L'artiste revisitera Lilah ya Djazaïr et Ouahran Ouahran de Khaled avec grâce et talent qui séduira toute la salle dont ses compatriotes fort nombreux ce soir-là... Elle apparaît au milieu de la scène d'Ibn Zeydoun vêtue d'une longue robe blanche parsemée de paillettes dorées. Et c'est comme un ange qui arrive et déploie ses ailes. Premier mot, première mélodie et nous sommes quelque peu troublés. On pense Yasmine Khlat dans Nahla de Farouk Baloufa. La grâce qui émane de cette femme nous conforte vers cette impression. Lena Chamamyan transporte dans sa voix le lyrisme de l'Orient. Elle se produit ce soir, dans le cadre du cycle musical consacré à l'Orient qu'organise l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel. Lena est accompagnée d'un violoniste, un guitariste basse, un pianiste et un batteur. Elle entonnera en première partie des complaintes qui soulèveront des «vagues» à l'âme. Un ensemble de chansons tirées du répertoire syrien de toutes les franges de ce pays, assaisonnés au son du jazz. Lena interprète Ya Mahla Elfoussha puis un mouachah andalou, des plus connus, à savoir Lama bada yatafana. L'amour, le départ et l'exil sont les thèmes abordés dans la plupart des textes de Lena, notamment dans Bali maâk (Mon esprit est avec toi), ou encore Khaït el kaçab (le fil du roseau) mais aussi Asmar loun (Mon brun). Morceau où la chanteuse nous gratifie de son étendue vocale. Lena, tout sourire, fait participer le public à maintes reprises en le sollicitant pour reprendre avec elle quelques refrains. Ce dernier s'exécute sans détour. Lena interprète An Rozana, presque en a cappella. L'histoire de cette chanson à double sens raconte qu'un bateau éponyme transportait sous les marchandises des armes. L'autre version évoque l'amour d'un jeune soldat pour une belle princesse prénommée Rozana. Dans Haoul haoul, Lena chante avec brio et une justesse dans les gammes que le public reste sans voix, subjugué. En contemplation. La chanteuse a conquis le coeur du public qui n'a désormais d'yeux que pour elle. Une chanson surprise avant d'entamer son second tour de récital par des chants de fête. Lena chante Lilah ya Djzaïr de Khaled, qu'elle a rencontré il y a deux mois à Paris et dont elle dira qu'il est «très modeste». Lena, d'origine arménienne vraisemblablement, entonnera fraîchement Djagalé halelé (mon amour est pur) tout en sollicitant le public à chanter avec elle. L'artiste entonne des chansons plus légères avec une orchestration typiquement jazzy. L'autre surprise de la soirée est la reprise du morceau Ouahran Ouahran de Khaled. Le public ému et séduit en redemandait... Lena Chamamyan rechantera son morceau qui eu beaucoup de succès (Mon brun) avant de prendre congé de nous, sous les applaudissement nourris du public, des fleurs à la main. Née à Damas, la sémillante Lena Chamamyan a débuté sa carrière à cinq ans dans les fêtes scolaires. A 9 ans, elle s'inscrit au conservatoire. En 2002, elle est diplômée en management et poursuit parallèlement sa formation à l'académie de musique. Elle y passe avec succès le concours de chanteuse classique avant de se rendre en Italie, puis aux Pays-Bas, pour des perfectionnements. Elle participe à plusieurs ateliers de jazz européens, notamment avec l'Allemand Manfred Leuschter qui l'intègre dans ses albums et concerts. Elle se produit alors dans les festivals de jazz en Syrie. Cette expérience lui permet de réaliser son voeu, celui d'un mixage du jazz oriental avec la musique arménienne. Aidée par le musicien Bale Rajoub, elle écrit ses premières compositions. L'album, présenté dans plusieurs pays du Moyen-Orient, est promu par Radio Monte Carlo en 2006 et connaît un grand succès dans les milieux musicaux orientaux et européens. Lena Chamamyan est aujourd'hui une des rares artistes à réunir un talent exceptionnel de chanteuse et des capacités reconnues de composition sur une voie créative originale où la diversité musicale de l'Orient se marie avec les musiques universelles classiques ou contemporaines. L'artiste nous offrira un moment de musique oriental dans toute sa diversité, associé à de l'émotion et talent certain.