«Je resterai fidèle à mon public algérien en m'exprimant en arabe, car c'est à lui que je dois mon succès», dira l'artiste qui se produira jeudi soir à l'hôtel Hilton. Apres s'être distingué au mois de Ramadhan dans une des kheimas des plus huppées de la capitale, le célèbre humoriste Kader Secteur fort d'un succès notable en France, revient se produire en Algérie, cette fois, dans le cadre d'une tournée organisée par les boites de production Think Box (Algérie) et Chaos (France) et ce, de façon plus organisée. En effet, ce ne sont plus des sketchs épars que l'artiste algérien compte donner mais bel et bien un on man show structuré et bien ficelé grâce au metteur en scène Mohamed Hamidi. Il se produira ainsi les 18 (jeudi prochain) et 19 février, d'abord à l'hôtel Hilton puis à l'hôtel Sheraton à partir de 20h30. Ceci est la première d'une série de spectacles du Jamel Comedy Club en Algérie dont Abdekader Secteur fait partie. Une tournée nationale est d'ailleurs prévue à travers le pays pour être plus accessible aux Algériens avec des tarifs plus abordables c'est-à-dire entre 300 et 400 DA au lieu de 2000 da ici, nous indiquera son manager Karim Akbar, de Chaos Prod et ce, hier matin lors d'une conférence de presse animée, par Kader Secteur, à l'hôtel Hilton. Ce dernier nous avouera être tombé dans la marmite rire tout naturellement sachant que des deux côtés de sa famille, tantes et oncles à Ghazaouet, rigolent tout le temps. «Et moi j'ai donc pris 100% de tout le monde. J'ai commencé en vérité en 1998, un ami qui s'est marié m'a invité. Pendant la coupure d'électricité j'ai essayé de distraire les copains,quand le courant a été rétabli je me suis rendu compte que je faisais rire toute la salle et on a même voulu que je poursuive le spectacle à la place de l'orchestre musical.» Son nom «Secteur» fait référence au poste de police du port où les policiers le menaçaient de l'emmener s'il partait nager dans les endroits interdits à la nage. Le rire, une seconde nature Expliquant le titre de son spectacle Vie de chien, l'humoriste dira que ce dernier remonte en fait, à fin 2006 début 2007. Cela s'adressait aux jeunes qui tentaient de «brûler» la mer en laissant mère et famille derrière eux dans la tristesse. «Je dis que si tu veux partir pour honorer ton pays et rester digne là-bas fais-le, mais pas pour se laisser tanguer comme tu le fais, dans l'impossibilité parfois de revenir. C'est ta mère et toi-même que tu brûles...Je suis monté à Paris et j'ai vu de mes yeux. Il y a des gens qui sont partis il y a 15 ans et sont encore empêtrés dans un tas d'ennuis, alors qu'ici, tu va retrouver ton frère marié, avec un toit, un travail...» Evoquant le côté didactique de ses sketchs qui se veulent souvent stigmatiser les travers de la société algérienne et partant de l'aspect immoral et intolérable du comportement de certains Algériens, Kader Secteur fera remarquer qu'il est bon de rire de soi-même pour se corriger, loin de lui en outre l'idée de critiquer quiconque mais d'améliorer la condition humaine en général et celle de la vie des Algériens en particulier. Abordant ses débuts, il soulignera avoir été connu grâce aux émigrés qui venaient au bled, et notamment à Tlemcen qui faisaient transporter des «dvd» de lui piratés, vers l'Europe. «Ce qui m'a aidé à me faire connaître surtout c'est Internet. J'ai décidé de mettre mes vidéos sur You tube pour contrer les pirates.» Mais le conte de fées a commencé en mars 2009, exactement quand il remplaça Jamel Debbouze au Jamel Comedy Club. «C'était un test. Je l'ai remplacé car il était malade. Je me suis produit devant plus de 80 personnes. Jamel était grandement satisfait. Le 16 mai je suis remonté. C'est à 98% en arabe et c'est complet jusqu'à nos jours. Avant, je passais le samedi uniquement, aujourd'hui je me produis le samedi y compris les vendredis, jeudis et peut-être le mois prochain le mercredi aussi. On compte aussi agrandir la salle de 140 à 500 places.» Message: plus d'humanisme et de respect A la question pourquoi travailler en France et délaisser son pays, Kader Secteur fera remarquer qu'il n'a jamais imaginé partir vivre un jour en France mais qu'il suit sa bonne étoile. «Je compte m'installer en France pour un moment mais pour venir travailler en Algérie. Je suis monté en France pour honorer mon pays et en donner une image positive digne de vous et de lui». Et de renchérir: «Dans mes sketchs et blagues je parle de certaines situations qu'on devrait chasser et de certaines croyances notamment en Islam qui sont mal interprétées, mais je ne critique pas. Aussi, avant de respecter les morts, il faut que tu respectes les autres de leur vivant», dira Kader tout en imputant son succès au dialecte utilisé, la propreté de son langage, ainsi qu'au suspense dont ses sketchs sont affublés. «La propreté de mes mots fait que des familles se déplacent pour me voir», dira t-il et de relever avec le sourire, le côté «vulgaire» des propos de Jamel sur scène. A la question de savoir s'il compte parler dorénavant en français dans ses prochains spectacles il confiera: «Si je fais mon spectacle en français, je perds mon public qui m'a lancé en Algérie. Le français ne dépasse pas les 30%. Je resterai fidèle à mon public algérien. Car c'est à lui que je dois mon succès avant tout.» Né le 21 juillet 1955, de son vrai nom Kader Arrahmane, l'artiste dira que faire rire a été un don du ciel, dont il espère continuer à en donner aux gens. Pour info aussi, Kader Secteur a joué au mois d'octobre dernier dans le nouveau film de Rachid Bouchareb, Hors-la-loi, aux côtés de Jamel Debbouz qu'il a proposé au réalisateur. Il a tourné en Tunisie. Il joue le rôle d'une personne qui connaît bien Paris et accueille un ami sétifien chez lui et lui fait visiter la ville. Un rôle qu'on attend de découvrir avec impatience. Enfin, le producteur de Chaos nous relèvera les projets futurs de sa boîte, à savoir, faire venir les autres comiques du Jamel Comedey club que ce soient des Français ou des Maghrébins (Blanche, Wahid, Yassine etc) pour le plus grand plaisir du public algérien mais avec une préférence pour les artistes algériens...bien entendu!