Paris a dépêché à Bamako plusieurs émissaires, dont des proches collaborateurs du président français, Nicolas Sarkozy. Les ravisseurs du Français, Pierre Camatte, kidnappé le 26 novembre dernier au nord du Mali, ont repoussé à une date indéterminée leur ultimatum. Ce groupe affilié à Al Qaîda au Maghreb (Aqmi) a prolongé son ultimatum arrivé à expiration la nuit d'avant-hier, selon un négociateur malien. Tout en s'affublant de titre d'intermédiaire, la même source a affirmé avoir mis au courant le gouvernement malien qui transmettra à son tour le message des ravisseurs aux émissaires français. Cela donne une idée sur les tractations tous azimuts enclenchées discrètement depuis le début avec les groupes armés. «L'ultimatum a été repoussé par Al Qaîda. J'ai donné l'information au gouvernement malien, qui a communiqué avec la France» a précisé cette source, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat et qui est au coeur des tractations. Mieux encore, le porte-voix des ravisseurs presse les négociateurs français à répondre aux exigences du groupe d'Aqmi. «Il faut qu'on fasse vite pour trouver une solution», a ajouté ce responsable. «Les gens d' Aqmi demandent en tout cas la libération très rapide de leurs quatre prisonniers qui sont au Mali. Ils ne demandent rien d'autre», a ajouté la même source. Selon une autre source proche du dossier, Paris a dépêché à Bamako plusieurs émissaires, dont des proches collaborateurs du président français, Nicolas Sarkozy, pour obtenir la libération de l'otage français. Il s'agit du premier otage français détenu par Aqmi. Toutefois, vu la discrétion totale qui entoure les négociations, on ignore si la demande d'une rançon a été bel et bien annexée à l'exigence rendue publique. Une source proche des intermédiaires négociant la libération du Français avait également évoqué une rançon, vite démentie par le négociateur malien. «Les gens qui avaient parlé de rançon sont des escrocs qui se disaient intermédiaires, mais qui voulaient seulement empocher l'argent», s'est empressé d'annoncer le négociateur. Ce dernier a même affirmé un peu plus tôt qu'«il avait de l'espoir que la vie de l'otage français soit épargnée». Les menaces d'Aqmi sont prises au sérieux, d'autant plus qu'un otage britannique, Edwen Dyer, a été exécuté en début de juin dernier. Les ravisseurs avaient d'abord donné aux autorités britanniques un ultimatum de 20 jours pour libérer le Jordanien Abou Qatada emprisonné en Grande-Bretagne. Ce délai avait été prolongé de 15 jours puis l'otage avait été exécuté suite au refus de Londres de céder au chantage. Par ailleurs, le rapt de Pierre Camatte a été suivi d'enlèvement en Mauritanie de trois humanitaires espagnols, le 29 novembre dernier, et de deux Italiens le 18 décembre, dont une femme originaire du Burkina Faso. Cette nébuleuse avait menacé, le 10 janvier dernier, d'exécuter le Français Pierre Camatte, si quatre de ses combattants (deux Mauritaniens, un Algérien et un Burkinabé), détenus au Mali, n'étaient pas libérés d'ici le 30 janvier. Pour rappel, quatre touristes français avaient été assassinés dans le sud de la Mauritanie, fin décembre dernier. Et début août 2009, un jeune kamikaze mauritanien s'est fait exploser près de l'ambassade de France à Nouakchott. Deux gendarmes français ont été blessés.