Les citoyens n'arrivent pas à joindre les TIC à l'agréable. Ils sont si nombreux à emprunter la bande passante qu'elle ne peut plus contenir le flux. 3 septembre 2009. Ecran noir pour 35.000 abonnés de l'Eepad. 24 mars 2010. Plus de 12 millions de citoyens sont dans l'incapacité d'accéder à leur compte de chèques postaux. C'est dire qu'au département de Bessalah, ministre des TIC, rien ne va plus. Ou presque. Et dire qu'officiellement, l'Algérie tend à ouvrir une nouvelle page dans sa relation avec les technologies de l'information et de la communication dans trois ans. Le pari est mal engagé au vu du classement actuel du pays parmi les autres nations en matière d'utilisation des Tic. La raison ne tient pas toujours à des difficultés matérielles. Si le partage de la communication passe mal par les canaux traditionnels, il n'y a pas de raison pour que la donne change parce que l'outil adopté est nouveau. La Poste n'est même pas capable de délivrer des chéquiers à ses clients dans des délais acceptables. Elle a bien annoncé que cette formalité n'excéderait pas une semaine, mais force est de constater que ce n'est jamais le cas. Les clients d'Algérie Poste sont aussi bien des salariés que des retraités et des boursiers, soit autant de monde dont les dépenses quotidiennes ne tiennent qu'à un numéro de compte. Ils sont dans la capacité d'effectuer des demandes de carnet de chèques dans n'importe quel bureau de poste au niveau national et de le recevoir dans le même bureau en l'espace d'une semaine au maximum, avait indiqué l'entreprise. Sans grands résultats. La tentative d'inciter les usagers à utiliser les cartes de retrait et de paiement n'a pas obtenu plus de succès. Pour l'instant, il y a Air Algérie qui compte faire payer à ses usagers les billets d'avion par le biais du Net. Maintes fois annoncée, l'opération tarde à démarrer. Idem pour le paiement des factures par cartes. Les clients de Sonelgaz, d'Algérie Télécom ou d'autres grands facturiers, comme les ADE, doivent continuer à faire la chaîne devant les guichets pour s'acquitter de leurs factures. La Société d'automatisation des transactions interbancaires et de monétique (Satim) avait fixé la fin de l'année dernière pour que le système promis entre en vigueur. En vain. Le même sort a été réservé au projet du siècle «Ousratic». Boudjemâa Haïchour, prédécesseur de Bessalah, n'a pas pu mener l'opération à bon terminal. La suppression du crédit à la consommation a fini par enterrer les aspirations des citoyens de disposer d'ordinateurs et de connexion à Internet. Actuellement, le projet est réorienté vers les écoles mais pas avec beaucoup de réussite. D'un PC par foyer, on est réduit à rien du tout. Le tout fait que seul un peu plus d'un million d'abonnés à l'Adsl est recensé à l'heure actuelle. Le ministère veut en porter le nombre à 6 millions en 2013. Sans vraiment connaître les moyens dont il dispose pour réaliser cet objectif. Ce ne sont pas tous ces contre-temps qui vont améliorer le rang de l'Algérie dans son classement parmi les autres nations, y compris avec ses voisins. L'Algérie est très en retard dans le développement des technologies de l'information. Selon un classement du Forum économique mondial publié la semaine dernière, le pays est classé 113e en matière d'utilisation des TIC. Il fait moins que le Maroc, la Tunisie, l'Egypte et la Turquie. Les échecs ne s'arrêtent pas là. La dissolution de Lacom rappelle un autre épisode du feuilleton de la gestion chaotique du secteur des postes, des télécommunication et des nouvelles technologies. A peine née d'un mariage entre Orascom Télécom Holding et Egypt Telecom, en 2005, la société a été vouée à la mort programmée quelques mois après son lancement commercial. Les promesses de relance et de rachat n'ont pas fait long feu. La dissolution a fini par achever le projet d'extension de la téléphonie fixe. Seule la téléphonie mobile a pu tirer son épingle du jeu et se développer à un rythme effréné. Pour le reste, les prévisions sont loin d'être atteintes et les ambitions de l'Algérie devraient certainement être revues à la baisse, au grand dam des rédacteurs du plan e-Algérie 2013 qui identifie un certain nombre de priorités. Il s'agit, entre autres, des connexions des entreprises et des administrations comme les APC. C'est ce maillage électronique qui devait conduire à la construction de la plate-forme e-gouvernement. Qui devrait se faire attendre pendant quelques années encore. Les coupures d'Internet sont légion et ces mêmes entreprises et administrations sont constamment pénalisées dans leurs activités quotidiennes. La raison officielle invoquée est la faiblesse de la capacité de la bande passante. Sans connaître la date de son élargissement. Les Algériens doivent donc patienter avant d'avoir leur e-vote, leur e-société, leur e-documents. Tout simplement, leur vie virtuelle. Entre-temps, ils doivent compter sur les relations personnelles pour forger leur statut de citoyen.