Le ministre de la Santé aurait aimé enfiler sa blouse blanche pour se joindre à la grève des médecins. Le Dr Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique, raconte quelques détails vécus lors de la dernière réunion que le Snpssp avec les représentants de l'administration. C'est connu, cette réunion a été tenue le 24 février dernier. Seulement, cette foi-ci, le Dr Yousfi a dévoilé des détails importants. «Durant cette réunion, le ministre est passé nous voir. Il nous a déclaré que s'il n'était pas ministre il aurait mis sa blouse et aurait fait la grève avec nous», a révélé le conférencier. Pis, «il nous avait déclaré qu'il avait fait tout son possible auprès du Premier ministre pour que notre dossier soit pris en charge. Selon lui, ses démarches n'ont pas abouti», a renchéri le Dr Yousfi. Cette déclaration est faite lors d'une conférence de presse à Alger à laquelle a assisté le Dr Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé. D'autres membres du syndicat ont pris part à cette conférence. Le ton de la menace adopté par la tutelle a attisé la colère des praticiens de la santé publique. Hier, ils ont réagi avec virulence aux propos tenus à leur égard par Saïd Barkat, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. «Cessons cette mascarade», a fulminé le Dr Lyès Merabet, président du Snpsp. Le Dr Merabet a relevé l'incohérence de la démarche du ministre par rapport à leur cause. «D'un côté, il nous invite à des réunions de conciliation et de l'autre il qualifie notre grève d'illégale», s'est-il étonné. Il est allé plus loin. Il a affirmé que la démarche de Barkat est en contradiction avec celle de la présidence de la République. Il a aussi souligné que les déclarations du ministre de la Santé font suite à celle de M.Ouyahia, Premier ministre. «C'est la solidarité gouvernementale contre les revendications socioprofessionnelles de l'élite de ce pays», a déploré, pour sa part, le Dr Yousfi. Cela dit, le président du Snpssp a relevé l'ambivalence avec laquelle les institutions de l'Etat traitent leur dossier. «Y a-t-il plusieurs centres de décision? Existe-t-il plusieurs centres d'intérêt?», s'est demandé le Dr Yousfi. Aussi, il a signalé que les deux syndicats n'ont pas été destinataires de la décision de justice à laquelle avait fait référence M. Barkat. Sur ce point, les deux conférenciers ont rappelé que leur démarche s'inscrit dans le cadre de la loi 90/02. «Nous n'avons à aucun moment enfreint la loi», a affirmé le Dr Merabet. Pour preuve, «des réunions de conciliation ont été tenues suite à notre insistance», a souligné le représentant du Snpsp. Pour sa part, le Dr Merabet est revenu sur la dernière réunion que l'administration devait tenir avec le syndicat. «Le 3 mars dernier, le ministère nous a conviés à une réunion de conciliation. Nous avons constaté l'absence des représentants de la Fonction publique et de l'inspection du travail. En conséquence, nous nous sommes retirés de la réunion», a signalé l'intervenant. Par ailleurs, les deux conférenciers ont rejeté en bloc les accusations de Saïd Barkat à leur encontre. «Qu'un ministre nous accuse de non-assistance à personne en danger, cela relève de l'irresponsabilité», a martelé le président du Snpssp. «Nous défions le ministre d'apporter la preuve de ce qu'il avance», a-t-il poursuivi. Les déclarations de Barkat ont été assimilées à une tentative de retourner l'opinion publique contre les praticiens. «On veut nous jeter en pâture», a dénoncé le Dr Merabet. Concernant l'activité complémentaire, les deux syndicalistes ont réitéré la revendication commune de l'Intersyndicale. «Nous continuons à demander le gel de cette activité. Cette mesure doit être accompagnée d'une indemnité conséquente», a assuré le président du Snpsp. Par ailleurs, les deux conférenciers ont rappelé que le statut particulier est l'axe principal de leurs revendications. A ce propos, ils ont précisé que le point lié à la cessibilité du logement figure en dernier dans leur plate-forme commune. Cette revendication s'inscrit dans le cadre des textes en vigueur, a indiqué le Dr Merabet. Cela dit, les deux conférenciers ont affiché leur confiance quant à la prise en charge de leur dossier par la présidence de la République. Nonobstant ces rebondissements, la grève des praticiens continue.