Le gouvernement prépare une riposte aux agressions commises par les Egyptiens. Le Caire a enfin décidé d'envoyer son ambassadeur à Alger après trois mois d'absence. L'ambassadeur Abdelaziz Sif Enasr a regagné, hier, son poste. Oui, il est revenu aujourd'hui (hier ndlr), a confirmé le conseiller politique au niveau de l'ambassade d'Egypte à Alger contacté par l'Expression. Une réunion a été convoquée en urgence au niveau de l'ambassade d'Egypte à Alger pour examiner la situation. Or, ce retour est loin de résoudre le différend entre les deux pays. Alger ne va pas «pardonner» à l'Egypte tout ce retard. «Le fait que l'ambassadeur ne soit pas revenu depuis trois mois, est une insulte pour l'Algérie», a estimé un membre du gouvernement Ouyahia. Alors que l'ambassadeur d'Algérie au Caire, Abdelkader Hadjar a repris ses fonctions depuis deux semaines après un repos, Le Caire n'a pas voulu tempérer. Rappelé en urgence le 18 novembre dernier, l'ambassadeur a été retenu jusqu'à hier. Il faut reconnaître que le climat des relations s'est encore détérioré depuis le dernier match disputé le 28 janvier dernier en demi-finale de la CAN opposant les Verts aux Pharaons. Alger ne compte pas fermer les yeux sur les provocations irritantes des Egyptiens. «Le gouvernement prépare une offensive», a confié à L'Expression un membre du gouvernement. Et d'ajouter: «Vous allez bientôt découvrir la réaction du gouvernement.» Interrogé sur la suite donnée au rapport établi sur les événements du Caire, notre interlocuteur s'est montré serein en assurant que le gouvernement traite le dossier avec beaucoup de soin. Le Président aurait apparemment instruit ses ministres afin d'éviter toute déclaration sur les relations avec Le Caire. Pourquoi? Selon notre source, le chef de l'Etat ne veut pas de réaction à chaud. Il attend d'abord que les esprits se calment avant d'intervenir. «On ne veut pas tomber dans leur piège et se rabaisser à leur niveau, mais, croyez-moi, nous allons sévir», insiste notre interlocuteur. Sans recourir à la rupture des relations diplomatiques, le gouvernement peut discrètement faire mal à son partenaire sur le plan économique. L'importation des produits en provenance d'Egypte a été drastiquement réduite. Le Caire est le premier pays exportateur vers l'Algérie comparativement aux autres membres de la Zone arabe de libre-échange. C'était le cas en 2009, mais ce classement risque d'être moins favorable. Plusieurs produits sont déjà écartés du marché algérien depuis le fameux match de Khartoum. L'arrêt de l'importation des produits ne sera pas sans incidence sur l'Egypte qui souffre de difficultés financières. Cette décision va certainement plaire aux Algériens qui ont été choqués par les agressions des Pharaons. En plus de l'attaque contre le bus des Verts, les Pharaons ont lancé une campagne médiatique féroce contre l'Algérie. Ayant du mal à admettre leur disqualification à la Coupe du monde, les Egyptiens ont été très loin dans leur provocation. Ils ont qualifié les Algériens de tous les noms en portant atteinte à leurs symboles. Les commentaires et les insultes lancés en direct sur les chaînes égyptiennes seront très difficiles à effacer de la mémoire des Algériens qui refusent d'entendre parler de tout rapprochement. Même les femmes qui appréciaient les feuilletons égyptiens ont opté pour la rupture. Les conséquences de cette crise sont perceptibles dans la société algérienne. C'est loin d'être le cas sur le plan diplomatique.