Les pays voisins de l'Afghanistan et la Turquie ont annoncé hier à Istanbul qu'ils soutenaient le «processus de réconciliation nationale» avec les taliban prôné par le président afghan Hamid Karzaï. «Nous soutenons le processus national afghan de réconciliation et de réintégration en accord avec la Constitution de l'Afghanistan et sous la direction et la conduite des Afghans», ont-ils affirmé dans une déclaration commune diffusée à l'issue d'un mini-sommet sur ce pays. Le président afghan doit annoncer demain lors d'une conférence internationale sur l'Afghanistan à Londres un vaste programme visant notamment à la réconciliation avec les taliban qui ne sont pas membres de réseaux tels que Al Qaîda. «Les taliban qui ne font pas partie d'un réseau terroriste comme Al Qaîda sont les enfants de la terre afghane. Ils sont des milliers et des milliers, ils doivent être réintégrés», a déclaré à Istanbul M.Karzaï, s'adressant à la presse. Lundi, à l'issue d'un sommet tripartite à Istanbul avec ses homologues turc Abdullah Gül et pakistanais Asif Ali Zardari, M.Karzaï avait donné un exemple de sa politique de la main tendue en annonçant qu'il allait demander le retrait des noms de certains taliban de la liste de sanctions de l'ONU. «Je vais faire une déclaration lors de la conférence de Londres en vue du retrait de noms de taliban de la liste de sanctions de l'ONU», a déclaré M.Karzaï. L'ONU a créé en 1999 un «Comité des sanctions contre Al-Qaîda et les taliban» chargé d'établir une liste de personnes et entités associées à Al Qaîda, à Oussama Ben Laden ou aux taliban susceptibles de voir leurs avoirs gelés et de faire l'objet d'interdictions de voyager. Les Etats-Unis ont laissé entendre qu'ils pourraient souscrire au projet de M.Karzaï. Sans commenter directement le projet de M.Karzaï, le porte-parole de la Maison-Blanche Robert Gibbs a remarqué que de telles tentatives de réconciliation avaient récemment fonctionné dans un autre pays où l'armée américaine était engagée, l'Irak. L'émissaire américain pour l'Afghanistan et le Pakistan, Richard Holbrooke est allé plus loin, assurant de son côté que les grandes puissances soutiendraient le plan de M.Karzaï à condition que les taliban prennent leurs distances avec Al-Qaîda. «Le programme de réintégration que le président Karzaï annonce et que la communauté internationale soutiendra est une chance pour ceux qui se battent au niveau du commandement local d'arrêter le combat, de sortir de la clandestinité et de rejoindre la société afghane, s'ils renoncent à Al-Qaîda», a dit M.Holbrooke. Le général américain Stanley McChrystal, commandant militaire de l'Otan en Afghanistan, a lui aussi soutenu l'idée d'une paix négociée en Afghanistan, affirmant dans un entretien au Financial Times lundi: «En tant que soldat, je pense qu'il y a eu assez de combats et je crois qu'une solution politique, comme dans tous les conflits, est inévitable.» Les taliban, qui ont considérablement gagné du terrain en Afghanistan, ont en revanche à maintes reprises signifié qu'ils n'entendaient pas négocier avec le gouvernement afghan.