Jusqu'à l'heure actuelle, aucun bilan officiel n'a été fait sur le nombre de morts et de blessés. Les différentes sources parlent de milliers de victimes. L'Amérique est frappée dans son gigantisme. La 44e rue, mitoyenne de ce qu'a, désormais, été le World Trade Center, nous rappelle les plus catastrophiques visions de Saint-Jean auteur de l'Apocalypse. Là, sous les yeux de quelques riverains et des policiers chargés de boucler le secteur jusqu'à la 14e rue, gisent des tonnes de béton et de débris de métal et de verre dans une odeur encore très puissante de brûlis. Les secouristes se démènent jusqu'à l'épuisement et les ambulances, dans un ballet fou, sillonnent les artères qui retentissent du bruit assourdissant de leur sirène. Sur place, la crainte de l'effondrement d'un quatrième immeuble n'a pas dissuadé les secouristes et les pompiers qui se relayent à un rythme d'enfer. «Hell» enfer, est un mot que l'on entend beaucoup ici. L'espoir les fait persévérer. Il y a quelques heures, le maire de New York, Rudolph Giuliani a affirmé que deux premières personnes, ensevelies sous les décombres des Twin Towers, avaient été retirées vivantes de leur piège à béton. A la lumière de puissants projecteurs, quelque 2000 sauveteurs ont passé la nuit à la recherche de survivants. Des camions de pompiers, des centaines d'ambulances, des grues, des bulldozers et des pelles mécaniques fouillent les décombres. Les pompiers ont payé, dans leur fol effort, un prix fort. Le chef de département des pompiers de la ville a annoncé que 300 de ces hommes étaient présumés morts. Les premières équipes à intervenir ont été prises au piège entre le début des explosions au sommet des deux tours et leur spectaculaire effondrement. Dans la journée de mardi, CNN avait rapporté la disparition de 85 policiers dans les mêmes circonstances. Le NYPD, le département de police de la ville parle, lui, d'une centaine de ses agents disparus ou présumés morts sous les décombres des deux tours. A New York, entre les infos non-stop de CNN, les autres chaînes câblées et nationales, et les déclarations fragmentaires de quelques sources hospitalières, l'heure est à la confusion quant au bilan. Le maire de la ville avait qualifié le bilan de l'attaque contre le World Trade Center de «terrifiant», et le père Roger Fawcett, porte-parole du Saint-Vincent-Hospital, à Greenwich-village, parle de milliers de morts dans l'effondrement des deux tours. Dans la matinée d'hier, cet hôpital, situé non loin du World Trade Center, a vu ses urgences accueillir pas moins de 345 blessés dont cinq sont décédés. Parmi ces blessés, a précisé Jasmin Collazo, du même établissement, 57 victimes sont des policiers ou des pompiers. Des sources émanant des urgences évoquent diverses blessures: contusions, fractures, douleurs pectorales dues à l'inhalation de fumée et beaucoup de cas de brûlure à différents degrés dont le nombre, selon le docteur Luis Mareus, président de l'association des Hôpitaux new-yorkais, ne cesse d'augmenter. Au niveau du même hôpital, l'on a dénombré aux urgences 60 cas dans un état très critique et qui risquent fort d'allonger la liste des décès au sein du Saint-Vincent-Hospital. Retour vers ce qui fut le joyau du New York downtown. Il y a comme un vide terrifiant dans le panorama de Manhattan South. Il est même difficile de s'imaginer qu'il y a à peine quelques jours, ce quartier était l'un des plus fréquenté de la ville. De s'imaginer que là, dans ce gigantesque amas de poussière et de béton, s'élevaient à hauteur de 411 mètres, deux colonnes d'acier et de verre qui abritaient 50.000 personnes et qui accueillaient, quotidiennement quelque 100.000 visiteurs. On n'arrive pas à le croire, malgré la cruelle évidence. La ville qui ne dort jamais, a passé une nuit calme. Trop calme. Cette ville désertée par ses habitants qui se sont bousculés sur la 52e rue et sur Brooklyn Bridge et les autres ponts vers le New Jersey dans un exode où la panique la plus folle ne cédait que devant l'hébétude et le désarroi. Seul le grondement des générateurs électriques qui fournissaient la lumière aux équipes de secours témoignait d'une apparente présence humaine... Recueillir des informations précises tourne vite à la mission impossible. Pour l'heure, le seul bilan officiel concerne les 266 passagers et membres d'équipage des quatre avions détournés qui sont morts. Du côté de Washington, le département de la Défense, qui avait rassuré hier matin les Américains que le gouvernement «fonctionnait» toujours, n'a pas encore démenti les informations qui parlent de 800 morts suite à l'attaque contre le Pentagone. 20.000 personnes travaillent au sein de ce qui est réputé être le plus grand bâtiment d'administration du monde. Alors qu'ici, les sources journalistiques avancent le bilan de plusieurs milliers de morts au World Trade Center, le maire de la ville vient d'annoncer 41 morts et 1.700 blessés.