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Prise en charge des hépatites
L'urgence d'une stratégie nationale
Publié dans Info Soir le 03 - 02 - 2009

Evénement n D'aucuns ont salué, hier, la signature d'un contrat de coopération portant sur la fabrication, en Algérie, du vaccin contre l'hépatite B.
D'autres ont cependant considéré que ce genre d'action ne fait, en réalité, qu'occulter les vrais problèmes dont souffrent les malades atteints d'hépatites. C'est le cas du président de l'association nationale SOS hépatites, Abdelhamid Bouallag, présent hier au siège de Saïdal.
Selon lui, les grandes difficultés se situent plutôt au niveau de la prévention et du dépistage et surtout de la prise en charge aussi bien thérapeutique que psychologique des malades. «C'est pour cette raison que cette maladie (l'hépatite B et C) connaît une évolution tragique en Algérie, et un grand nombre d'Algériens en sont atteints», regrette-t-il.
Et Bouallag d'observer : «C'est à travers la prévention et le vaccin que nous pouvons réduire considérablement le risque des malades atteints d'hépatite B, dès lors que l'hépatite C n'a pas de vaccin.» A la question de savoir si avant la signature des accords de coopération biotechnologique pour la fabrication du vaccin contre l'hépatite B, entre le groupe Saïdal et les partenaires cubains, les malades atteints d'hépatite B avaient des difficultés d'accès aux soins, notamment au vaccin, notre interlocuteur a répondu que le problème n'était pas dans la disponibilité du vaccin.
Selon lui, il y a d'autres difficultés qui sont à rechercher dans un autre domaine. Ne cachant pas les bienfaits de ce nouveau vaccin sur les malades, mais aussi sur les populations à risque, tels que les praticiens de la santé, les prisonniers, les dialysés, notre interlocuteur estime qu'il y a d'autres problèmes aussi qui nécessitent une stratégie nationale de lutte contre les hépatites au niveau du ministère de la Santé. «Chose qui n'existe pas actuellement», déplore-t-il. Selon lui, le malade bénéficiant d'un traitement contre une hépatite B ou C nécessite des analyses très spécifiques.
Or, ces analyses sont, malheureusement, inexistantes à l'échelle nationale, exception faite de l'Institut Pasteur. «Le malade qui habite à Tamanrasset, à Tlemcen ou à Tébessa ou dans n'importe quelle autre région reculée du pays, est obligé de parcourir des centaines de kilomètres, faire des allers-retours parfois 5 fois ici à Alger pour faire ses examens. Pis, il lui faut payer 4 ou 5 millions de centimes et faire des parcours éreintants pour effectuer les analyses. Cela, alors que nous avons demandé au ministère d'installer des appareils pour les analyses dans différentes régions, de manière à soulager les malades.»
Il y a aussi des problèmes de transplantation hépatique. «Quand le malade arrive au stade final (cirrhose ou cancer du foie), il lui faut une transplantation hépatique. Ce qui, pratiquement, n'existe pas chez nous. Il n'y a qu'un seul professeur qui vient de France qui fait 4 à 5 transplantations par an, mais, hélas, cela ne suffit pas. C'est pour cela que lorsque le malade arrive au stade final il n'y a que la mort qui l'attend.»
n Un contrat de transfert de technologie pour la fabrication du vaccin contre l'hépatite B a été signé, hier, entre le groupe pharmaceutique Saïdal et le Centre de génétique et de biotechnologie (Cigb) de Cuba. Ont pris part à cette cérémonie qu'a abritée le siège du groupe Saïdal à Hussein Dey, les responsables du groupe, le directeur général du Cigb, le docteur Luis Herrera, et Mme Ibis Portuondo Martinez, représentante en Algérie de la société cubaine Heber Biotec. Cet accord se décline en réalité en deux options, l'une purement technique consistant en un transfert de savoir-faire cubain en matière de fabrication du vaccin contre l'hépatite B et une seconde option portant sur l'aspect commercial, en ce sens que Saïdal qui a signé un contrat commercial avec la société Herber Biotech, sera désormais en mesure de fabriquer le vaccin, mais aussi de le commercialiser sur le marché national pour le compte de l'Institut Pasteur. Le coût du transfert de technologie est de l'ordre de 100 000 euros, avec en prime un coût d'investissement supplémentaire pour la première phase de répartition dont l'enveloppe est évaluée à 200 000 euros. Le vaccin, assure-t-on de part et d'autre, sera commercialisé de manière effective sur le marché algérien dans les six prochains mois.
n 2,5% d'Algériens sont atteints d'hépatite B et 2,7% d'hépatite C. Globalement, ce sont plus de 1,5 million d'Algériens qui sont atteints d'hépatites B et C. Par ailleurs, il est à noter que le ministère de la Santé dégage annuellement une enveloppe de 350 milliards de centimes pour la prise en charge des hépatites B et C. «Mais, ce n'est pas une question d'argent, ça reste toujours insuffisant parce qu'en l'absence d'un programme, d'une politique et d'une stratégie nationale pour lutter contre les hépatites, l'argent ne suffira jamais à endiguer ces maladies ou, à tout le moins, à en atténuer les répercussions.» Devant cet état de fait, notre interlocuteur envisage, au cas où le ministère de la Santé ne prendrait pas, dans les quelques semaines à venir, les mesures qui s'imposent, d'adresser une lettre ouverte au président de la République comprenant point par point les difficultés rencontrées par les malades atteints d'hépatite dans leurs discussions avec le ministère de la Santé, et qui sera publiée dans tous les organes de presse.


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