Si les auteurs de faits délictueux sont condamnés, des ministres de tutelle doivent démissionner. Les ministres doivent tirer les conséquences des scandales qui secouent leurs secteurs. C'est ce que pense le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem. Cette responsabilité politique est néanmoins assortie de conditions. Belkhadem pense qu'il faut attendre le jugement définitif des affaires avant que ces ministres ne soient dans l'obligation morale de démissionner. Lors d'une conférence de presse animée hier au siège du parti à Alger, Belkhadem a mis l'accent sur la présomption d'innocence. Il ajoute qu'il y a encore des cadres honnêtes et qu'il n'y a pas lieu de jeter l'anathème sur tous les responsables. Selon lui, il y a même des élus dans des instances représentatives qui ont arraché leur siège avec des méthodes peu orthodoxes. Si ceux qui sont censés légiférer pour combattre la corruption et d'autres formes de dilapidation de biens publics sont rongés par le mal, il ne faut pas s'attendre à des miracles, semble dire celui qui a été législateur pendant 15 ans et qui occupe toujours des fonctions importantes au sein du sommet de l'Etat. Il est quand même à se demander s'il n'y a que les élus qui ne sont pas à leur place et la partie qui se penchera sur la gestion des responsables de postes exécutifs. La faillite du système est loin d'être financière. Elle est morale. Le secrétaire général a eu également à se prononcer sur le projet de proposition de loi sur la criminalisation du colonialisme en rejetant les ingérences de ministres français dans ce dossier. L'Algérie vote des lois qui contribuent à servir ses intérêts, a-t-il dit. Belkhadem a souligné que l'état d'urgence n'a pas été discuté par le parti, mais en tant que militant, il pense que ceci ne remet pas en cause les libertés individuelles et collectives. La seule restriction est celle d'interdire les marches et rassemblements dans la capitale pour des raisons sécuritaires, a-t-il justifié. A propos des affaires internes du parti, le secrétaire général a annoncé que le poste de président du parti a de fortes chances d'être occupé par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Par contre, on ne sait pas si ce poste demeurera honorifique ou s'il sera doté d'autres compétences. Il appartient aux congressistes d'introduire dans les statuts les dispositions, qu'ils jugent nécessaires, selon Belkhadem. Ce dernier s'est aussi prononcé sur l'opposition interne en disant qu'Abbas Mikhalif a le droit de revendiquer le report du parti, mais qu'il doit se soumettre à l'avis de la majorité qui s'oppose à cette idée. Belkhadem pousse le fair-play jusqu'à proposer à ses opposants d'être incorporés parmi les 150 à 200 congressistes qui seront désignés par ses soins. Il n'est pas tout aussi prolixe lorsqu'il s'agit de l'Alliance présidentielle. Belkhadem a adopté le silence sur ce dossier et il est toujours sur la même ligne. «Mon silence est en lui-même un message», a-t-il déclaré sans donner davantage de précisions. Il s'est également montré discret sur son propre avenir au sein du parti. A une question de savoir s'il est candidat à sa propre succession lors du congrès des 19, 18 et 20 mars prochains, il a indiqué qu'il appartient au comité central de choisir parmi les futurs candidats. En tout, 3560 délégués prendront part au congrès avec la présence de plus de 100 jeunes et femmes. Il faut s'attendre aussi à un rajeunissement et à une féminisation des instances dirigeantes. Le congrès sera précédé par des congrès régionaux dont celui d'Alger qui se tiendra le 5 mars prochain pour avaliser les projets de résolutions soumis à adoption.