Les médecins et les enseignants veulent, encore une fois, recourir à la grève. A nouveau, le spectre d'une paralysie des secteurs de la santé et de l'éducation plane. Quatre syndicats ont accordé leurs violons et envisagent d'observer une grève. Il s'agit du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp), du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp), du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) et de l'Union nationale des professionnels de l'éducation et de la formation (Unpef). Ces deux derniers formant l'intersyndicale de l'éducation. «La réflexion va dans ce sens», a déclaré, hier, le Dr Lyès Merabet, président du Snpsp, lors du rassemblement des praticiens tenu à l'hôpital Mustapha-Pacha, à Alger. Cette déclaration trouve un écho favorable au niveau de l'Intersyndicale de l'éducation. «Il est fort probable que l'option du débrayage soit adoptée lors de la prochaine réunion entre les quatre syndicats», a révélé M.Messaoud Boudiba, chargé de communication au sein du Cnapest. Tout sera plus clair demain. En effet, les deux intersyndicales se réuniront pour adopter une plate-forme de revendications commune. Aussi, elles s'attelleront à définir une feuille de route par la contestation. «Cette feuille de route portera deux revendications principales: le respect du droit de grève et le respect et la préservation des libertés syndicales», a expliqué le Dr Merabet. La réunion de demain consacrera la naissance d'une nouvelle centrale syndicale. Ce sera la Centrale générale des travailleurs (CGT). Les blouses blanches ne croient plus au dialogue proposé par Saïd Barkat, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. «Nous boycottons toute concertation avec le ministre, tant que notre plate-forme de revendications n'est pas remise sur la table des négociations», a martelé le Dr Merabet. Cette position tranche avec celle du ministre. Ce dernier avait déclaré, mercredi dernier, que les portes du dialogue sont toujours ouvertes. Seulement, les praticiens revendiquent des réponses concrètes à leurs revendications. «Si le ministre dit que l'actuel statut particulier peut être soumis à des amendements, qu'attend-il pour effectuer des démarches dans ce sens au niveau du gouvernement?», s'est demandé le Dr Mohamed Yousfi, président du Snpssp. Le fossé ente les praticiens et la tutelle ne cesse de s'élargir. Et les éléments de discorde entre les deux parties sont légion. Exemple: le droit de cessibilité du logement. M.Barkat a encore une fois affirmé que les médecins ont formulé une demande pour accéder à la propriété des logements appartenant à des hôpitaux. Il est allé jusqu'à affirmer que cette demande a été rejetée par son département. Par ailleurs, il avait déclaré que sur instruction du Premier ministre, il a été procédé à un accord avec le ministère de l'Habitat pour dégager un programme d'acquisition de logements pour les médecins. «Tout cela est faux!», a fulminé le Dr Yousfi. Sur un ton de colère, il a rappelé que les praticiens réclamaient un droit attribué aux autres secteurs de la Fonction publique. A ce titre, il s'est étonné de l'exception faite à celui de la santé. Les raisons de la colère des praticiens sont multiples. Et la liste des points de discorde s'allonge. Hier, des dentistes sont montés au créneau pour dénoncer la décision du ministre de fermer les cliniques privées si elles ne se dotaient pas de stérilisateurs. Il leur a donné un ultimatum de 15 jours. «Il exige des cliniques privées de se doter de ce produit alors que les centres de santé publique en manquent terriblement», a témoigné une dentiste. Cette dernière a cité plusieurs centres souffrant de la pénurie d'autoclave. Au niveau d'Alger figurent, entre autres, les centres de santé Krim-Belkacem, sis au Télémly et Bellili, situé à la rue éponyme. Décidément, le secteur de la santé publique souffre d'un mal profond.