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Le World Trade Center désintégré
USA
Publié dans L'Expression le 12 - 09 - 2001

Deux gigantesques explosions ont secoué hier, vers 13h GMT, les deux tours jumelles du World Trade Center, quelques minutes avant neuf heures locales.
Selon des témoins oculaires, «deux avions de ligne sont arrivés, à 18 minutes d'intervalle, percutant chacun une des deux tours, de plein fouet». Si le premier choc n'a été rapporté que par des témoins, le second a été filmé en direct par les nombreuses équipes de télévision présentes sur les lieux.
Les deux avions appartenaient à American Airlines. Le premier, un Boeing 757, reliant Boston à Los Angeles, transportait 81 passagers, 11 membres d'équipage. Le second appareil, un B767 assurait la ligne Washington-Los Angeles avec à son bord 51 personnes. Les deux appareils auraient été «détournés par des terroristes pour perpétrer ces attentats», selon un officier du FBI en poste à l'aéroport de Boston.
De son séjour californien, le président Bush a immédiatement réagi: «C'est une opération terroriste. J'ai immédiatement ordonné une enquête totale. Le terrorisme ne passera pas dans notre pays.»
La première tour s'est effondrée 50 minutes après l'explosion, dans un immense nuage de fumée et de poussière, suivie, 20 minutes après, de la seconde, rendant l'air irrespirable. Des témoins affirment que «des flammes géantes et une fumée opaque sortaient des deux tours, avant qu'elles ne se désintègrent». D'autres témoins affirment que «des gens sautaient des fenêtres du WTC à différentes hauteurs pour s'écraser au sol».
La panique qui s'est emparée des citoyens a créé une ambiance d'hystérie indescriptible dans les rue de Manhattan Sud, et des bouchons sur plusieurs kilomètres immobilisaient la circulation, gênant le déplacement des secours.
Le maire de New York, pâle et défait, affirmait à la chaîne NY 1 que «le nombre de victimes du World Trade Center est terrifiant».
Un premier bilan, donné par les secouristes, fait état de six morts et d'un millier de blessés, sur les 40.000 personnes qui travaillent dans ces deux gratte-ciel, et les quelques centaines de milliers qui le visitent quotidiennement.
Les services de police ont évacué le maximum de personnes avant de boucler hermétiquement tout Manhattan Sud.
Les téléphones cellulaires ne fonctionnaient plus. Le métro de New York, dont plusieurs lignes passent sous le WTC, a été arrêté.
Le Pentagone attaqué
Le Pentagone (ministère de la Défense) a fait l'objet d'une évacuation totale, vers 13h 15, suite à l'explosion de deux bombes. Aucun bilan n'a été communiqué, mais sur les 25.000 employés du bâtiment, «beaucoup manquaient à l'appel, notamment le secrétaire d'Etat à la défense, Donald Rumsfield, dont on est sans nouvelles», selon Lisa Burgess, journaliste du quotidien de l'armée américaine, légèrement blessée par une chute due au souffle de la première explosion.
Dans le sud de la Pennsylvanie, un Boeing 747 de la compagnie United American Airlines assurant la liaison Chicago- New York s'est crashé entre 12h 30 et 13h. La compagnie fait état d'un second avion dont elle a perdu les traces radio et radar. Cette disparition est confirmée par La FFA, organisme de contrôle aérien.
Ce même avion viendra à 16h 50 GMT «s'écraser sur le Pentagone, à hauteur du 1er étage, provoquant l'effondrement de l'aile ouest du bâtiment», selon le capitaine Lincoln Liebner, officier de la sécurité.
Panique à la Maison-Blanche
La Maison-Blanche a été évacuée par mesure de précaution dès l'annonce des explosions au Pentagone. L'évacuation avait commencé dans le calme, pour se terminer dans une panique totale une fois que l'information sur le World Trade Center est tombée.
Le Capitole, siège du Congress, le département du Trésor, ainsi que tous les bâtiments officiels ont été évacués.
Des informations ni confirmées ni démenties faisaient état, vers 16h 30, d'une importante colonne de fumée qui montait du bâtiment du Old Executive Building.
Voitures piégées en prime
Le Secrétariat d'Etat, de son côté, a été la cible d'un attentat à la voiture piégée qui a fait, selon un premier bilan, sept blessés.
