Les vieux démons de l'Algérie française ont la peau dure. «La France des couleurs», le rêve du chanteur algérien Idir, partagé avec une pléiade d'artistes issus de différents horizons, s'estompe peu à peu devant l'extravagance de Sarkozy. La communauté immigrée, notamment algérienne, en fait les frais. Au premier trimestre de l'année 2009, pas moins de 1552 Algériens, en situation irrégulière, ont été expulsés. Du moins, c'est le chiffre donné par l'Assemblée nationale française. En termes de coût, l'Etat français a déboursé 18,6 millions d'euros pour refouler ces immigrés algériens sans papiers. Selon les statistiques officielles, une seule reconduite coûterait 12.000 euros à l'Etat français. Ces estimations sont au minima. Pour preuve, la Cimad principale association à intervenir dans les centres de rétention pour les sans-papiers, a évalué à 27.000 euros le prix de chacune des 20.000 reconduites forcées réalisées en 2008. Ainsi, le refoulement des Algériens aurait coûté à la France près de 42 millions d'euros. Aussi différents soient-ils, ces chiffres sont importants, d'autant qu'ils s'inscrivent dans un contexte de crise économique. Laquelle crise est aggravée par le fiasco induit par la gestion du dossier de la grippe A en France. Alors, que dire des sommes accordées pour extrader des personnes en situation irrégulière? Cela semble ne pas déranger, outre mesure, le gouvernement de l'Hexagone. Pis, ce dernier veut s'en servir comme un moyen de pression sur l'Algérie. Avec 1552 refoulés, l'Algérie arrive en seconde position avec un taux de 10,4% sur les 14.844 refoulés, suivie de la Roumanie (4346) et du Maroc (1550). Le refoulement de personnes étant devenu une sorte de performance politique. La France, par le biais de son ministre de l'Immigration, Eric Besson, se targue d'avoir dépassé l'objectif des 27.000 assigné par le président de la République. Rien que cela! La reconduite des sans-papiers est devenue l'une des préoccupations majeures de la présidence française. Bien sûr, une telle démarche trouvera prétexte dans la lutte contre l'immigration clandestine, considérée comme étant l'un des viviers du terrorisme. Dans ce registre, la France de Nicolas Sarkozy se plaît à nager dans les eaux troubles. Et c'est dans ce contexte que s'inscrivent les rebondissements répétés de l'affaire des moines de Tibhirine. Le dernier en date est celui du juge en charge du dossier, en l'occurrence Marc Trévidic. S'adressant aux ministères de la Défense, de l'Intérieur et des Affaires étrangères, ce dernier vise la levée du secret-defence sur la question. En juin dernier, le général françois Butchwalter, un ancien officier militaire français, avait jeté un véritable pavé dans la mare. En effet, il avait déclaré que le GIA n'était pas responsable de la mort des moines de Tibhirine. Ces déclaration ont provoqué un branle-bas politico-médiatique en Hexagone. Avec dérision, M.Noureddine Yazid Zerhouni, le ministre algérien de l'Intérieur avait qualifié cette manoeuvre de «pièce de Kabuki jouée à Paris». Encore une fois, les marionnettistes se sont mis à l'oeuvre. Et ce nouvel épisode intervient au moment où le président de la République vient de signer l'entrée en vigueur de la loi de finances de l'année 2010. Laquelle loi confirme les orientations de la loi de finances complémentaire de 2009 visant la consolidation de la souveraineté nationale sur le plan économique. Cela semble contrarier les ambitions régionales de la France. Les vieux démons de l'Algérie française ont la peau dure.