Alors que la police est toujours sur les lieux, des délinquants se baladent avec des armes blanches une fois la nuit tombée. Les dernières échauffourées qui ont éclaté entre les ex-habitants du bidonville Doudou Mokhtar d'Hydra, relogés à Tessala El Merdja, et les anciens habitants de cette même commune n'ont pas fait long feu. Quoique le bilan ait été lourd, avec une dizaine de blessés à l'arme blanche, les appels au calme des sages semblent avoir apaisé les esprits. «Les choses commencent à rentrer dans l'ordre, et ce avec l'implication des sages des deux parties», a témoigné à L'Expression Mahmoud Kabid, président de l'APC de Tassala El Merdja. Selon lui, après deux jours de violents affrontements ininterrompus entre jeunes des deux camps, des pourparlers ont été entamés entre sages en présence des responsables de la police, de l'APC ainsi que de l'imam de la mosquée Houari-Boumediene. Voulant en savoir plus, toutes les tentatives de joindre d'autres responsables des collectivités locales, notamment à la wilaya d'Alger, se sont avérées vaines. Cependant, cela a donné l'occasion à des délinquants de se comporter en maîtres des lieux et d'imposer leur diktat. Hier encore, une vive tension était palpable au niveau de certains quartiers de cette commune. Et pour cause. Constaté de visu, des jeunes, pour la plupart encagoulés, se baladent avec des barres de fer, des sabres, des machettes et des couteaux, une fois la nuit tombée. Selon plusieurs habitants, les agressions sont devenues légion dans cette paisible commune, du jour au lendemain. «On ne comprend plus ce qui se passe. Nous vivons dans la hantise de recevoir un coup de sabre ou de couteau par surprise», raconte une dame au bord de l'hystérie. Habitant à Tessala El Merdja depuis huit ans, elle dit n'avoir «jamais imaginé que leur quotidien pourrait basculer dans l'enfer en l'espace de 48 heures». Même son de cloche chez les nouveaux relogés. «Mes deux enfants ne vont plus à l'école. Moi-même, je n'ose pas m'attarder dehors, le soir, de peur d'être molesté», avoue Mohamed. Selon lui, toute personne, à pied ou véhiculée, circulant après une certaine heure, a de fortes chances d'être délestée de ses biens et tabassée. «Personne ne peut dire avec exactitude qui est responsable de ces agressions», signale Mohamed Ben Meziane, l'un des sages de la commune. La présence de la police semble dissuader un tant soit peu les agresseurs, «mais jusqu'à quand?», s'interroge-t-il. «Cela devient carrément invivable. Notre commune est devenue un coupe-gorge. Même les étrangers de passage n'y échappent pas», regrette-t-il. Ne voulant pas accuser l'une ou l'autre partie, il a tenu à préciser que la friction entre délinquants et dealers de la nouvelle cité où sont relogés les ex-locataires du bidonville d'Hydra et ceux des quartiers Sidi Abed et Soummam, a engendré un climat d'insécurité totale. Cela dit, cette situation doit prendre fin, «car il y va de la sécurité et du bien-être des citoyens de la commune, quelles que soient leurs origines», a-t-il déclaré à L'Expression. C'est pourquoi, d'ailleurs, il a tenu à lancer un appel aux habitants de sa commune, pour trans-cender tout ce qui peut donner lieu à de nouveaux affrontements.