A 16 heures GMT, la délégation de Porto des services de l'ambassade des Etats-Unis au Portugal est évacuée suite à une alerte à la bombe: c'est la première menace enregistrée contre les intérêts américains à l'étranger.
A New York, et alors que les secours affluaient, une voiture piégée a explosé devant un immeuble abritant les bureaux de plusieurs grosses compagnies américaines et étrangères.
Les USA coupés du monde
La direction de l'aviation civile américaine a immédiatement ordonné la suspension de l'ensemble des vols sur le territoire des Etats-Unis et la fermeture immédiate et totale de l'aéroport de New York.
Les principales compagnies aériennes d'Europe ont annulé tous leurs vols sur les Etats-Unis.
Le pétrole dopé
La Bourse de New York «ne sera pas évacuée», a déclaré un responsable de la plus importante place du monde. Les prix du baril de brut sont brusquement montés au dessus de 29 dollars, immédiatement après les explosions.
Ces attentats semblent faire plus de dégâts sur les places boursières qu'ils n'en ont provoqués sur site: les Bourses européennes s ‘effondrent, certains indices, tel le CAC 40 français, dégringolent de 10 points toutes les cinq minutes.
Sur la place de Londres, le pétrole s'envole au-dessus de trente dollars, une heure à peine après l'annonce des attentats et la réaction de M. Bush. Les analystes européens craignent une réaction violente des USA, «ce qui créerait une tension avec les pays arabes pouvant provoquer une pénurie de pétrole et, partant, un effondrement des économies du monde entier».
Un remake de 1993?
Rappelons que le plus important acte terroriste de ces vingt dernières années avait visé justement ce même centre, le 26 fevrier 1993, imputé au cheikh Omar Abderrahmane, jugé et condamné en 1998. Cet attentat avait contribué à réorienter la politique des Etats-Unis vis-à-vis du terrorisme islamiste.
Lors de ce premier attentat, les Etats-Unis avaient accusé l'organisation internationale de Oussama Ben Laden d'être derrière cette action.
Par ailleurs, des sources contradictoires, notamment américaines, avaient fait état, avant-hier, de la mort du chef militaire de l'opposition afghane, Shah Massoud, victime d'un attentat à la caméra piégée.
Serait-ce un acte de vengeance des troupes de Massoud? Ou un acte commandité par l'ennemi irréductible des Etats-Unis, Ben Laden?
Faut-il écarter la piste palestinienne, notamment les commandos suicide de Hamas, suite à l'assassinat par des hélicoptères israéliens, du chef du FPLP?
Jusqu'ici, les autorités américaines n'ont encore désigné aucun de leurs suspects traditionnels, dont la Libye de Kadhafi fait encore partie, ainsi que l'Iran des ayatollahs, malgré la victoire écrasante de Khatami le réformateur.
Ira Furman, responsable au National Trafic Safety Board (NTSB), a déclaré à une chaîne de TV locale qu'elle «excluait totalement la thèse de l'accident. La probabilité qu'un tel évenement se produise accidentellement est nulle. La simultanéité des attentats désignent déjà les auteurs, par élimination».
Les services de sécurité se déploient
Le FBI a délégué des agents sur tout le territoire des Etats-Unis pour enquêter, en collaboration avec l'ensemble des services de sécurité, sur cette vague d'attentats sans précédent.
La garde nationale a été déployée à New York pour prêter main forte autant aux policiers qu'aux sauveteurs, renforcés par des équipes de pompiers envoyées par Israël.
New York en état de siège
A 18h, heure algérienne, il n'y avait plus, dans le ciel américain, qu'une cinquantaine d'appareils en vol, dont une vingtaine en provenance de l'étranger.
Ces appareils font l'objet d'un contrôle draconien.
Le maire de New York a fini par décréter l'état de siège pour permettre aux secouristes de travailler, faire face à la panique qui s'installe, mais surtout en prévision de nombreux attentats à la voiture piégée. Selon des sources policières, il y aurait «un grand nombre de voitures qui pourrait exploser à tout moment et tuer».
Ce qui s'est passé hier aux Etats-Unis n'a été prévu par aucun des nombreux scénarios catastrophe simulés par les experts américains, et, de ce fait, déroute les enquêteurs, en l'absence de toute revendication crédible.
Il reste désormais à méditer les raisons d'une telle inimitié, suscitées par la première puissance mondiale auprès des tous les misérables de la planète.


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