Amar Colombo, de son vrai nom Naït Sid Amar, est né en 1970 à Tifilkout, commune d'Ililtène, près de Aïn El Hammam. C'est un humoriste connu dans la ville de Tizi Ouzou et un peu partout en Kabylie mais surtout dans les milieux universitaires, où il parvient à dessiner un sourire même sur les visages les plus tristes. Dans cet entretien, il parle de son parcours d'artiste depuis ses premiers pas dans son village natal jusqu'à ses derniers succès. L'Expression: D'abord, pouvez-vous dire pourquoi avoir choisi ce surnom, Colombo? Amar Colombo: Il s'agit d'un nom d'oiseau italien. L'artiste est libre comme un oiseau. Colombo est le seul policier au monde qui a horreur des armes, je l'imitais un petit peu dans mes débuts. Ce choix, comme vous pouvez le constater, porte plusieurs explications. Quand est-ce que vous avez commencé dans le théâtre? J'ai fait mes premiers pas en 1989. C'était dans le cadre d'un collectif culturel «Tifilkout», du nom de mon village natal. C'est aussi le village du dramaturge Boubekeur Makhoukh, auteur de la célèbre Hafila Tassir. Puis, on s'est lancé dans la troupe théâtrale «Tafat» du même village. On a participé au festival Kateb- Yacine, en 1992 à Alger au Mougar. Ensuite, nous avons pris part au Festival Slimane Azem à Tizi Ouzou, au Festival Abdelmalek-Bouguermouh de Béjaïa en plus des tournées dans les universités. A Mostaganem, en 1995, nous avons été au Festival du théâtre amateur dédié à la mémoire de Abderrahmane Kaki. Par la suite, vous avez créé la coopérative Les Rigolos... L'idée nous est venue en 1995. Nous étions à cinq et nous avons créé une coopérative, les Rigolos. En même temps, j'ai créé mon premier monologue, Les Murs et les balcons. Omar Fetmouche et Sid Ali Kouiret m'ont conseillé de rester dans l'humour et le one man show. Ces encouragements m'ont vraiment stimulé à aller de l'avant. J'ai foncé. J'ai écrit en kabyle, arabe et français. Ce sont les langues des Algériens. Vous avez effectué ensuite plusieurs tournées, n'est-ce pas? Oui. Des tournées nationales à Alger, en Kabylie, BlidaMostaganem, etc. L'accueil a été extraordinaire. Si les gens ne m'avaient pas bien reçu, je n'aurais sans doute pas continué. Il faut d'abord créer son public surtout qu'en Kabylie, il n'y avait pas de public. On essayait de faire du théâtre et créer ce dernier. Malheureusement, nous butons sur le problème d'absence de salles de spectacle. D'où vous vient l'inspiration pour écrire vos spectacles? Je suis un Algérien, je vis les mêmes problèmes que les autres Algériens; j'écoute, j'observe ce vécu quotidien. On ne peut pas écrire sur ce qui n'existe pas. Un artiste ne doit pas applaudir seulement mais il doit mettre le doigt sur ce qui ne va pas dans un contexte humoristique. Le peuple algérien a vécu une tragédie. Si je joue une pièce tragique, ça ne marchera pas. Il faut que ce soit du tragi-comique. Il y a un message à faire passer. Parler plus avec notre langue mais aussi jouer dans les autres langues pour transmettre le message à un vaste public Vous avez produit un album en 2002, pourquoi? Devant le manque de salle, j'ai préféré aller directement vers le public via la cassette. Cette dernière a très bien marché. Les gens m'ont très bien accueilli. Cette cassette a été le résultat d'un travail de groupe. Mon ami Karim Aouchiche m'a énormément aidé à écrire. Etes-vous programmé pour des représentations à l'étranger? Le mois d'avril prochain, je participerai au Festival du rire à Vienne, dans les alentours de Lyon. Je suis aussi invité au Festival international du rire le mois d'août prochain à Bruxelles. C'est le manque de moyens qui ne nous permet pas d'aller plus loin, le théâtre, c'est une partie de moi-même et de ma vie. Parlez-nous de votre expérience à la télévision. Je travaille en tant qu'humoriste à Beur tv. J'ai réalisé des séries de «caméra cachée», des sketchs, des gags. Actuellement, j'ai des contacts avec la TV 4 pour d'autres projets. Pour terminer, pouvez-vous nous parler de vos projets? Histoire d'embouteillage, Roméo et Juliette et L'amour par correspondance sont des produits qui feront l'objet de mes prochaines tournées. Un autre monologue est en cours de montage. Il s'intitule poubelle. C'est l'histoire d'un personnage qui, à défaut d'un logement, squatte une poubelle. Ce monologue parle essentiellement de la perte de repères.