Le statut particulier des praticiens n'est pas adopté pour léser les professionnels, mais il peut être soumis à des amendements. C'est ce qu'a dit hier le ministre de la Santé, Saïd Barkat, en marge d'une réception de véhicules de collecte de sang à Rouiba, dans la capitale. Cette déclaration est censée constituer une réponse aux revendications des médecins qui continuent de protester pour demander l'amélioration de leur situation socio-professionnelle. Le ministre a redit sa conviction qu'en matière de dialogue, il vaut mieux s'asseoir à la table des négociations que de recourir à la grève, même s'il reconnaît que ce droit est consacré par la Constitution. Le ministre ajoute que les médecins sont toujours invités à se rendre au ministère pour tenir des séances de négociations sur les points en litige avec les syndicats des praticiens et celui des spécialistes. Les deux syndicats avaient déclenché une grève de plusieurs mois avant de reprendre le travail. Avant même de commencer les négociations, le ministre a voulu user de certains arguments pour convaincre les médecins que le statut est en leur faveur. Il annonce qu'auparavant un médecin généraliste était admis à la retraite avec le même grade qu'en début de carrière. Or, avec le nouveau statut, une réévaluation est effectuée tous les cinq ans. De sorte qu'à l'âge de la retraite le médecin se retrouve avec un salaire de spécialiste. La demande formulée par les médecins pour entrer en propriété des logements appartenant à des hôpitaux est rejetée par le ministre. Ce dernier a dit que sur instruction du Premier ministre, il a été procédé à un accord avec le ministère de l'Habitat pour dégager un programme d'acquisition de logements aux médecins. Mais ces derniers auraient opposé une fin de non-recevoir à cette proposition. Ils s'attacheraient à leur revendication d'obtenir un désistement pour occuper les logements des hôpitaux. Or, s'ils quittent le service public, il y aurait un problème pour trouver des logements aux nouveaux occupants de postes ainsi libérés, estime le ministre. Ce dernier ajoute que si les médecins reviennent à la table des négociations, ils pourraient toujours obtenir d'autres gains liés notamment au régime indemnitaire. Pour le travail complémentaire dans des cliniques privées, la législation est claire. Elle autorise deux demi-journées de service. Les cliniques employant des médecins en dehors des normes risquent même la fermeture temporaire. 180 médecins sont formés pour mener des inspections dans ces enceintes. Elles devraient procéder à l'affichage des noms des praticiens et leurs horaires de travail. Ce sont des informations utiles pour le patient, dit le ministre. Sinon, il y a risque de dérapage. Il s'appuie sur un cas d'école. On ne doit pas dire à un malade qu'il sera opéré par un tel médecin alors que dès qu'il est anesthésié, un autre collègue prend le relais. A propos du problème de pénurie de médicaments soulevé par les associations des malades chroniques, le responsable du secteur répond qu'il n'en est rien. Il prend appui sur l'exemple des cancéreux en disant que les médicaments servant au traitement de leur maladie ne sont pas vendus en pharmacie mais qu'ils sont disponibles dans les hôpitaux. Et pour les diabétiques et autres? Selon le ministre, il pourrait s'agir d'un problème de prescription. Si les médecins demandent l'achat du princeps au lieu du générique, il est presque sûr que le médicament ne sera pas trouvé dans les pharmacies, dit-il. Sans sombrer dans un satisfecit béat, le ministre va même jusqu'à relativiser les conclusions du rapport de l'institution des droits de l'homme présidée par Ksentini. Son rapport sur la santé se base sur des données vieilles de deux ans, dit Saïd Barkat. Même s'il y a des constats qu'il partage car tout n'est pas parfait, concède-t-il.