L'ex-entraîneur de l'Equipe nationale algérienne, Abder-rahmane Mehdaoui, a bien voulu dresser le bilan des Verts dans ce Mondial 2010. L'Expression: Quel bilan faites-vous de la participation algérienne dans ce Mondial 2010? Abderrahmane Mehdaoui: L'objectif de l'Equipe nationale algérienne était de passer le premier tour et la Fédération algérienne de football ainsi que l'Etat ont mis tous les moyens à la disposition du staff technique pour concrétiser cet objectif. Au final, c'est l'élimination de l'Equipe nationale et là, on ne peut parler de réussite. Là-dessus c'est un échec. Mais je dirais qu'il est teinté de satisfactions compte tenu des belles prestations des joueurs et, notamment face aux deux favoris du groupe, l'Angleterre et les Etats-Unis. Justement, au vu des prestations des Verts dans ces joutes, c'est de bon augure, non? De ce côté-là et au vu des trois matchs disputés par la sélection algérienne, il y a eu, certes des satisfactions, mais il y a eu aussi des imperfections. En résumé, on n'a pas été ridicule, du tout dans ce Mondial. On s'est même bien mis en évidence en faisant jeu égal tout autant face à l'Angleterre que face aux Etats-Unis. De plus, sur le plan psychologique, les joueurs algériens ont montré de la qualité et beaucoup de potentialités. Quelle évaluation technique faites-vous de l'évolution des Verts dans cette compétition? De ce côté-là, on est vraiment très déçus. Si sur le plan individuel, certains joueurs ont pu tirer leur épingle du jeu, d'autres sont carrément passés à côté. Je note donc les joueurs qui sont sortis du lot par un bon jeu et il s'agit du gardien de but M'bolhi ainsi que du latéral Belhadj. Je donne, certes, des circonstances atténuantes à Ziani au vu du manque de compétition dans son club et qui a montré de très bonnes qualités techniques tout autant que Matmour d'ailleurs. Je découvre également un bon jeune en la personne de Kadir dont les prestations ont été intéressantes. Mais, les autres n'ont pas éclaté comme on s'y attendait. Que diriez-vous alors sur le plan tactique? On n'a pas trop varié notre jeu sur le plan tactique. On avait gardé un jeu stéréotypé. Il y avait une bonne répartition sur le terrain sur le plan défensif avec surveillance directe des individualités adverses et dans la conservation de la balle. Le jeu des Verts a été en-dessous de ce que nous nous attendions. Quant au côté offensif, on n'a finalement marqué aucun but. Je note l'excès de prudence chez les joueurs qui n'arrivent toujours pas à se libérer de leurs mouvements. Ce fut comme un blocage psychologique qui a engendré une certaine crainte ce qui explique que les joueurs n'ont pas osé. Par contre, on note avec satisfaction l'esprit combatif, l'abnégation et tous les efforts fournis par les joueurs durant les trois matchs de cette Coupe du Monde. Le bilan est donc mitigé, on est certes satisfait dans l'ensemble, mais on est tristes car on pouvait vraiment faire mieux. Comment voyez-vous les trois prochaines échéances des Verts, les deux CAN-2012 et 2013 ainsi que le Mondial 2014? Saâdane a annoncé indirectement son départ et je ne suis vraiment pas d'accord. Car j'estime que compte tenu de la politique prônée par la Fédération algérienne de football, à savoir la continuité, il faudrait donc «obliger» Saâdane à rester au sein de la sélection nationale. Il doit être parmi les responsables de l'Equipe nationale avec comme entraîneur en chef, le sélectionneur des espoirs, Abdelhak Benchikha. Saâdane doit être là pour terminer le travail effectué jusque-là et qui est bien positif. Entre un Saâdane au poste de conseiller technique ou carrément Directeur des équipes nationales et Benchikha en qualité d'entraîneur des «A», c'est la preuve de la bonne continuité. D'autant que Benchikha est l'élève de Saâdane donc sur ce plan de l'adaptation, il n'y aurait aucun problème. A bien suivre votre raisonnement, vous êtes donc partisan d'un coach national et pas étranger? Il a été bien prouvé qu'avec des entraîneurs étrangers l'Algérie ne fait pas de bonnes prestations alors que c'est tout le contraire avec des entraîneurs du cru. Saâdane en est le bon exemple typique. D'ailleurs le cas du Ghana est bien illustratif, lui. Par nécessité nationale donc et compte tenu des services rendus, Saâdane doit rester dans l'entourage de l'Equipe nationale. Au coach des espoirs de prendre la relève et tout ira bien. Maintenant, si on pense à engager un entraîneur étranger, c'est une toute autre histoire car il faudrait bien connaître les caractéristiques de notre pays, de nos comportements et surtout de la mentalité algérienne pour pouvoir tenter une réussite avec les Verts. Faire confiance aux entraîneurs locaux est de bon augure pour assurer les grands axes du travail de nos équipes nationales et en particulier de la sélection «A». Quel commentaire faites-vous sur les représentants africains dans ce Mondial 2010? Alors que l'Algérie a fait de son mieux, tout autant que la modeste formation de l'Afrique du Sud, je dirais que c'est la déception totale pour la Côte d'Ivoire, le Cameroun et le Nigeria. Surtout le Cameroun et la Côte d'Ivoire qui possèdent de grandes potentialités individuelles de haut niveau et dont on attendait beaucoup. Finalement, c'est de la pure déception. Ainsi, heureusement que le Ghana a sauvé l'honneur du Continent, n'est-ce pas? Et comment! Je dirais là-dessus que c'est le réveil du Ghana et du football africain. Réveil, car cela démontre, une fois de plus, que la politique prônée par les autorités et les responsables sportifs ghanéens est la meilleure. Faire confiance à ces jeunes champions du Monde, c'est l'assurance de la pérennité du travail accompli. C'est un exemple qui doit servir à tous.