L'écrivain et journaliste Saïd Smail a été le premier invité de la rencontre avec les artistes qu'abrite mensuellement la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Devant un public constitué d'amoureux de la littérature, Saïd Smaïl est revenu sur sa carrière d'écrivain et sur les raisons qui l'ont mené à avoir recours à l'écriture romanesque. Il a raconté les circonstances de la naissance de son premier roman Le Crépuscule des Anges, sorti en 1988. L'auteur est surpris devant le recul de la lecture en Algérie. Quand son premier roman a été édité, la première fois, il a été tiré à 7000 exemplaires. Le livre n'était pas du tout passé inaperçu. Quant à la deuxième édition, en 2009, le livre n'a pratiquement suscité aucun intérêt. Seul Kaddour M'Hamsadji en a fait une note de lecture, souligne Saïd Smaïl, tout en précisant qu'il s'agit d'un phénomène mondial. Parmi l'assistance, certains lui ont demandé pourquoi avoir éprouvé le besoin d'écrire après avoir exercé un métier de journaliste pendant des années. Saïd Smaïl a répondu: «J'écris par besoin, par plaisir et par envie.» Selon l'invité de la Maison de la culture, c'est la télévision qui a porté un coup dur à la lecture. En plus, selon lui, en Algérie, il existe un conflit de langues et l'école algérienne n'a pas produit de lecteurs. Des questions inhérentes à la carrière de journaliste de Saïd Smaïl au temps du parti unique ont aussi abondé lors de cette rencontre. A la question: «Avez-vous la sensation d'avoir accompli votre rôle de journaliste?» Saïd Smaïl a répondu: «J'ai appris à faire du journalisme et je ne regrette rien.» Le journaliste a indiqué qu'à l'époque, exercer le journalisme était très difficile à cause de la censure mais c'était ce qui donnait du charme à ce travail: «Aujourd'hui, faire du journalisme est trop simple. La situation actuelle n'est pas aussi piquante. Quand c'est trop simple, on s'ennuie. Ce que j'ai vécu dans le cadre de mon travail de journaliste est un réservoir de leçons pour moi. C'est de là que je nourris mon présent.» Quelque personnes présentes, ayant connu Tizi Ouzou du temps du parti unique et ayant lu les romans de Saïd Smaïl, ont précisé que dans ces livres, il s'agit de la réalité vécue particulièrement dans le roman Les Barons de la pénurie. Et à l'auteur de citer un autre roman inspiré également de la réalité: L'Empire des démons. Dans ce dernier, l'auteur précise qu'il s'est attaqué aux pratiques malsaines des directeurs des grandes entreprises nationales. Saïd Smaïl est aussi revenu sur son attitude durant les événements du Printemps berbère en 1980, en réponse aux questions de l'assistance. «Il m'a fallu trois quarts d'heure de négociations avec le rédacteur en chef afin qu'il accepte de garder le mot berbère prononcé par Abdelhak Brerhi à Tizi Ouzou», a affirmé l'orateur qui a rappelé que c'était la première fois que le mot berbère était imprimé dans un journal algérien. «Pour écrire tout ce qu'il fallait, il aurait fallu que j'aie mon propre journal et un système politique qui m'appartienne», a ajouté Saïd Smaïl en précisant qu'à l'époque, «tout le monde connaissait à Tizi Ouzou mes conditions de travail».