Les citoyens stigmatisent l'absence d'informations. La grippe porcine alimente les rumeurs à Tizi Ouzou. Les informations confirmées puis démenties au niveau du CHU Nedir-Mohammed créent la panique dans la ville. Les populations qui ont cédé à la peur sont angoissées par la contamination. Il faut dire que le flou, qui a entouré le traitement du dossier relatif à l'épidémie, a grandement alimenté cette psychose qui s'est installée chez toutes les catégories des citoyens. Sur toutes les places publiques, les discussions ne tournent plus qu'autour de la grippe et des probabilités de sa contagion. Les campagnes d'information et de sensibilisation de la télévision et de la radio sont l'objet de toutes les risées vu le niveau affligeant qui caractérise le discours véhiculé. «Au lieu de nous donner la date du lancement de la vaccination on nous montre comment laver les mains. On nous prend pour des abrutis», fulmine Zohra, employée dans l'administration et mère de deux enfants écoliers. Sans aucun crédit, les campagnes de l'Unique et de la Radio ne sont d'aucune utilité pour une population «parabolisée» et bien au fait de la manière avec laquelle est gérée la pandémie dans d'autres pays. Ces derniers jours, avec les informations qui faisaient état de morts dus à la grippe A/H1 N1, la population a été saisie par une psychose qui allait crescendo. Dans la rue, certains commencent à porter les masques alors que d'autres se ruent sur les pharmacies pour s'en procurer. Ce sont les plus chanceux puisque la majorité des pharmacies affichent l'indisponibilité du masque. Les gens commencent aussi à douter du Numéro Vert qu'ils n'arrivent pas à joindre. La rumeur est l'unique canal de communication qui reste à la portée de la population. Alors que les services sanitaires de la wilaya annoncent officiellement le décès de 5 malades atteints de la grippe, la radiotrottoir fait son bonhomme de chemin. Officiellement, seuls 19 cas sont confirmés sur les 113 suspectés. Ce flou, qui alimente le traitement de l'information au niveau des autorités médicales de la wilaya, se traduit même à travers les chiffres avancés. Parmi les cinq morts figurent, en effet, deux foetus jumeaux de cinq mois suite au décès de la mère porteuse. Mais, peut-on réellement les inclure dans les statistiques alors qu'ils ne sont pas médicalement viables? Notons aussi que la population ne fait pas confiance aux statistiques officielles. Une chose est cependant sûre, les citoyens sont inquiets et vivent dans!'angoisse et le doute. Jusqu'à présent, aucune source, aussi officielle soit-elle, n'est venue donner une date de début de la vaccination. La méfiance, la peur et l'angoisse qui transparaîssent sur les visages dans les places et les transports publics, ont sont la preuve.