Le changement anticonstitutionnel en Guinée réveille les vieux démons de l'Afrique. Malgré le règlement de certains conflits, l'insécurité et l'instabilité persistent à travers quelques régions d'Afrique. C'est le constat fait hier par le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, à Addis-Abeba, en s'exprimant sur les questions de la paix et de la sécurité en Afrique, au deuxième jour des travaux du 14e Sommet de l'Union africaine. Des avancées ont été enregistrées en Côte d'Ivoire, en République démocratique du Congo, en République centrafricaine, au Burundi, aux Comores, au Sierra Leone et au Liberia, a dit le président. Une attention particulière devrait être accordée à ces pays afin de prévenir toute résurgence des conflits, ajoute-t-il sans omettre de signaler que l'esprit de compromis qui a prévalu dans la gestion des situations de crise au Kenya et au Zimbabwe a favorisé leur dénouement. Il en est de même en Mauritanie. A propos de la Guinée-Bissau, c'est l'élection présidentielle qui a mis fin à la crise de mars dernier qui a été signalée. Le président relève que cette logique de paix s'est étendue au Soudan et au Tchad. Parmi les conflits qui agitent encore certaines régions du continent, il relève le cas de la Somalie toujours en proie aux violences. La crise somalienne ne se réduit pas à une question de piraterie maritime même si ces actes terroristes doivent être combattus. C'est dans ce contexte, que le président se félicite de l'adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de la résolution 1904 qui criminalise le versement des rançons aux groupes terroristes. La situation au Soudan continue d'interpeller le président qui regrette que l'appel pour la suspension du mandat d'arrêt contre le président El Bachir ne soit pas entendu. Ce qui ne dispense pas, selon Bouteflika, l'Union africaine d'examiner la question de la violation des droits de l'homme au Darfour. A l'approche d'un référendum sur le Sud Soudan, le président estime que les parties soudanaises et la Communauté internationale, notamment l'Union africaine, ne devraient ménager aucun effort pour promouvoir l'option de l'Unité du Soudan. Bouteflika se prononce ensuite sur la question des coups d'Etat. «En dépit du chemin parcouru depuis la Déclaration d'Alger de juillet 1999 condamnant les changements anticonstitutionnels de gouvernements, ce phénomène est revenu sur les devants de l'actualité au cours de ces deux dernières années», dit-il. La situation préoccupante de la crise en Guinée est symptomatique d'une telle évolution, selon lui, tout en prônant, à l'égard de telles dérives, la fermeté. «Les efforts déployés par le Président Blaise Compaoré pour rapprocher les points de vue des acteurs et hâter une sortie de crise qui préserve les intérêts supérieurs de la Guinée, méritent toute notre considération et notre reconnaissance», dit encore le président. L'année 2010 est placée sous le signe de la paix.