Tous les spécialistes contactés par L'Expression soulignent que cette activité est tout à fait normale. La capitale frémit. Hier, un séisme d'une magnitude de 3,3 degrés sur l'échelle de Richter a secoué l'ouest d'Alger. L'épicentre de la secousse a été localisé à deux kilomètres au sud-est de Chéraga. Selon le Centre de recherche en astronomie astrophysique et géologique (Craag), le tremblement a eu lieu à 2h49mn. Ainsi, cette secousse a troublé le sommeil des habitants. L'inquiétant, c'est que cela coïncide avec une activité tellurique grandissante au nord du pays, surtout ces derniers jours. Pas plus tard que le 16 janvier dernier, un tremblement d'une puissance de 4,1 degrés a secoué la wilaya de Bouira. Le 11 janvier, une secousse tellurique d'une magnitude de 3,6 degrés a eu lieu à Hammam Bouhdjar dans la wilaya de Aïn Témouchent. Ainsi plane le spectre d'un séisme de forte magnitude. Et revient alors aux esprits la catastrophe de Boumerdès en 2003. Les plaies de cette secousse ne sont pas encore fermées. Le pire, c'est que les leçons au niveau de l'urbanisation n'ont pas été retenues. Fort de ce constat, M.Hamid Boudaoued, président du Collège national des architectes avait, encore une fois, tiré la sonnette d'alarme. Dans les colonnes de L'Expression du 21 janvier dernier, il a été mis l'accent sur un impératif vital: constituer un livret de santé du logement. A ce jour, près de trois millions de logements vétustes sont occupés par des milliers de familles à l'échelle nationale. A cela s'ajoutent des centaines de constructions illicites, des ouvrages qui ne répondent pas aux normes antisismiques et des projets attribués à des entrepreneurs non qualifiés. Le tout coule sous un flot de pots-de-vin. Un flot qui risque de multiplier les pertes humaines en cas de tremblement de terre. C'est connu, le nord de l'Algérie est une région à très haut risque sismique. Tous les spécialistes contactés par L'Expression soulignent que cette activité est tout à fait normale considérant la nature séismique du nord de l'Algérie traversé par un réseau de failles très dense et très complexe. Les mêmes spécialistes expliquent aussi que pas moins de 50 petits séismes de même intensité que celui d'hier sont enregistrés chaque mois à Alger et ses environs. Pour leur part, les scientifiques avancent que l'Algérie fait partie de la plaque africaine. Cette plaque qui couvre tout le continent noir est considérée comme «zone à activité modérée». Cependant, cette analyse est loin de rassurer les citoyens. D'autant que sur le plan scientifique, rien ne permet de prévoir un séisme. A partir de là, l'hypothèse d'une secousse tellurique puissante n'est pas à exclure. Est-ce que les autorités nationales ont pris les précautions nécessaires pour faire face à cette éventualité? La question mérite d'être posée. A plus forte raison lorsque l'Algérie est censée être aguerrie après les tristes expériences du passé. A ce sujet, les exemples ne manquent pas. Les intempéries de Ghardaïa, de Bab El Oued, le séisme d'Alger durant les années 1990, celui de Chlef le 10 octobre 1980. Les leçons sont multiples, il suffit de les retenir. Pour cela, il est temps de faire confiance aux compétences nationales dans le domaine de l'habitat. L'Algérie compte 12.000 architectes, laissons-les faire leur travail, tout simplement.