Les militaires seront les premiers à être au volant d'un véhicule made in Algéria. C'est demain qu'Aabar Investments tiendra une réunion de son conseil d'administration pour entériner le projet de production de véhicules en Algérie. Cette annonce de l'investisseur émirati vient quelques jours après celle du constructeur français Renault, qui a aussi évoqué la possibilité d'installer une usine de montage dans le pays. Ces projets n'auraient pas été possibles sans le durcissement des règles d'importation prises par le gouvernement depuis une année, et accentuées depuis l'été 2009. Ces mesures contraignantes semblent avoir donné leurs fruits. Le ministre des Finances, Karim Djoudi, s'était exprimé sur le sujet dès août dernier. Il avait annoncé que certains constructeurs ont émis le souhait de s'installer en Algérie non seulement pour le montage mais aussi pour la fabrication des véhicules. Outre la France et les Emirats arabes unis, d'autres pays sont sur la liste. On sait que l'Iran, la Chine et la Corée du Sud sont sur les starting-blocks. Les Européens ont longtemps hésité à s'associer à la stratégie de l'Algérie de semer les prémices d'une industrie automobile. Les arguments sont multiples et variés. L'absence d'un réseau de sous-traitance est le premier obstacle évoqué par les constructeurs. Dans ce cas, la logique voudrait que tous les composants d'un véhicule soient importés. Le résultat serait qu'il n'y aurait pas d'emplois locaux créés dans ce domaine. En outre, il y a de fortes chances pour que les chaînes de montage puissent donner lieu à des produits plus chers que ceux importés. La difficulté pour les citoyens d'acquérir ce bien ne serait que plus grande. En visant l'objectif de création d'usines de fabrication, l'Etat n'est pas loin d'espérer en même temps une baisse de la facture des importations de véhicules qui s'élève à plus de 3 milliards de dollars. Le contrat signé en août dernier par le fonds d'investissement public d'Abou Dhabi prévoit un partenariat avec les Allemands pour produire 10.000 véhicules à Tiaret à l'horizon 2012. La fabrication de véhicules militaires ne sera pas réalisée uniquement avec les moyens locaux. Une partie des 720 millions de dollars injectés par les étrangers dans l'industrie mécanique ira à l'usine de Tiaret. Le ministère de la Défense nationale ayant pris le contrôle de cette usine en partenariat avec la Snvi. Les sociétés allemandes Man Ferrostaal, Daimler, Deutz MTU et Rheinmetall sont associées aux projets de construction mécanique tout comme le groupe émirati Aabar. Ce sera un véhicule de marque Mercedes Benz qui sortira de l'usine de Tiaret. Les deux autres projets de partenariat au sujet desquels l'Algérie a signé un accord avec ces partenaires, le 28 juillet dernier, concernent la fabrication de tracteurs et d'engins de travaux publics. L'ensemble de ces activités vise à la poursuite de la production des sites déjà existants. C'est ce que nous avait indiqué dès l'été dernier une source de l'Union des professionnels de l'industrie automobile et mécanique.