Le nombre des hépatiques en Algérie risque d'augmenter faute de réactif et de matériel nécessaire. «Les examens de la sérologie du sang pour les malades atteints d'hépatites B et C n'ont pas été effectués depuis plus de huit mois.» C'est ce qu'a signalé Abdelhamid Boualleg, président de l'association SOS Hépatite Algérie. Joint hier, ce responsable a avancé que le retard en question est principalement dû à la rupture de stock en matière de réactif au niveau de l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA). Selon lui, «cette situation ne peut plus durer car elle met en réel danger la vie des milliers de malades». Dans ce contexte, il a signalé que plus de 350 personnes attendent les résultats de leurs analyses pour savoir de quel type d'hépatite ils souffrent, mais aussi pour pouvoir entamer le traitement adéquat. En effet, les analyses sont nécessaires pour évaluer le développement de la pathologie, et ce, pour un meilleur suivi médical du patient à l'ombre du schéma thérapeutique qui s'impose. «Sans le réactif, le malade se voit dans l'impossibilité de commencer et même de continuer son traitement», a-t-il expliqué, ajoutant que le réactif est l'un des moyens primordiaux permettant le suivi de la maladie. D'autre part, les diagnostics de ces pathologies, à l'instar de beaucoup d'autres, doivent toujours être confortés par des analyses. La situation est critique et prête à l'inquiétude. Et pour cause. Une fois la date de conservation des prélèvements dépassée, ces derniers sont impérativement détruits. Cela oblige beaucoup de patients à refaire leurs analyses dans des conditions pas toujours favorables. «Certains, surtout ceux venant du Sud et des régions de l'intérieur du pays doivent faire des centaines de kilomètres pour refaire leurs analyses», a confié M.Boualleg. Il a ajouté que «l'IPA a donné des instructions à plusieurs hôpitaux leur enjoignant de ne plus envoyer d'analyses». Ce qui a été vérifié au niveau de quelques centres hospitaliers de la capitale où des médecins ont confié avoir été sommés de renvoyer des malades venus faire des analyses. L'indisponibilité du réactif n'est toutefois pas le seul problème auquel font face les malades. Les médicaments entrant dans le traitement de ces maladies sont en rupture de stock. «Pas moins de 800 sujets atteints d'hépatites B et C attendent leur traitement depuis plusieurs semaines», a déclaré M.Boualleg. Indigné, il a pointé du doigt la mauvaise gestion de ce dossier et l'absence d'une étude prévisionnelle au niveau des institutions concernées, à savoir l'Institut Pasteur d'Algérie et le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Il a évoqué également les promesses non tenues du département de la santé introduites dans son programme pour la lutte contre les hépatites en 2005. «Le ministre de la Santé en place durant cette époque, a promis d'acquérir des PCR, des appareils pour la détection des charges virales mais, à ce jour, rien n'a été vu», a-t-il précisé. Selon lui, seuls deux appareils de ce genre existent en Algérie, l'un est à l'Institut Pasteur d'Algérie et l'autre au niveau du CHU Mustapha-Pacha. Assurément, le ministre Saïd Barkat a encore du pain sur la planche pour améliorer l'un des secteurs les plus névralgiques du pays.