Un humoriste est né. Donc, il fait beau ! Il s'appelle Abdelkader Secteur. Soudain, l'humoriste algérien Abdelkader Secteur est devenu un phénomène majeur dans la culture du “rire”. Le Rire, pour vous rappeler, est le titre d'un livre signifiant du célèbre philosophe Henri Bergson. Un livre sur la philosophie du rire. Mais, pour faire rire les Algériens, Abdelkader Secteur n'a jamais lu ce Bergson. Mais il nous fait rire, ce Ghazaouati. La première fois que j'ai entendu parler de ce Abdelkader Secteur, il y a de cela deux ans, peut-être un peu moins, qu'importe, c'était à Oran. Par une soirée familiale, mes neveux, des enfants et des ados, filles et garçons : Sami, Sanaê, Yacine et les autres ne parlent que de ce Abdelkader Secteur. Jubilation. J'ai remarqué que mes neveux et mes nièces apprenaient par cœur ses spectacles : ses blagues, ses anecdotes, ses gestes et ses expressions. Un humoriste est né. Donc, il fait beau ! Comme une boule de neige, vite, la popularité de ce Abdelkader Secteur a dépassé les frontières, toutes les frontières, d'abord celles de la dechra, puis celles du village, puis celles de la ville proche, puis celles de la région, puis celles du pays. Par son intelligence, sa spontanéité et son succès, cet humoriste nous a appris que l'universel n'est que le génie du local. Depuis sa petite bourgade située dans la région de Souahlia (Ghazaouette), Abdelkader Secteur a entrepris son parcours d'artiste humoriste. Sans relâche. Par son langage, tinté d'un accent des Ghazaouatis et des M'sirdis, plein de poésie, de douceurs et de diableries, l'humoriste a conquis les cœurs des Algériens. D'une soirée de mariage à une veillée religieuse, à une fête de circoncision, jusqu'aux grandes salles parisiennes, Abdelkader Secteur symbolise le combat de l'artistes de la marge. Un humoriste est né. Donc, il fait beau ! Par un mois de Ramadhan, Abdelkader Secteur rentre à Alger la Blanche, la capitale. Sous une kheima, loin de la bâtisse belle et imposante de l'Opéra, en dehors des salles climatisées, rénovées selon “les normes internationales !”, il donna ses premiers spectacles, son travail est bien reçu par les enfants de Soustara, de Bab El-Oued et de Belouizdad, etc. Les institutions culturelles cadenassées, froides ou enrhumées lui “tournent” le dos. Ainsi la culture résistante, par le rire, le poétique populaire, réalise ses pas, sort ses griffes et tire sa langue. Une fois hautement reçu par les siens, dans son pays, Abdelkader Secteur passa sur l'autre rive de la Méditerranée. En France, vite, dans les banlieues, il se fait une grande place dans les milieux de l'art du “rire”. Ainsi, Abdelkader Secteur a fait de l'ombre à beaucoup de noms ornés sur la liste des humoristes chevronnés : Jamel Debbouze, Fellag, Gad el Maleh, etc. Et Abdelkader Secteur n'a jamais lu le livre le Rire du philosophe renommé Henri Bergson. Que signifient cette célébrité et cette présence construites, en quelques mois, par Abdelkader Secteur ? a. Toute société productive de blagues, d'anecdotes et d'humour est une société vive et éveillée. Un signe de bonne santé de la conscience collective. b. Le choix des thèmes traités dans ses spectacles montre le courage artistique et dénonce les discours moralistes produits d'une culture d'hypocrisie qui, malheureusement, domine notre vie sociale, intellectuelle, religieuse et politique. Mais. L'humoriste est déjà né. Donc, il fait beau ! A. Z. [email protected]