Bien que possédant une profonde connaissance de diverses traditions musicales, Ross Daly privilégie les rencontres artistiques et humaines entre musiciens à l'abstraction des concepts musicologiques. Le 4e édition du Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes s'est ouvert lundi dans le faste, à Alger par une soirée animée à la salle Ibn Zeydoun par l'ensemble régional de Tlemcen et le Ross Daly quartet (Irlande). Dans son allocution de bienvenue, le commissaire du festival, Rachid Guerbas, a indiqué à l'ouverture que «cette manifestation est un espace privilégié des nobles et exigeantes convergences musicales et artistiques. Elle reste fidèle à son credo: la fraternité internationale». Il a ajouté que le festival «se veut une dynamique saine du généreux partage, un lieu où chacun s'enrichit de la culture et de l'expérience de l'autre, où chacun prend conscience du fabuleux trésor qu'il doit à l'autre et du privilège que chacun a de se reconnaître dans l'autre». Dirigé par le violoniste Yacine Hammas, l'ensemble régional de Tlemcen a gratifié le public d'une nouba dans le mode zidane. Le Ross Daly quartet a présenté, quant à lui, un récital musical varié dans lequel plusieurs genres musicaux ancestraux ont été fusionnés. Le Ross Daly quartet est revenu cette année à Alger après un premier passage remarqué au Festival de musique andalouse et des musiques anciennes de 2007 pour nous enchanter de nouveau par une musique à la fois originale et ancestrale. Musiques grecque, turque, arabe, indienne, iranienne et nord-africaine sont quelques-unes parmi les sources inépuisables d'où Ross Daly puise son inspiration. Profondément convaincu de la portée spirituelle et universelle de sa musique, Ross Daly la décrit comme «le langage de mon dialogue avec ce que je perçois comme sacré». Ses compositions sont impossibles à classer dans une tradition donnée, il utilise les ressources de diverses musiques pour produire une expression individuelle et novatrice. Il se définit comme compositeur de musique modale contemporaine. Riche des apprentissages acquis à travers sa quête musicale de toute une vie, Ross Daly se concentre aujourd'hui sur la composition de nouvelles oeuvres. Entre ses compositions et ses arrangements de mélodies traditionnelles, il compte plus de trente cinq albums et il voyage à travers le monde pour partager sa musique. Crétois d'adoption, aux origines irlandaises, Ross Daly est né en 1952 en Angleterre. Il s'intéresse dès le début de sa formation musicale à des instruments issus d'horizons multiples: guitare classique, sitar, rabab, lyre crétoise, kemençe...Son apprentissage s'effectue grâce à ses voyages, notamment au Proche-Orient, en Asie centrale et en Inde. Outre sa maîtrise d'un nombre impressionnant d'instruments, il est compositeur, arrangeur et producteur. Il est installé depuis 1975 en Crète où il est reconnu comme l'un des plus éminents connaisseurs de la riche tradition musicale de l'île. Il est aussi estimé pour sa capacité à initier des collaborations de grande qualité entre artistes de traditions musicales différentes. Il fonde en 1982 un organisme nommé Labyrinth qui se propose d'étudier et d'enseigner toutes les traditions musicales modales. Bien que possédant une profonde connaissance de diverses traditions musicales, Ross Daly privilégie les rencontres artistiques et humaines entre musiciens à l'abstraction des concepts musicologiques. Sa vision de la musique du monde est celle d'une pratique musicale axée sur la créativité qui naît du dialogue entre différentes cultures musicales. Son quartet est l'authentique expression de cette conception de la musique, Ross Daly y est entouré d'excellents musiciens d'horizons divers: la joueuse de lyra Kelly Thoma, son élève depuis 1995; le luthiste de renom Periklis Papapetropoulos et le virtuose du zarb iranien Bijane Chemirani. Le festival qui se tiendra jusqu'au 30 décembre, verra la participation de groupes de musiques anciennes en provenance d'une dizaine de pays ainsi que des associations nationales de musique andalouse, dont Les beaux-arts d'Alger, Ibn Badja de Mostaganem et El Inchirah d'Alger. Un hommage sera rendu au défunt Cheikh Hassan La'ribi, interprète du malûf libyen, décédé le 18 avril 2009 et qui a déjà participé à deux éditions de ce festival. Parmi les groupes étrangers qui prendront part à cette manifestation on peut citer l'Ensemble Babeyn de Turquie, Dimitri Puyalte et Cristobal Corbel de France (ce soir), l'Ensemble Tarab d'Iran, l'Ensemble Kaboul d'Afghanistan, Axivil Aljamia d'Espagne, le quatuor IKI (France/Japon), l'Orchestre de Tétouan du Maroc, l'Ensemble de malouf et de mouachahat de Libye et le Consort Orpheon d'Autriche. Des sonorités d'ici et d'ailleurs qui trouveront des correspondances dans leurs mélodies et façons de jouer et nous prouveront que la musique est sans frontières. Outre les soirées musicales, une série de conférences thématiques est prévue ainsi qu'un concours de mandoline. «Les transformations de la musique iranienne au début du XXe siècle», «Florilège de la poésie andalouse au féminin», «Le malûf tunisien, contenus et formes» et «Place de la tradition orale dans la culture musicale européenne aujourd'hui», sont les principaux thèmes qui seront abordés par des chercheurs en musique. Véritable carrefour des cultures et musiques savantes du monde, le Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes vous permet ainsi de voyager seul sur votre chaise à la découverte des sons féeriques du monde.