Cette démission qui découle des dispositions de la Constitution alimente déjà les spéculations sur la nouvelle configuration du futur Exécutif et de la personne qui le conduira. Abdelaziz Belkhadem, le secrétaire général (SG) du Front de libération nationale (FLN), a animé hier une conférence de presse à l'hôtel Moncada de Ben Aknoun, à l'issue d'une réunion qu'il a tenue à huis clos avec les députés nouvellement élus au siège national de son parti à Hydra. Plusieurs questions d'actualité ont été abordées par le patron de la formation majoritaire, à commencer par la démission de l'Exécutif.“Vous êtes pressés de voir le gouvernement démissionner ?” commence-t-il par interroger avant de répondre : “Le gouvernement démissionnera cette semaine.” “Jeudi prochain, il y aura l'investiture de l'Assemblée nationale, et la démission du gouvernement interviendra probablement avant”, explique-t-il encore, notant que le FLN en sa qualité de formation majoritaire bénéficiera du nombre le plus important de portefeuilles ministériels. À la question de savoir si le secrétaire général du parti proposera une liste de candidats ministrables au président de la République, Belkhadem dira simplement : “Si le président de la République me le demande, je le ferai.” Sollicité à propos de l'important taux d'abstention aux dernières législatives, Belkhadem persiste et signe : “Ce taux d'abstention n'est pas un message politique, la preuve, dit-il, mardi et mercredi quand le président de la République a fait une visite sur le terrain, il a été accueilli par une foule nombreuse. Si c'était un message politique, il n'y aurait pas toute cette foule.” Les raisons de l'abstention, selon Belkhadem, sont à chercher dans “le contexte de 2007 différent de 2002 où il y avait les évènements de Kabylie, mais aussi par le bilan des députés et le fait que certains d'entre eux légifèrent, mais n'ont pas de proximité avec les citoyens de leur wilaya d'origine.” Quatorze députés indépendants rejoignent le FLN Le report de la séance de l'investiture de l'Assemblée populaire nationale (APN) a été également longuement explicité par l'intervenant. Disant à ce propos qu'il y a eu bel et bien “interprétation” de l'article 113 de la Constitution. Lisant intégralement l'article en question et selon lequel “la législature débute de plein droit le dixième jour suivant la date d'élection de l'Assemblée populaire nationale, sous la présidence de son doyen d'âge assisté des deux députés les plus jeunes”, Belkhadem dira qu'“en arabe c'est el Iktiraa et en français l'élection”. Or, dit-il, “il y a une différence entre “el intikhab et el iktiraa”. “El iktiraa, c'est dix jours après les élections et el intikhab intervient après les résultats du Conseil constitutionnel”, explique-t-il encore tout en renvoyant les journalistes auteurs de la question aux “hommes pour plus amples explications”. À la question de savoir si le report de l'investiture est intervenu suite à son instruction, le patron du FLN indiquera que “l'APN est un pouvoir législatif indépendant de l'Exécutif, ce qui fait qu'il ne peut y avoir d'instruction émanant du Chef du gouvernement à ce propos”. Evoquant dès l'entame de sa conférence de presse la composante du groupe parlementaire de son parti, Belkhadem annoncera que “quatorze députés indépendants l'ont rejoint en l'attestant par écrit, alors que sept autres l'ont formulé verbalement seulement”. L'intervenant expliquera qu'il a exigé des députés désireux de rejoindre le groupe parlementaire du FLN qu'ils soient indépendants ou d'une autre formation politique de le formuler par écrit pour pouvoir être comptabilisés officiellement, contrairement à ce qui s'est passé dans l'ancienne législature. Evoquant la structuration de l'Assemblée nationale, Belkhadem indiquera que le FLN aura trois vice-présidents de l'APN, quatre présidents de commission, quatre vice-présidents de commission et quatre rapporteurs. Les députés qui occuperont ces postes ne sont pas élus, dira Belkhadem, mais désignés. Son argument est que “les députés ne se connaissent pas entre eux et on devra attendre l'année prochaine pour soumettre au vote ce genre de postes”. Evoquant le président du groupe parlementaire du FLN, Belkhadem dira qu'il sera entre les mains de Dadouaâ Layachi, député de Biskra “en attendant”. L'élargissement de l'alliance ne dépend pas du FLN Le leader de la formation majoritaire a annoncé pour aujourd'hui un sommet de l'alliance présidentielle.“J'ai appelé tout à l'heure mes collègues du MSP et du RND pour tenir une réunion demain (donc aujourd'hui), mais je ne sais pas à quelle heure elle devra se tenir”, annonça-t-il. À l'ordre du jour de ce conclave au sommet, “une coordination dans le cadre de l'alliance autour de la structuration de l'Assemblée nationale”, a indiqué Belkhadem. À la question de savoir s'il était favorable à l'élargissement de l'alliance présidentielle à d'autres formations politiques, Belkhadem dira en substance : “Je ne suis pas seul à décider, ce sont les trois partis (FLN, RND et MSP) qui doivent se prononcer sur toute éventualité liée à l'élargissement de l'alliance présidentielle.” Il indiquera à ce propos qu'“au FLN, nous travaillons avec tout le monde sur des bases claires” avant d'ajouter : “S'il y a des gens qui veulent se mettre avant nous autour de la mise en œuvre du programme du président de la République, nous ne sommes pas contre.” La révision de la Constitution aura lieu “La révision de la Constitution arrive”, répondra le leader du parti à la question de savoir s'il tient toujours à cette revendication maintes fois annoncée de réviser la loi fondamentale. Comme pour appuyer ses propos et assurer sa concrétisation, l'intervenant notera “de la même façon qu'on a tenu nos promesses quand on a parlé des salaires et de la Fonction publique et qu'on vous a promis qu'il y aura révision de la Constitution, donc elle aura lieu !” Quid de la loi électorale ? La loi électorale est, selon Belkhadem, “une priorité sinon la priorité numéro un pour le FLN”. “La première mouture de cette loi électorale sera soumise au Parlement durant cette session qui s'ouvre jeudi prochain”, dit-il avant de faire quelques mises au point par rapport aux modifications qui lui seront apportées : “L'amendement de la loi électorale ne portera pas sur la disparition des partis politiques, mais mettra des verrous aux candidats indépendants ou émanant de partis autour de la nécessité de réunir des garanties contenues dans la loi.” Le conseil national du FLN se réunira Un conseil national est-il à l'ordre du jour dans l'agenda du parti ? “La tenue d'un conseil national du parti ne dépend pas du bon vouloir du secrétaire général du FLN. Statutairement, le conseil national se réunit une fois par an”, dit-il, et de préciser : “Le conseil national aura lieu, que je le veuille ou non !” Se gardant d'annoncer une quelconque date pour sa tenue, l'intervenant expliquera que c'est “l'instance dirigeante qui décidera”. Interrogé à propos d'une phrase qu'il avait prononcée lors du huis clos qui l'a réuni avec les députés de son parti et selon laquelle “on n'acceptera pas d'agression contre le parti, qu'elle émane de l'intérieur ou de l'extérieur”, Belkhadem a dit que les règlements statutaires s'appliqueront sur eux. Sans expliquer de qui il parle, l'intervenant dira qu'ils “seront traduits devant la commission de discipline”. NADIA MELLAL