Il y a 1548 sièges de présidents d'APC à pourvoir. Depuis le début des grosses chaleurs, on n'a pas hésité une seule seconde à jeter un paquet d'indiscrétions plus ou moins séduisantes à la face du lecteur pour le dégoûter ad vitam aeternam de la politique. Pour autant a-t-il été vraiment dégoûté? Eh bien non! Malgré le tintamarre qui a résonné. Voyons de plus près. Si, par exemple, de «vraies fausses affaires» ont été livrées en pâture à l'opinion publique, c'est parce que des enjeux, de gros enjeux, pointent leur nez à l'horizon. Enjeux représentés par les prochaines élections locales pour la direction desquelles le corps électoral se rendra aux urnes dans quelques semaines. On peut déjà tenter un premier bilan. En dépit d'une cacophonie sur des affaires imaginaires savamment orchestrées, le citoyen algérien développe désormais un engouement envers la politique comme jamais auparavant. C'est ainsi qu'alors qu'on croyait que le parti du FLN n'atteindrait pas le même degré de séduction qui lui avait fait remporter les dernières législatives haut la main en dépit d'un implacable boycott eh bien, malgré toute sorte de spéculations négatives à son encontre, ses responsables, à tous les échelons, assistent à un déferlement de candidatures si dense qu'ils ne savent comment y parer sans froisser les susceptibilités des gens. C'est vrai qu'il y a 1 548 sièges de présidents d'APC à pourvoir et 48 wilayas à doter chacune d'un collectif de membres élus pour vaincre la passivité qui a caractérisé, des décennies durant, les élus des Assemblées populaires de wilayas qui, de contrôleurs politiques du wali confirmés par les textes, ont mué, au fil du temps, en caisses d'enregistrement qui faussent du coup les principes de gouvernance à la base. Revenons au FLN, dont les superviseurs sont à l'oeuvre depuis quelques semaines pour tenter de séparer le bon grain de l'ivraie dans la masse de dossiers de candidature dont les dépositaires se présentent par dizaines de milliers chaque jour pour se frayer un chemin vers les listes définitives en préparation. Dans le flot de candidatures, il n'y a pas, évidemment, que les candidats qui éprouvent un réel engouement pour le FLN. Il y a les autres. Il y a ceux qui se disent: «Puisque le FLN a le vent en poupe, c'est l'occasion ou jamais de se débrouiller pour y entrer.» Une fois leur objectif atteint, ils retourneront à leurs magouilles sous une bannière maculée de prestige et d'honneur pour ne pas attirer les soupçons de leurs probables dénonciateurs. Des gens comme ça pullulent dans les antichambres des kasmas à travers le pays. Qui l'emportera du bon grain ou de l'ivraie, il appartient aux censeurs de déterminer le degré de fiabilité de chacun. Mais il n'y a pas que les en-goués aux arrière-pensées pullulant d'affaires louches à réaliser. Il y a des gens du RND qui, toute honte bue, voudraient quitter le navire d'Ahmed Ouyahia pour rempiler au FLN et, sans scrupule aucun, voudraient être placés en tête de liste comme ce marchand de sable de la wilaya d'El-Tarf, dont on dit qu'il est prêt à mettre quelques dizaines de millions dans quelques escarcelles pour décrocher la timbale. Nous vous l'avons dit: la politique a le vent en poupe et ce ne sont pas des scandales fabriqués de toutes pièces qui empêcheraient les gens de s'y intéresser.