Au lendemain d'une journée où deux soldats de l'Otan sont morts dans des incidents, les forces internationales dépassent la barre des 200 soldats morts dans le cadre des opérations en Afghanistan. Avec déjà 200 soldats tués en 2010, les forces internationales en Afghanistan essuient leurs pertes les plus lourdes sur cette période de l'année en plus de huit ans de guerre, l'insurrection des taliban s'intensifie alors que les renforts affluent dans le pays. Hier matin, deux soldats italiens ont péri dans l'explosion d'une mine artisanale au passage de leur convoi près de Herat, dans l'ouest de l'Afghanistan. Deux autres soldats italiens ont été blessés dans cette attaque. Après ces décès, au lendemain d'une journée où deux soldats de l'Otan sont morts dans des incidents, les forces internationales dépassent la barre des 200 soldats morts dans le cadre des opérations en Afghanistan, selon un décompte établi à partir du site Internet indépendant icasualties.org. Pour comparaison, 119 soldats de l'Otan avaient péri entre janvier et fin mai 2009. L'année 2009, avec 520 soldats des forces internationales tués en Afghanistan, avait été de très loin la plus meurtrière depuis la chute des taliban fin 2001. En moyenne, depuis l'été 2009, un à deux soldats de l'Otan meurent chaque jour en Afghanistan. Cette hausse continue des violences intervient alors que les forces internationales injectent, conformément à la nouvelle stratégie de la Maison-Blanche, de nouvelles troupes dans le pays. Le nombre des soldats étrangers doit ainsi passer à l'été de quelque 130.000 à environ 150.000, dont plus des deux tiers sont américains. Or avec l'augmentation du nombre de troupes engagées, les pertes devaient augmenter, avaient prévenu plusieurs experts. Le chef d'état-major interarmées américain, l'amiral Michael Mullen, avait estimé qu'il fallait s'attendre au retour d'un nombre croissant de cercueils aux Etats-Unis. «Cette mission sera beaucoup plus difficile qu'elle ne l'était il y a un an» pour les soldats américains, avait-il admis en décembre. «J'ai dit à nos troupes de se préparer à plus de combats et à plus de pertes», car «l'insurrection est devenue plus violente, plus étendue, plus sophistiquée» et les taliban «plus efficaces», avait-il ajouté. L'opération Mushtarak - la plus vaste offensive de l'Otan et de l'armée afghane depuis la chute des talibans -, lancée en février à Marjah, dans un bastion rural des taliban de la province du Helmand, a prouvé que l'insurrection avait conservé intacte sa capacité de frappe. Des centaines de mines artisanales, l'arme de prédilection des taliban, ont été posées. Et les Marines américains ont pu constater, désabusés, que les taliban pouvaient poser des bombes quelques heures seulement après le nettoyage d'une route par des démineurs de l'Otan. Qualifiée de «fiasco» par une partie de la presse américaine, l'offensive a montré les limites de la stratégie de contre l'insurrection et de conquête des «coeurs et des esprits» chères au patron des forces internationales, le général américain Stanley McChrystal. Selon un sondage effectué par l'ONG de défense des droits de l'homme International Council on Security and Development (Icos) implantée dans le Helmand, 61% des Afghans interrogés à Marjah ont une opinion «plus négative» des forces de l'Otan depuis cette offensive. Depuis plusieurs mois, l'Otan se prépare à une démonstration de force à Kandahar, le berceau des taliban, qui devrait culminer durant l'été quand tous les renforts promis seront arrivés. L'armée américaine, qui à elle seule a vu le nombre de ses soldats disparus doubler en 2009, s'attend à une résistance âpre des taliban. Ces derniers ont, en effet, appelé les habitants à s'armer en prévision de l'offensive.