Être maire d'une commune n'est pas seulement gérer l'argent des subventions attribuées par l'Etat. Le maire de la commune de Tinebdar, dans la daïra de Sidi Aïch, a initié une manifestation que l'on voit rarement dans nos communes. Afin de sensibiliser et d'impliquer le maximum d'acteurs dans le développement local, le chef de file de l'équipe aux commandes de la municipalité, a organisé un forum sur le développement local. En présence, notamment des députés, des sénateurs et des élus APW de la wilaya de Béjaïa ainsi que le mouvement associatif et comités de villages de la commune, Brahim Banadji a tenté de créer une synergie dans le but d'accompagner la plate-forme de développement de la commune de Tinebdar au niveau des différentes institutions de l'Etat. Au-delà des objectifs assignés à ce forum, il y a lieu de relever cette nouvelle manière de gouverner au sein des assemblées locales. Une manière qui cadre bien avec le nouveau Code communal et surtout avec le passage de la démocratie représentative à la démocratie participative, annoncé, faut-il le rappeler, par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales lors de l'installation de l'actuel wali de Béjaïa. Discuter avec tous les acteurs, essayer de dénicher des ressources financières, se concerter sur les voies et moyens de rendre la vie de tous les jours plus facile, est une initiative qui arrive à point nommé et peut servir d'exemple tant au niveau local que national. L'engouement qui l'a caractérisée est un témoin qui ne trompe pas sur les aspirations citoyennes. A Tinebdar, on semble comprendre cela. Et c'est pratiquement le cas dans d'autres communes. Contacté hier, le maire de Béjaïa, Tahar Hannache, s'est dit favorable à ce genre d'actions qui «ne peuvent apporter qu'un plus à l'action des élus». Même son de cloche chez Md Saïd Azizi, P/APC d'Akfadou, d'obédience RCD. Pour lui «c'est l'essence même de la démocratie». «Se concerter avec tous les acteurs de la commune est une forme de gestion que nous avons toujours mis en avant par ce qu'elle peut apporter comme solutions aux problèmes de tous les jours.» Être maire d'une commune n'est pas seulement gérer l'argent des subventions attribuées par l'Etat. Être maire c'est aussi chercher les voies et moyens de dénicher d'autres ressources financières à même de répondre aux besoins de la population. Cette pratique n'est malheureusement pas une réalité dans notre pays où les élus locaux se contentent généralement de dépenser l'argent octroyé dans le cadre des plans de développement communaux. Lors des campagnes électorales, les prétendants aux commandes des communes présentent souvent des programmes électoraux sans pour autant préciser les moyens de leur politique. Une fois élus à la tête des APC, ils seront les premiers à s'empresser de dénoncer les blocages et autres entraves qui se dressent sur le chemin de la réalisation de leurs promesses. C'était la règle générale. Trop souvent, les élus locaux se plaignent du manque d'argent pour réaliser les projets qu'ils ont promis lors de la campagne électorale. Ayant compté uniquement sur les subventions étatiques, ils découvrent amèrement une réalité tout autre, une fois aux commandes locales. L'Etat subventionne les communes certes, mais ces subventions entrent dans un cadre plus global suivant une politique gouvernementale décidée et votée par le Parlement. De ce fait, associer les députés et les sénateurs dans une projection future de développement communal c'est s'assurer un minimum de soutien. Et lorsqu'on fait appel au mouvement associatif et aux comités de villages, on fait preuve de prévoyance et surtout de concertation qui permettront d'éviter des incompréhensions pouvant survenir au cours d'un exercice électoral. Ne dit-on pas que gouverner c'est prévoir.