Les commerçants de la ville de Béjaïa ont, hier après-midi, baissé spontanément rideau. En l'espace de quelques minutes et d'un mouvement presque organisé, les boutiques ont fermé l'une après l'autre faisant de la ville de Béjaïa une cité morte. Les passants et les habitués du lèche-vitrines paraissaient perdus devant ce phénomène spontané. Si les commerces de la ville ont fermé, il y a bien une raison. Renseignement pris, les services de Douanes sont de passage. Ils procèdent à des contrôles portant sur les produits d'importation. Accompagnés de policiers, les douaniers ont saisi toutes les marchandises sans factures. L'instruction aurait été donnée dans ce sens par la direction régionale des Douanes algériennes. Mais une source douanière de Béjaïa affirmait hier le contraire. «Nos services ne sont pas concernés par cette opération.» Alors qui contrôle? Pour les commerçants, il n'y a aucun doute, ce sont des douaniers reconnaissables à leurs tenues et ils sont accompagnés de policiers. A peine le premier commerçant contrôlé que la nouvelle a fait déjà le tour de la ville. Tous les commerces, magasins d'alimentation, d'habillement et de chaussures ont baissé rideau. La ville devient d'un coup une cité morte. Question. Pourquoi cette situation? Tous les commerçants travailleraient au noir? Ont-ils tous quelque chose à se reprocher? Comment expliquer qu'on ait décidé comme ultime solution que de baisser rideau face à un contrôle aussi routinier? Personne n'était hier en mesure de répondre à nos questions. Les commerçants eux-mêmes ne comprenaient pas. «Si les Douanes doivent contrôler ce n'est pas à notre niveau», disait hier un commerçant du boulevard des Aurès. Pour de nombreux commerçants, si la commercialisation des produits d'importation se fait dans les magasins c'est parce que quelqu'un les a importés et qu'ils sont bel et bien passés par les Douanes. Quant à la facturation, les commerçants renvoient la balle aux fournisseurs qui ne la délivrent pas à l'achat. A l'heure où nous mettons sous presse, les commerçants étaient en concertation pour décider des suites à donner à cette opération. Selon des sources, deux options sont retenues, soit une marche, soit une grève générale.