L'offensive contre les taliban dans leur bastion de la province de Kandahar, dans le Sud, constitue «la pierre angulaire» de la guerre en Afghanistan, a déclaré hier le chef d'état-major interarmées américain, Michael Mullen, lors d'une conférence de presse. «Kandahar est notre objectif désormais. C'est la pierre angulaire pour renverser la dynamique des taliban», a déclaré l'amiral Mullen, qui a effectué mardi une visite à Marjah, dans la province du Helmand, voisine de Kandahar. «Kandahar est précisément le coeur de l'insurrection», a estimé le plus haut gradé de l'armée américaine. «Les prochaines opérations auront lieu là-bas», a-t-il ajouté. La visite du chef d'état-major américain intervient quelques jours après celle du président Barack Obama, qui a rencontré dimanche à Kaboul le président afghan Hamid Karzaï, puis les troupes américaines sur la base militaire de Bagram, au nord de la capitale. Marjah est le centre d'une offensive, l'opération Mushtarak, lancée le 13 février et mettant en oeuvre des moyens militaires considérables, 15.000 soldats de l'Otan et de l'armée afghane. Une autre offensive d'envergure a débuté dans la province de Kandahar, où des opérations militaires pour préparer le terrain ont déjà commencé. Le point d'orgue de l'offensive est prévu en juin, selon Washington. «Kandahar n'est pas Marjah et nous le comprenons bien», a souligné l'amiral Mullen, en référence aux différences d'approche des deux théâtres d'opération, le premier agricole, le second essentiellement urbain. L'opération Mushtarak a permis pour l'heure aux troupes alliées de s'emparer relativement rapidement de ce district rural mais pas d'en éliminer complètement la présence des taliban, qui se sont mêlés à la population ou ont fui dans les montagnes ou les provinces voisines. L'opération visant à sécuriser Kandahar a «déjà débuté» mais «les ‘'opérations de nettoyage'' commenceront en juin», a expliqué lundi un responsable militaire américain sous couvert de l'anonymat. L'Otan cherche pour l'heure à préparer le terrain au niveau politique à Kandahar et aux alentours. Les responsables américains admettent en privé que le pouvoir local est corrompu à Kandahar, ce qui mine les efforts déployés pour gagner le soutien populaire face aux taliban. Mushtarak était le premier test réel pour Barack Obama depuis l'annonce en décembre de l'envoi de plus de 30.000 soldats américains supplémentaires dans le cadre de la nouvelle stratégie menée par le général Stanley McChrystal, commandant des forces internationales en Afghanistan. «Je suis d'accord avec le président Obama pour dire que le terrorisme prend ses racines au Pakistan» voisin, a poursuivi hier l'amiral Mullen, faisant allusion à des propos tenus dimanche par le président américain devant ses troupes à Bagram. «L'Iran cherche à accroître son influence dans la zone», a ajouté l'amiral Mullen, qui a qualifié cette influence de «bien trop négative». «J'ai été informé, hier soir, de l'existence d'une vaste cargaison d'armes à destination de l'Afghanistan» (en provenance d'Iran), a-t-il indiqué.