«Il faut désigner, non pas quelques femmes, mais toutes les femmes du pays qui ont beaucoup souffert», nous a confié la moudjahida Eliette Lou. Après le prix international Omar Ouartilane décerné chaque année à la meilleure plume, il a été lancé cette année par la même commission du journal El Khabar, l'initiateur de cet événement, le prix de la Dame 2010. C'est dans la salle des fêtes El Selouane, située à côté de la Bibliothèque nationale d'El Hamma, qu'a eu lieu, hier après-midi, la cérémonie de remise de prix à cinq moudjahidate, à savoir, Yvette Mayou, Eliette Lou, Annie Steiner, Jaqueline Gerroudj et Lucette Hadj Ali. Cette cérémonie, coïncidant avec la célébration de la fête du 8 Mars, s'est tenue en présence d'un certain nombre de moudjahidine et de moudjahidate dont les héroïques Mme Louisette Ighil Ahriz et Djamila Bouhired ainsi que des comédiennes à l'exemple des talentueuses Bahia Rachedi et Aïda Gechoud. Un bouquet de fleurs en outre, a été remis à chaque femme à l'entrée de la salle où régnait une atmosphère conviviale. L'arrivée des moudjahidate dans la salle, a créé une ambiance chargée d'émotion tant les retrouvailles étaient touchantes. Certaines n'ont pu s'empêcher de verser des larmes en se jetant dans les bras les unes des autres. L'émotion était à son comble. D'autres, assez âgées pourtant, ont accaparé la scène pour danser comme dans une fête de mariage. «Cet événement s'imposait de lui-même», nous dira Ali Djeri, ex-directeur du journal El Khabar et membre de la commission d'organisation, aux côtés de l'écrivain Djilali Khellas, Salima Tlemçani, journaliste à El Watan, Soraya Bououila, et Zakia Ouartilane, secrétaire générale du prix Omar Ouartilane. «C'est la première fois que ce prix est lancé, nonobstant celui de la presse. Il répond à une actualité, celle du conflit qui existe entre l'Algérie et la France autour de cette lancinante question, à savoir, faut-il pardonner ou pas? Aussi, ces femmes méritaient qu'on les célèbrent aujourd'hui et pas demain, vu leur âge, sans oublier leurs droits qui n'ont pas été complètement honorés après leur noble devoir rendu à l'Algérie. Ce sont également des femmes d'origine française qui ont épousé la cause nationale et l'identité algérienne», fera remarquer Ali Djeri. Accostée en aparté, Mme Eliette Lou, nous dira, la gorge nouée, et avec une grande modestie qu'elle n'a rien fait d'extraordinaire mis à part aider à poser des bombes avec ses copines durant la guerre de Libération. «Les femmes donnent la vie et elles transmettent l'âme du pays, ses valeurs, sa force et sa puissance. Il faut désigner, non pas quelques femmes, mais toutes les femmes du pays qui ont beaucoup souffert», nous a-t-elle confié. Pour sa part, Mme Luciette Hadj Ali, rayonnante du haut de ses 89 ans, dira qu'elle a de tout temps célébré la fête du 8 Mars, «depuis une éternité» et ce, en prenant part à l'activité de nombreuses associations dont l'Union des femmes d'Algérie puis l'Afma (Association des femmes musulmanes algériennes) et ce, durant les années qui ont précédé la guerre de Libération.