menée sous l'égide de l'Institut de prospective économique du monde méditerranéen. A l'heure où, de par le monde, de grands bouleversements géopolitiques, institutionnels, économiques et commerciaux ont lieu, au moment où les transformations de l'économie mondiale s'affirment, qu'en est-il de la Méditerranée et notamment du secteur de l'énergie? s'interroge l'auteur. Dès que l'on aborde la situation énergétique dans cette zone méditerranéenne, la question du concept régional se pose. Les pays méditerranéens se distinguent les uns des autres à bien des égards. Contrastes et différences entre rive nord et rive sud, de même entre pays d'une même rive, caractérisent la région. Sur le plan commercial, l'Europe est le principal partenaire des pays méditerranéens du Sud. Mais c'est au prix de relations de dépendance qui tiennent au fait que les exportations hors hydrocarbures vers l'Union européenne restent limitées, voire en regression, rendant le Sud structurellement déficitaire. Plus d'une décennie après le lancement du processus de Barcelone, le fossé entre pays européens riches et pays du Sud en développement n'a pas été réduit, loin s'en faut. La nécessité de donner une ambition nouvelle à la coopération entre les rives nord, sud et est de la Méditerranée n'a jamais été aussi forte et aussi pressante. L'un des principaux défis d'un partenariat euro-méditerranéen serait d'impulser une dynamique qui permettrait de ne plus considérer les pays du Sud comme de simples pourvoyeurs de matières premières ou uniquement comme des opportunités de marché. C'est paradoxalement l'inégalité dans la répartition des ressources énergétiques entre les pays méditerranéens qui pourrait être la base de la mise en place d'une interdépendance recherchée et acceptée, économiquement et politiquement viable et surtout progressive, avant d'aboutir, à moyen terme, à la construction d'un ensemble économique à croissance élevée et durable. En matière de consommation, il y a des différences marquées entre le Nord et le Sud. La consommation annuelle par habitant n'est que d'une tonne équivalent pétrole au Sud alors qu'elle est de plus de 3 TEP tep au Nord, soit un rapport de 1 pour 3. Les énergies fossiles restent très largement dominantes. Si elles comptent pour 75% de la demande au Nord, elles représentent plus de 95% dans le bilan énergétique du Sud. Cette différence est surtout due à la part importante de l'électricité d'origine nucléaire dans les pays nord-méditerranéens. La part du gaz naturel au Nord comme au Sud, a fortement augmenté ces dernières années. La demande de gaz dans les pays méditerranéens a doublé. Pour exemple, le gaz naturel couvre plus de 60% des besoins en énergie de l'Algérie alors qu'au Maroc, il compte pour moins de 5% de la demande énergétique. Le nucléaire, quant à lui, devrait voir sa part reculer, la région méditerranéenne induisant des niveaux élevés de la demande, risquant d'engendrer des tensions au niveau de la disponibilité. Les investissements nécessaires seront considérables, alors même que les industries pétrolière, gazière et électrique connaissent actuellement une hausse des coûts d'engineering et de construction sans précédent, et des pénuries importantes de main-d'oeuvre spécialisée. La consommation d'électricité a été multipliée par quatre dans la région méditerranéenne au cours des trente dernières années. La consommation des pays du Nord représente près de trois fois celle du Sud. La demande d'électricité devrait croître de 60% pour l'ensemble de la région d'ici à 2020 et atteindre 2865 teraWatt/h. Etant étroitement liées à la croissance économique et à la démographie, les tendances enregistrées devraient se confirmer avec une progression beaucoup plus soutenue dans le Sud où le taux de croissance annuel est estimé à 6% par an. Le rattrapage, observé ces dernières années, se poursuivra. Le rapport Sud-Nord en termes de consommation d'électricité par habitant, de 1 pour 8 en 1971, puis de 1 pour 3,7 en 2005, devrait se situer à 1 pour 2,4 en 2020. Actuellement, la demande de pétrole en Méditerranée représente 450 millions de tonnes, soit près de 13% de la demande mondiale. Elle devrait continuer à croître dans les années à venir mais moins rapidement que par le passé, avec une croissance moyenne d'environ 0,7% par an sur les dix prochaines années.