Leader de l'ex-rébellion des Forces nouvelles, Guillaume Soro a été reconduit au poste de Premier ministre après la dissolution fracassante du cabinet et de la Commission électorale indépendante. Le Premier ministre ivoirien Guillaume Soro a obtenu jeudi 48 heures de sursis pour former son nouveau gouvernement, alors que l'opposition a poursuivi ses manifestations, parfois émaillées de violences, contre la dissolution du cabinet par le président Laurent Gbagbo. Le chef de l'Etat «a bien voulu accorder les 48 heures supplémentaires (demandées) pour que le Premier ministre puisse finaliser le gouvernement», a dit M.Soro, après une réunion avec M.Gbagbo dans la capitale politique Yamoussoukro. Leader de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), Guillaume Soro a été reconduit au poste de Premier ministre après la dissolution fracassante du cabinet et de la Commission électorale indépendante (CEI) vendredi. Le nouveau gouvernement aura pour tâche de conduire la Côte d'Ivoire à un scrutin présidentiel reporté depuis la fin du mandat de M.Gbagbo en 2005, et censé clore la crise née du coup d'Etat manqué de 2002, qui a coupé le pays en un nord rebelle et un sud loyaliste. «Nous ferons tout ce qu'il faut pour que personne ne soit laissé de côté», a promis M.Soro, alors que les discussions achoppent sur la participation de l'opposition. Réunie au sein du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), elle a conditionné son retour au gouvernement à un «rétablissement» de la CEI. Le Premier ministre «va chercher à obtenir l'entrée du Rhdp», a confirmé son entourage, jugeant toutefois «pas possible» de répondre à «la surenchère» des opposants. L'opposition soupçonne le chef de l'Etat de vouloir reprendre en main la cruciale CEI - qu'elle dominait jusque-là - à la faveur de la crise qui a emporté cette structure et son président RHDP, accusé par le camp Gbagbo de «fraude» sur la liste des votants. La CEI mise en place depuis 2005 avait été endossée par l'accord de paix signé en 2007 à Ouagadougou, qui avait débouché sur le gouvernement d'«union nationale» de M.Soro. Dans un communiqué lu dans la soirée de jeudi à la télévision, le président Gbagbo a invité «au calme et à la sérénité» et «à ne rien faire qui puisse entraver le processus de sortie de crise». Le mouvement de jeunesse du Rhdp a promis que les «marches éclatées» menées ces derniers jours pour protester contre la double dissolution se multiplieraient ce week-end. Après avoir pris de l'ampleur la veille, elles ont parfois donné lieu jeudi à de nouveaux incidents. A Bondoukou (est), des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, qui ont recouru à des gaz lacrymogènes, auraient fait des blessés dans les deux camps, selon des habitants. Sakassou (centre) a également été le théâtre d'échauffourées, ont rapporté des témoins. A Bouaké (centre), fief des FN, la grande voie qui traverse la ville a été barrée avec des morceaux de bois et des pneus enflammés, aux cris d'«on veut pas Gbagbo». A Abidjan, dans le quartier populaire d'Adjamé, des manifestants ont élevé des barricades avant d'être dispersés, a-t-on appris de source policière. Deux autobus ont été caillassés, selon la société de transport public. Les marches à Béoumi (centre) comme à Odienné (extrême nord) se sont déroulées sans heurts, ont dit témoins et militants. La crise à la CEI et la double dissolution ont renvoyé à une date indéfinie la présidentielle. Elle était prévue «fin février-début mars», selon le dernier calendrier.