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«La transplantation d'organes va cesser»
PAR MANQUE FLAGRANT DE MOYENS
Publié dans L'Expression le 13 - 04 - 2010

«Le ministère de la Santé dépense de l'argent à décorer et rénover les hôpitaux et les centres de soins au lieu de prendre en charge les malades», ont déploré les associations de malades.
L'Algérie n'est pas prête pour un programme de greffe d'organes, notamment les greffes rénales. C'est la conclusion faite par le porte-parle de la Fédération nationale des insuffisants rénaux, Boukhors Mohamed qui n'a pas manqué d'arguments pour défendre la position de la fédération. «Il n'y a pas de banque de données nationales sur le nombre de dialysés nécessitant une transplantation rénale (...) aussi, il n'existe aucun archivage des dossiers des malades inscrits sur les listes d'attente» a-t-il révélé. Ce dernier n'a pas manqué de citer quelques exemples pour témoigner du calvaire que vivent les dialysés. En effet, deux greffes rénales ont été récemment pratiquées à Blida sur deux personnes dialysées à partir d'un donneur cadavérique. Les receveurs étaient originaires de la wilaya d'Alger et de Tizi Ouzou. Une situation invraisemblable selon M.Boukhors, car la wilaya de Blida compte plus de 500 malades dialysés. Ce dernier explique que «cette situation est due à une absence totale de gestion et d'organisation (...) les patients n'ont même pas de dossiers au niveau des hôpitaux où ils sont inscrits sur les listes d'attente». A cette absence d'une base de donnés s'ajoute le problème perpétuel de la pénurie de produits pharmaceutiques et de médicaments.
«Les opérations de greffes vont cesser à cause du manque de moyens (...) l'unité de greffe de Blida a demandé depuis le 2 février 2009, plusieurs produits, mais à ce jour aucun n'a été reçu (...) L'hôpital a dû emprunter des autres établissements certains produits pour pouvoir procéder à la dernière opération», a-t-il expliqué.
En outre, les greffés nécessitent un traitement qui leur est prescrit à vie dont plusieurs médicaments font l'objet d'une pénurie selon M.Boukhors qui a ainsi mis en doute la réussite du projet d'une agence nationale de transplantation d'organes. En outre, les dialysés sont confrontés à la pénurie de médicaments et de réactifs nécessaires à la dialyse. Et cela dure depuis plusieurs mois, voire presque une année selon M.Boukhors. «Depuis le mois de juin 2009, aucun changement n'a été constaté, si ce n'est que plusieurs malades sont morts à cause du manque de moyens» a-t-il dit avant de révéler, qu'il existe 13.000 malades dialysés.
Et leur prise en charge est confrontée à de nombreux problèmes. Et pour cause, selon M.Boukhors, «les malades qui s'orientent vers les centres privés à cause du manque de moyens techniques et humains au niveau des hôpitaux et des centres publics, sont mal pris en charge».
Il explique que «les centres privés diminuent le temps et les doses pour écourter les séances de dialysés et traiter un maximum de patients et faire un maximum de profits».
Lamhène Latifa, présidente de l'association des hémophiles, a fait, de son côté, part de la souffrance que vivent les malades à défaut d'une prise en charge effective.
«1500 hémophiles ont été recensés en Algérie, 83% sont handicapés, et 50% ont été contaminés par l'hépatite B et C, mais aussi le VIH», a-t-elle révélé.
Et le manque de traitement, dû aux ruptures de stock n'arrange en rien leur situation.
«Ils veulent nous noyer dans une politique de laquelle on ne pourra pas s'en sortir (...) on ne sait plus à qui doit-on s'adresser, au ministère de la Santé ou bien au ministère des Finances», s'est-elle exclamée. Les cancéreux sont une autre victime de l'anarchie qui règne dans le marché des médicaments. Selon Mme Gasmi, depuis le mois d'août 2009, date d'épuisement des stocks de réactifs nécessaires pour les diagnostics mais aussi les thérapies des cancéreux, «la situation est critique». «50 personnes meurent chaque mois du cancer par manque de traitement, surtout celles atteintes du cancer du sein», a-t-elle expliqué. Une situation due à la mauvaise gestion du dossier des médicaments et produits pharmaceutiques pour laquelle le ministère de la Santé est le premier à être pointé du doigt.
«Le ministère de la Santé dépense de l'argent à décorer et rénover les hôpitaux et les centres de soins, mais en ce qui concerne la prise en charge et la qualité des soins, rien n'est fait», a-t-on indiqué.
Dans ce contexte, tous les intervenants ont appelé le président de la République à intervenir et charger une commission afin d'enquêter sur le secteur et trouver des solutions afin d'apaiser les souffrances de 8 millions de malades.


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