Abderrahmane Mehdaoui est un éducateur et un formateur de premier plan en matière de football dans le pays. C'est un encadreur né. Il a entraîné plusieurs clubs algériens et arabes. L'ex-entraîneur de l'Equipe nationale, a bien voulu répondre aux questions de L‘Expression, à la veille du match Algérie-Malawi L'Expression: Certains techniciens favorisent des stages précompétitifs ponctués par des matchs amicaux alors que d'autres se contentent uniquement de stages tel Rabah Saâdane. Quelle est votre idée sur ce choix? Mehdaoui: Il faut bien préciser les choses: il y a plusieurs possibilités et méthodes de travail. Chacun a sa propre méthode. Et puis, chacun a également ses raisons. Ainsi, on ne peut pas reprocher à Saâdane ce choix de n'effectuer que des stages sans match. Je ne connais pas les vraies raisons de ce choix, mais je peux imaginer, par exemple, qu'il a estimé que son groupe n'a pas besoin de matchs amicaux. Pourquoi? Parce que d'abord, il pourrait vouloir conserver son plan de jeu et il se contente donc de la même formation. Ensuite, il ne veut pas trop changer son équipe pour ne pas trop chambouler le groupe afin de garder l'état d'esprit. Pour tout cela il a donc jugé inutile de faire plus que des stages. Ce sont là les premières raisons que je vois. Et qu'en est-il des autres alors? Il y a aussi l'état de santé des joueurs. Quand on choisit par exemple l'Europe pour préparer des matchs qui se déroulent en Afrique où il y a les paramètres climat et l'environnement qui jouent un rôle, il est évident qu'on choisisse un cadre de préparation plus doux, voire froid pour, comme je l'ai dit, préserver l'état de santé des joueurs et ensuite, pour avoir plus de volume de travail. Enfin, il y a le cas des blessures qu'on veut éviter et c'est une des raisons de ne pas choisir de match amical. En France, c'est un bon cadre de travail, et de plus il ne faut pas oublier que les joueurs ont passé des moments d'émotions intenses et ils doivent être libérés psychologiquement et ce cadre sied bien à ce genre de travail. Mais des techniciens pensent que les joueurs auront ainsi moins de matchs dans les jambes? C'est un groupe qui travaille d'une manière précise et il ne veut pas changer de méthode. Saâdane est le mieux placé pour savoir ce qu'il faut à son groupe. Il raisonne donc de la même manière puisque c'est sa méthode de travail et ne veut point changer. Ce n'est donc pas nouveau. D'ailleurs, il a jugé, par exemple, qu'il n'a plus besoin de tester beaucoup de joueurs pour un choix et il évite donc les matchs amicaux. La preuve, quand il a voulu tester Yebda, il l'a fait lors d'un match officiel. Ce n'est pas toujours le cas, mais il ne va pas faire un match amical uniquement pour Yebda. Saâdane a peut-être l'intention de ne pas changer son effectif à un ou deux joueurs près. Il veut donc préserver l'ossature et se protéger. Comment se protéger? Il ne faut pas être dupe, Saâdane n'a pas choisi seul le lieu des stages. Il l'a fait avec le staff médical, le staff administratif et les joueurs. C'est en concertation avec le groupe que le choix se fait. Et là, il se protège bien. Car, demain, chacun est mis devant sa responsabilité. Saâdane peut, à ce moment, être trop exigeant vis-à-vis de ses joueurs. Il veut donc les mettre devant leurs responsabilités. Mais la chaleur et le taux d'humidité élevé sont des critères à prendre au sérieux et il faut avoir un physique bien au top pour jouer dans de telles conditions en Angola et aller le plus loin possible dans ces joutes très difficiles. Franchement, ce n'est point en Equipe nationale qu'on va travailler le physique. On est censé être choisi par une équipe européenne, par exemple, sous plusieurs paramètres dont celui du physique et du mental. De plus, l'entraîneur national possède bien des critères de choix pour la sélection des joueurs. Et des critères, il y a celui qui est le plus en forme qui est choisi et puis celui qui apprend vite la tactique et qui sied à celle choisie. De plus, on choisit aussi les plus disponibles techniquement et mentalement. Il s'améliore dans son club et il vient se perfectionner sur l'aspect tactique et psychologique en Equipe nationale. Et le joueur, qui se trouve mal préparé dans son club, souffrira de ces paramètres. Que pensez-vous du premier match de l'Algérie face au Malawi? C'est un match décisif. On joue la 2e journée et les joueurs auront donc en tête le résultat du match Angola- Mali, leurs deux prochains adversaires. Ils sauront à quoi s'en tenir pour ce match contre le Malawi qui sera lié en quelque sorte au résultat du premier match du groupe. Mais, une chose est sûre, c'est un match que les Verts ne doivent en aucun cas perdre. Il ne faut chercher que la victoire. Car du résultat de ce match dépendra la suite de la compétition. Souvenez-vous, lorsque j'étais entraîneur de l'EN à la CAN au Burkina Faso. On a raté le premier match et on a raté notre CAN. On avait alors joué contre le pays organisateur, le Cameroun et la Guinée. Il faut donc éviter une première défaite au tout début. Car, si on perd, on est pratiquement éliminés. Et si on fait match nul, on aura peur de la suite. Que diriez-vous du second match contre la redoutable équipe du Mali? Alors là, ce serait le match-clé. Je souhaite que le Mali fasse match nul contre l'Angola dans ce premier match, car c'est la caractéristique des matchs d'ouverture, qui se terminent souvent par des nuls. Cela arrangerait bien notre Equipe nationale. Le Mali est une équipe qui s'appuie sur des individualités très coriaces et très incisives. Si ces Maliens ajoutent à leur individualité la rigueur du jeu collectif, alors là ils seront vraiment redoutables, car ce serait la puissance physique et la puissance technique et il n'y a ensuite qu'un bon résultat au bout. Enfin, êtes-vous optimiste quant au parcours futur de notre Equipe nationale dans cette CAN? Si les joueurs sont déterminés comme lors des deux matchs contre l'Egypte, et s'ils ont le même état d'esprit et s'ils s'améliorent sur le plan collectif, alors là, je dirais sans hésiter qu'ils peuvent bien prétendre au sacre. S'ils ont cette volonté, cette détermination et cet esprit combatif qui les a animés lors des qualifications, ils seront des favoris en puissance dans cette CAN.