Le Djurdjura, au grand bonheur des touristes, a revêtu son manteau blanc, il est craint par les autochtones qui pensent aux conséquences quotidiennes d'un hiver rude. L'hiver s'installe et les soucis des habitants de la daïra de Haïzer augmentent. Ce chef-lieu de daïra n'est qu'à 9 km de Bouira et est desservi par une route en bon état, la RN33. Ces deux faits ne changent en rien à la situation de ces villages disséminés sur une superficie de 84 km² pour une population de 18.500 habitants. La proximité du Djurdjura, cette montagne qui est à moins de 10 km de Haïzer, plus proche pour les autres localités qui relèvent de cette daïra, à l'image d'Aghercif, de Guentour ou d'Ighil N'sekasou, rend les conditions de vie plus difficiles encore à cause du froid qui y est plus intense. C'est pourquoi l'arrivée de l'hiver, qui s'installe dans cette région de la wilaya, est accueillie avec beaucoup d'appréhension. Comme si les aléas de la nature ne suffisaient pas, la commune du chef-lieu est sujette à un conflit entre élus qui a bloqué complètement le développement et la bonne marche de l'APC. Cette situation a amené les citoyens à recourir à des actions de rue, des grèves et des sit-in. Evoluant dans un contexte social aussi sombre, où le présent et le futur semblent hypothéqués à jamais, la population de cette commune va trouver dans le mouvement revendicatif, qui a pris naissance en avril 2001, un exutoire à sa colère et à ses revendications. Cette colère, nourrie par un sentiment d'injustice de plus en plus fort, va porter cette population au coeur de la contestation, brûlant, cassant, balayant tout sur son passage comme un véritable ouragan. Les premières victimes de cette ire populaire sans précédent vont être enregistrées parmi les édifices publics. C'est d'abord le siège de l'APC, et ensuite le parc communal qui vont partiront en fumée. La population gardera de ces années un goût prononcé pour la contestation citoyenne. Elle trouvera dans le conflit qui opposait la localité d'Aguercif à Ighil N'sekssou, à propos de la conduite d'AEP, une occasion pour donner libre cours à sa colère. Le 8 mars 2004, le siège de l'APC part en flammes. Le conflit est réglé. Pour le présent et l'heure, les soucis immédiats qui revêtent le caractère de l'urgence sont de deux types: le chauffage dans les écoles et l'alimentation de la population en gaz butane. Pour le premier, le besoin est estimé à 60 millions environ pour assurer convenablement le chauffage des 100 classes que comptent les écoles de la commune. Or, la pauvreté du budget a augmenté les soucis des gestionnaires qui se réjouissent de l'arrivée des vacances scolaires. Avec le froid qui va s'accentuer, il leur faudra recourir à la solidarité pour puiser l'argent nécessaire à l'achat du fuel ou se résoudre à fermer les écoles. Pour le gaz butane, les habitants se débrouilleront en s'alimentant à partir de Bouira. Cette situation se maintiendra tant que le beau temps durera et que la RN33 demeurera ouverte au trafic. L'abondance des neiges dans cette partie de la wilaya est un facteur alarmant. Pour peu que la RN33 soit bloquée quelques jours et Haïzer sera isolée du reste du monde d'où la nécessité d'alimenter en gaz butane, non seulement la population du chef-lieu de commune, mais également celle des villages qui en dépendent. Ces villages, à l'image d'Aguercif, de Guentour où un CEM est désormais opérationnel... ne sont pas tous desservis par des routes, ce qui accroîtra, sans aucun doute, les difficultés d'approvisionnement en combustibles. Ce souci majeur fait faire aux autorités, depuis des années, des démarches pour obtenir que le chef-lieu de commune soit alimenté en gaz naturel. Aussi, le paramètre géographique de la localité, qui fait presque de cette dernière une banlieue de Bouira a prévalu et l'alimentation en gaz a été retenue. Le conflit qui paralyse l'APC est, aux dires de beaucoup, le facteur qui a retardé l'ensemble des projets de cette commune. En effet, l'absence d'un portefeuille foncier fait que cette situation, à long terme, représente un danger qui hypothèque son développement. Les projets structurants se heurtent au problème d'indisponibilité du foncier, certes, mais à l'incapacité d'engager les procédures administratives. Pour tenter de rattraper le temps perdu, l'administration centrale de la wilaya a pris à sa charge le lancement de plusieurs projets en y impliquant directement la Dlep, la DUC, la direction des mines...Cependant, la seule satisfaction vient peut-être de la formule habitat rural, avec l'aide à l'habitat rural concrétisée à hauteur de 70 millions, laquelle a profité à 300 postulants pour 200 dossiers en instance d'étude. Le projet des 100 locaux commerciaux, jusque-là resté simple projet sur papier a été relancé. A ce sujet, la commune a recensé 500 familles nécessiteuses, alors que pour tout dispositif social, elle n'a pu offrir que 40 postes d'emplois de jeunes et 120 du type «filet social». Au plan sanitaire, la revendication des citoyens consiste en la programmation d'au moins une fois dans la semaine, la visite d'un spécialiste à la polyclinique ainsi que la dotation de la commune d'une ambulance et le village Slim, situé à 8 km à l'est de Haïzer, d'une salle de soins. Celle existante est toujours occupée par un détachement de la garde communale, qui veille sur la sécurité de cette localité de 2 000 habitants et ses environs. Avec un minibus, un camion aménagé et un fourgon de 18 places et ceux du privé, appelés en l'occurrence à la rescousse, le transport scolaire ne semble pas poser problème, selon nos interlocuteurs, pour desservir les localités de Aïn Allouane, Takbouchet, Slim, Guentour, Tekssane, Aghercif et Ighil N'sekssou. L'AEP, dont nos responsables incriminent la vétusté du réseau, y afférent, à Haïzer, est pour le citoyen, une preuve tangible de la mauvaise volonté des responsables concernés. «Cela fait dix ans et plus que l'eau ne coule plus dans les robinets de beaucoup de maisons alors que la piscine semi-olympique, à côté du CEM Afgoune, est largement alimentée...» Les responsables ont, par leur inertie ou leur parti pris, favorisé le marasme culturel, économique et social. ils ont des forages, font profiter les membres de leurs familles ou ceux de leurs connaissances des dispositifs sociaux (filet social, emploi de jeunes). Seule la responsabilité les intéresse. D'où la recrudescence des vols et la délinquance. Les VRD, l'éclairage public, comme pour Takbouchet, village de 300 habitants, le revêtement des rues sont autant de préoccupations, que le premier responsable de la wilaya a promis de régler lors de sa dernière visite.