Le président américain n'a limogé aucun des patrons des services de renseignement américains, incapables d'éviter la tentative d'attentat sur le vol Amsterdam-Detroit. Le Jordanien Humam al-Balawi a affirmé dans un testament vidéo diffusé hier par Al Jazeera vouloir venger la mort de l'ex-chef des taliban pakistanais et faire payer les Renseignements jordanien et américain, en commettant l'attentat sanglant contre la CIA en Afghanistan. Dans cette vidéo, le Jordanien y apparaît en compagnie du nouveau chef des taliban du Pakistan, Hakimullah Mehsud, qui a succédé à Baïtullah Mehsud, a indiqué le centre de surveillance des sites islamistes IntelCenter, ajoutant que la vidéo était l'oeuvre du Mouvement des taliban du Pakistan qui a fait allégeance à Al Qaîda d'Oussama Ben Laden. Balawi, portant la barbe et en tenue militaire, promet dans son «testament» de venger la mort de Baïtullah Mehsud tué par un missile américain en août 2009. «C'est un message aux ennemis de la nation (islamique): les services de renseignement jordaniens et la CIA», ajoute Balawi à propos de l'attentat qui a coûté la vie à sept Américains travaillant pour la CIA et à un officier jordanien. «Le combattant de Dieu n'expose jamais sa religion au chantage et ne la renie jamais même si on lui offre le soleil dans une main et la lune dans l'autre», ajoute-t-il dans ce qui semble être une allusion à son statut de double agent des renseignements jordanien et américain et d'Al Qaîda. Selon la chaîne américaine NBC, l'auteur de l'attentat aurait été recruté par les services de renseignement de son pays, mais travaillait en secret pour Al-Qaïda. Cette revendication intervient alors que le torchon brûle entre le président américain, Barack Obama et la CIA Le 7 janvier, c'est carrément Barack Obama qui met la pression, en avouant dans une déclaration publique l'«échec» des services de renseignement soulignant «quand le système échoue, je suis responsable». Le message est clair. Le président des Etats-Unis accuse, sans la nommer, la CIA, de ne pas avoir fait circuler l'information, mais tente, en même temps d'atténuer sa critique en endossant cette défaillance. Vingt-quatre heures plus tard, la CIA réagit par la voix de son directeur Léon Panetta. Le timing ne laisse aucun doute. Léon Panetta défend la CIA en déclarant: «Cela n'est jamais aussi simple et personne n'ignore le danger», avant de poursuivre que l'«auteur s'apprêtait à être fouillé, quand il a actionné sa ceinture bourrée d'explosifs». La montée au créneau du directeur de la CIA démontre qu'aux USA, la gestion sécuritaire et la lutte antiterroriste opposent au moins deux conceptions. L'une développée par la Maison-Blanche et l'autre par la CIA. En attendant de trouver un terrain d'entente, Al Qaîda annonce son retour en force en menant plusieurs actions simultanées, de l'Afghanistan, en passant par le Pakistan, jusqu'à la mer Rouge et dont les tentacules vont jusqu'en Somalie et au Sahel. Ce dernier est devenu sa zone de prédilection en raison de la dégradation de la scène sécuritaire. Pour preuve, la prise d'otage concernant six Occidentaux. Le Mali n'est pas le seul pays utilisé par Al Qaîda, comme base arrière. La Mauritanie est également un terrain fertile en raison de la faiblesse de ce pays sur le plan militaire. En tout état de cause, dans la crise entre la Maison-Blanche et la CIA, avec ce qui se passe au Yémen, en Somalie, au Pakistan et en Afghanistan d'un côté et la dégradation sécuritaire au Sahel, c'est Al Qaîda qui en tire le plus grand profit et plante ses racines dans un monde en psychose.