Les responsables de la Protection civile ont imaginé un scénario à même de tester les capacités de réaction des différents intervenants. L'hiver s'est installé avec ses aléas sur la vie de tous les jours. La pluie et la neige source de froid et d'inondations, inquiètent. En pareille période, les hommes de la Protection civile ont généralement du pain sur la planche. Les risques et les dangers sont là. La menace pèse aussi bien sur les habitants que sur leurs biens. Depuis la mise en service du barrage Tichy Haff, la situation est devenue plus périlleuse pour de nombreuses demeures et leurs habitants situés sur les deux rives de l'oued Soummam. Le territoire de la wilaya de Béjaïa est traversé par quatre oueds importants. Chaque année, les crues occasionnent des dégâts significatifs. Le souvenir des hivers 2002 et 2003 est encore vivace. Se basant sur ces deux expériences qui, fort heureusement, n'avaient pas fait de victimes, les services de la Protection civile ont effectué une manoeuvre de grande envergure axée justement sur les phénomènes hivernaux. L'enneigement et l'inondation sont les principales motivations de la simulation effectuée et appuyée par le plan Orsec qui fait appel à d'autres services agissant au niveau de la wilaya. A travers cette opération, qui s'apparente à une sorte d'entraînement, on découvre toutes les dispositions prises par ce corps. Outre le recensement des zones sensibles, les voies et moyens d'intervention et les précautions en cas de nécessité sont là pour assurer tout un chacun en cas de catastrophe naturelle, encore plus palpable avec le changement climatique qui touche la terre. Les hommes du capitaine Chabour et de Soufi ont imaginé un scénario à même de tester les capacités de réaction des différents intervenants, le degré de fiabilité des plans et enfin l'efficacité des moyens mis en oeuvre pour faire face aux situations catastrophiques. Un poste de commandement fixe comprenant les services de sécurité, de la santé, des travaux publics, est placé sous l'autorité du wali qui porte la responsabilité de l'organisation des secours. La responsable des opérations incombe bien sûr à la Protection civile au niveau du poste de commandement opérationnel installé près de l'unité principale des Quatre Chemins. Un poste qui note les informations qui lui parviennent à partir des douze secteurs d'intervention opérationnels répartis à travers les unités secondaires de la Protection civile implantées dans les principales agglomérations de la wilaya. Un premier bulletin spécial annonce des pluies orageuses assez marquées accompagnées de grêles et de rafales de vent affectant les régions du nord du pays durant trois journées et des baisses sensibles de températures entraînant des chutes de neige sur les hauteurs dépassant les 500 mètres. Presque au même moment, un autre bulletin signale une forte houle et des vagues pouvant atteindre les 8 mètres. Deux facteurs jugés suffisants pour placer tout le corps de la Protection civile en alerte, cela sur fond de la diffusion de l'information à toutes les unités de surveillance et de reconnaissance des sites vulnérables (ponts et oueds). Le lendemain, des informations parviennent faisant état de difficultés de circulation sur certaines routes, des coupures d'électricité dans plusieurs localités, l'infiltration des eaux pluviales dans plusieurs habitations et l'effondrement d'une maison. La Protection civile engage tous ses moyens et ceux des APC et STP pour, notamment dégager les routes. Il convient de noter que les points sensibles à travers la wilaya sont connus. Au poste de coordination opérationnel (CCP), l'évolution de la situation est suivie de près. Une première décision s'impose. Les autorités décident de mettre en oeuvre les plans Orsec des communes. Le jour suivant, la situation s'aggrave. Une aggravation qui s'illustre à travers la menace qui pèse sur les habitations. Certaines maisons sont inondées, d'autres sont emportées par des eaux en furie, des coupures de courant électrique, rupture de gazoducs alimentant la ville de Béjaïa, bref, une situation dangereuse. Le directeur de la Protection civile entre en contact avec le wali et l'informe de l'évolution inquiétante de la situation usant de mots à la mesure de la gravité de la situation. Les capacités locales sont dépassées. Le wali ordonne le déclenchement du plan Orsec de wilaya. Tous les moyens des modules sont engagés pour rejoindre les bases logistiques. L'opération d'évacuation des populations menacées par les eaux est entamée. Les habitants sont provisoirement recasés et pris en charge. Le dégagement des routes s'ensuit pour approvisionner les populations des villages isolés en produits de première nécessité et la base logistique en carburant. Le troisième jour, le retour à la normal se confirme enfin. Les BMS annoncent une nette amélioration des conditions climatiques pour les prochaines 48 heures. On souffle. Le pire est passé mais on ne baisse pas pour autant les bras. La vigilance est de mise et les opérations diverses se poursuivent. Béjaïa venait de vivre une situation de l'ampleur d'une catastrophe qui peut être une réalité à tout moment. Cette fois-ci ce n'était que simulation. Une opération nécessaire de par ce qu'elle permet l'entraînement des équipes de la Protection civile mais aussi des moyens humains et matériels mis en place. Après trois jours de manoeuvres, l'on est un peu rassurés. La Protection civile et ses hommes veillent sur nous. Son parc vient d'être renforcé par l'acquisition d'un camion modulaire multifonctions et d'un camion échelle pouvant intervenir jusqu'au 8e étage d'un immeuble. Cette belle aventure pleine d'enseignements nous a permis de vérifier de visu, toute l'importance de ce corps dans la vie de tous les jours. Un grand bravo pour ces femmes et hommes de la Protection civile dont la mission est des plus salutaires pour nous.