Photo : S. Zoheir Par Amel Bouakba «Une résolution de lutte contre les hépatites virales, qui devait être discutée par la 62e assemblée de l'Organisation mondiale de la santé [OMS] a été reportée jusqu'en 2010», indique un communiqué de SOS Hépatites Algérie, par la voix de Abdelhamid Bouallag, président de cette association et représentant des associations Afrique du Nord et Moyen-Orient. L'association craint que la propagation de la grippe porcine ne retarde la prise en charge par l'OMS des personnes atteintes d'hépatite virale dans le monde. «A cause de la grippe porcine, l'étude du projet de résolution déposé par le Brésil, programmé à l'assemblée de l'OMS a été ajournée et l'espoir des patients de bénéficier d'une prise en charge à l'échelle mondiale de cette maladie grave s'évaporer», a déploré M. Bouallag. En effet, le projet de résolution en question porte sur «l'établissement d'une journée mondiale pour la lutte conte les hépatites virales et autres problématique liées à cette maladie» qui vise à améliorer la prise de conscience autour de cette pathologie, du diagnostic, du traitement, du support… Ainsi, en l'absence d'une réelle prise en charge des hépatites et d'une stratégie mondiale menée par l'OMS, ces maladies progressent dangereusement. Car, comme celui du SIDA, le virus de l'hépatite se transmet par voie sexuelle et sanguine. «Mais il est 100 fois plus contagieux», précise encore SOS Hépatites Algérie. Quelque 200 groupes de patients à travers le monde sont montés au créneau, à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre les hépatites, célébrée le 19 mai, pour la deuxième année consécutive. Président de l'Alliance mondiale des hépatites, Charles Gore interpelle énergiquement les leaders de la santé mondiale. Selon lui, «ces derniers ne peuvent plus se permettre d'ignorer les hépatites». «Ces maladies n'ont jamais été proprement prises en charge à un niveau mondial et les conséquences ont été désastreuses», a-t-il regretté, en ajoutant que «si l'assemblée de l'OMS reporte cette question à l'année prochaine, cela signifie un autre million de morts avant qu'une approche globale et concertée ne soit adoptée par les gouvernements du monde qui y sont représentés». Depuis la découverte des virus de l'hépatite (1967 et 1988), il n'y a jamais eu une seule résolution de l'OMS pour faire face à cette épidémie globale qui tue une personne toutes les 30 secondes dans le monde, soit un million de personnes par an. Véritable problème de santé publique, l'hépatite virale fait un ravage dans le monde, notamment en Algérie, rappelle SOS Hépatites, qui saisit cette occasion pour insister sur une plus grande vigilance des individus et des institutions sanitaires. Les chiffres attestent d'une situation qui prend des proportions alarmantes : en Algérie, 2,7% de personnes sont atteintes d'hépatite C et 2,5% d'hépatite B. Une prévalence qui, avertit M. Bouallag, «ne cessera d'augmenter tant que le programme du ministère de la Santé en matière de prévention n'est pas concrétisé sur le terrain, et en l'absence de véritables campagnes d'information et de sensibilisation». Les spécialistes tirent la sonnette d'alarme, à l'exemple du professeur Saadi Berkane, éminent hépatologue (hôpital Baïnem), qui évoque la gravité de ces maladies qui évoluent de façon silencieuse et insidieuse. Il a souligné que «l'hépatite B risque d'évoluer vers la cirrhose puis le cancer du foie malgré l'existence d'une vaccination sûre et efficace». «Cette vaccination systématique n'est appliquée que depuis juillet 2003 pour les nouveau-nés, et un rattrapage des adolescents nés avant cette date est vivement recommandé», a ajouté ce spécialiste. L'hépatite virale est dépistée chez la femme enceinte afin d'éviter que le virus ne se transmette à l'enfant. S'agissant des moyens thérapeutiques pour faire face à ces pathologies, ce spécialiste fera part de la nécessité de mettre à la disposition des malades les traitements qui ont démontré leur efficacité et les outils d'évaluation, à savoir la biologie moléculaire (PCR), comme il plaidé pour la formation des médecins pour une prise en charge optimale de la maladie. A. B. Rupture de réactifs à l'Institut Pasteur d'Algérie L'Institut Pasteur d'Algérie est en rupture de réactifs, depuis trois mois, apprend–on auprès de SOS Hépatites Algérie. «Une situation qui pénalise fortement plus de 600 malades souffrant d'hépatites virales obligés de faire leurs examens biologiques pour entamer leur traitement», a dénoncé Abdelhamid Bouallag, président de SOS Hépatites Algérie. Par ailleurs, les résultats d'une enquête sur les hémodialysés porteurs du virus B et C, réalisée depuis une année par le ministère de la Santé ont été divulgués mercredi dernier devant le comité national de lutte contre les hépatites. Selon l'enquête, sur 7 503 prélèvements, 1 793, soit 23,88%, sont porteurs du virus C. En revanche, le nombre de patients atteints du virus B est estimé à 788 cas, soit 10,50%. Ces chiffres très élevés montrent quelle ampleur prennent ces pathologies. Il faut cependant se demander pourquoi le ministère de tutelle n'a pas élargi son enquête à l'ensemble des hémodialysés du pays qui sont au nombre de 12 000.