Le club milanais n'arrive toujours pas à redresser la barre dans cette compétition européenne. L'AC Milan n'a pas seulement été éliminé par Manchester United mercredi en 8es de finale de la Ligue des champions: il a été totalement balayé, emporté par la marée rouge (2-3 puis 4-0), soit 7 buts encaissés en deux matches! -, affichant un déficit physique et tactique criant. En soi, il n'y a rien d'humiliant à se faire sortir par le finaliste des deux dernières éditions, mais la manière est inquiétante, et montre à quel point le club lombard a perdu en compétitivité en Europe en même pas trois ans depuis son septième et ultime succès dans l'épreuve au printemps 2007. Depuis, Milan a été éliminé en 8es déjà en 2008 (par un autre club anglais, Arsenal) puis dès le premier match à l'élimination directe en Coupe de l'UEFA la saison passée. Si Adriano Galliani, le N.2 du club, n'a naturellement pas manqué d'évoquer les blessés (Nesta, Pato) qui manquent - mais quelle équipe n'est pas victime de cela? - et, surtout, d'entonner le refrain du manque de recettes et de la fiscalité trop pesante en Italie, les maux du club sont manifestement ailleurs. D'un côté, Rooney se replie dès que nécessaire et Park aligne les kilomètres. Au final: un doublé pour le premier et un but pour le second. De l'autre, Ronaldinho trottine et Huntelaar est statique. Au final: une petite occasion pour chacun en début de match puis plus rien. On ne peut mieux résumer avec les joueurs offensifs la différence entre les deux équipes: vitesse, collectif, esprit de sacrifice et récupération tous azimuts pour les Mancuniens, et à peu près rien de cela pour les Milanais. Milan se vante pourtant d'avoir une approche scientifique pour la préparation physique - le fameux «MilanLab» -, et malgré une équipe plutôt jeune avec sept joueurs de moins de 30 ans au coup d'envoi, ils ont paru beaucoup plus. Certes, les Rossoneri savent «manier le ballon», mais sans le physique, ça ne sert à rien. Entre Leonardo, qui vit sa toute première saison sur le banc, et le déjà légendaire Alex Ferguson, le maître a donné la leçon. «A l'Italienne» serait-on tenté de dire puisque Pirlo, le maître a jouer lombard, a été la plupart du temps paralysé par le marquage individuel d'un Park qui semble doté du don d'ubiquité. Et puis le jeune entraîneur brésilien a «donné le bâton pour se faire battre»: à quoi bon aligner trois attaquants si, aux côtés d'un Pirlo contraint de composer avec l'encombrant sud-coréen, aucun autre joueur n'était capable de donner de bons ballons. Beckham, dont la qualité des centres et des ouvertures est la marque de fabrique, est entré en jeu beaucoup trop tard. La faillite de Ronaldinho: à l'aller, avec un but et une passe décisive, le Brésilien avait fait illusion. A Old Trafford, l'«Usain Bolt du football» dixit Silvio Berlusconi, devait être l'homme de l'exploit, fort de ses bonnes performances en Série A. Au lieu de cela, il a été éclipsé par Rooney, auteur de quatre buts en deux matches, et, plus humiliant encore, «mangé» par le vétéran Gary Neville. Une image, symbole de sa faillite, restera: au marquage de Neville, justement, échappé côté droit, il stoppe brusquement sa course, permettant ainsi au latéral d'ajuster tranquillement son centre pour la tête de Rooney qui inscrit le premier but de MU (13). Le début de la fin pour Milan.