Décalage horaire aidant, Sydney a été la première grande ville du monde a éteindre ses lumières suivie, au fur et à mesure, par les mégapoles mondiales dans le cadre de l'opération «Earth Hour». Ouvrant le bal, l'Opéra et le pont de Sydney ont été plongés dans l'obscurité hier pour l'opération mondiale «Une heure pour la planète» (Earth Hour) destinée à promouvoir la lutte contre le réchauffement climatique. Les sirènes des ferries du port de la ville ont retenti pour donner le signal du «black out» qui a débuté à 20h30 locales (09H30 GMT) à l'initiative du Fonds mondial pour la nature (WWF). Des millions de foyers australiens ont également répondu à l'appel en éteignant leurs sources lumineuses. «Du Brésil à l'Amérique, au Canada, jusqu'à l'Australie, au Japon, à l'Inde, c'est toute une mosaïque de pays qui participent cette année», s'est félicité le principal responsable de l'opération, Andy Ridley. Trois heures auparavant, le petit archipel néo-zélandais des îles Chatham avait discrètement éteint ses générateurs, ne laissant que douze éclairages publics allumés. Des centaines d'édifices prestigieux, de la Tour Eiffel à la Cité interdite en passant par l'Empire State Building ou la forêt de néons du front de mer de Hong Kong, seront à leur tour dans le noir à 20h30 locales. L'obscurité envahira des centaines de villes dans 126 pays participants, contre 88 l'an dernier, selon les organisateurs. Quelque 1 200 monuments auront coupé leur éclairage. Parmi eux, les Pyramides et le Sphinx d'Egypte, la Fontaine de Trevi et la Tour de Pise en Italie, la Tour Eiffel à Paris. Et à Pékin, la Cité interdite et le «Nid d'oiseau», le stade emblématique des jeux olympiques de Pékin en 2008. Les extinctions revêtiront un aspect particulièrement symbolique dans ce pays à la croissance économique fulgurante mais qui s'est aussi arrogé le titre de plus gros pollueur de la planète. Au Japon, le Mémorial de la paix d'Hiroshima participera à l'opération, comme les groupes Sony, Sharp et Asahi à Tokyo. Fondu au noir aussi à Londres pour Big Ben, le Parlement, la cathédrale Saint-Paul et aux Etats-Unis pour de célèbres sites et monuments comme le Mont Rushmore, l'Empire State Building et le Golden Gate Bridge. A Rio de Janeiro, les projecteurs qui éclairent l'immense statue du Christ sur la colline du Corcovado, seront éteints. A Dubai, Burj Khalifa, la tour la plus haute du monde culminant à 828m, sera également dans la nuit. Mais à Bangkok, la campagne Earth Hour a été suspendue pour des raisons de sécurité alors que des dizaines de milliers de manifestants réunis dans la capitale exigent le renversement du Premier ministre. Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a estimé vendredi que l'opération était «à la fois un avertissement et une lueur d'espoir». «Le changement climatique est un sujet d'inquiétude pour chacun d'entre nous. Les solutions sont entre nos mains et sont prêtes à être appliquées par les individus, les communautés, les entreprises et les gouvernements à travers le monde», a-t-il dit. Cette opération, née à Sydney en 2007, survient trois mois après l'échec du sommet sur le climat de Copenhague. Un accord a minima fixe comme objectif de limiter à deux degrés la hausse moyenne de la température de la planète mais reste très évasif sur les moyens d'y parvenir, ne donnant aucun objectif chiffré à court terme (2020) ou moyen terme (2050). Les grands pays en développement, dont la Chine et l'Inde, s'arc-boutent contre toute tentative de leur faire accepter des contraintes. Ils considèrent en outre que les objectifs de réduction annoncés par les pays industrialisés sont encore loin du compte.