L'actuel et les trois anciens présidents malgaches se sont retrouvés depuis hier en Afrique du Sud pour tenter de régler le contentieux survenu après la déposition l'an dernier du président Ravalomanana. Les leaders malgaches ont entamé hier des discussions pour trouver «une solution durable à la crise» qui secoue le pays depuis 15 mois, sous l'égide de l'Afrique australe et de la France, a annoncé le chef de la médiation Joaquim Chissano. «Nous avons convoqué une rencontre entre les chefs de file des mouvances de Madagascar pour encore une fois déployer nos efforts pour trouver une solution durable à la crise malgache, une solution qui soit inclusive, consensuelle», a déclaré à la presse M.Chissano. L'ex-président mozambicain a débuté dès mardi soir à Pretoria des consultations avec l'homme fort de Madagascar, Andry Rajoelina, et le président évincé Marc Ravalomanana, en exil en Afrique du Sud. Il a également discuté avec les anciens chefs de l'Etat Albert Zafy et Didier Ratsiraka, arrivé hier à Pretoria. «Il y aura dans l'après-midi (hier) une rencontre entre le président (sud-africain Jacob) Zuma, moi-même, le président Ravalomana et le président Rajoelina sur des questions spécifiques», puis des discussions avec les deux autres chefs de file pour les «questions générales», a précisé M.Chissano. Les quatre hommes, sous la médiation de la France et de la Communauté de développement d'Afrique australe (Sadc), pourraient conclure un accord sur la constitution d'un gouvernement d'union nationale chargé de conduire le pays à des élections générales le plus rapidement possible, d'ici trois à quatre mois, selon un proche de la mouvance Ravalomanana. «Ce sera l'esprit et la lettre de Maputo avec un gouvernement d'union et des ministères partagés», souligne-t-il. Le système de co-présidence et le Parlement de transition seraient cependant abandonnés, ont précisé des sources malgaches. L'accord de Maputo tout comme celui d'Addis Abeba, signés l'année dernière et restés lettre morte, avaient pour but de sortir le pays de l'impasse politique après l'éviction en mars 2009 de Marc Ravalomanana. Son remplacement par son principal opposant et ex-maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina, soutenu par l'armée, avait été largement condamné et avait valu à Madagascar d'être suspendu de la Sadc et de l'Union africaine (UA). Si l'impasse politique est totale depuis décembre avec la décision de M.Rajoelina de remplacer le Premier ministre de consensus et d'appeler à des élections sans l'accord des trois autres parties, la situation actuelle n'est pas défavorable à l'obtention d'un accord. Pour ce nouvel essai, la médiation jusqu'ici assurée par l'Afrique australe, l'Union Africaine (UA), l'Organisation internationale de la Francophonie et les Nations unies s'est restreinte à la Sadc et à la France, représentée à Pretoria par le secrétaire d'Etat français à la Coopération Alain Joyandet. Le président de la commission de l'Union Africaine, Jean Ping, était cependant présent à Pretoria hier en tant que «garant du processus de paix», selon M.Chissano. Cette recomposition de la médiation a permis certaines avancées. Andry Rajoelina a assuré mi-avril être prêt à suivre une nouvelle «feuille de route tracée par la France, l'Afrique du Sud et la Sadc». Car le président de la Haute autorité de transition (HAT) se voit aujourd'hui confronté à l'impatience de l'armée, à un marasme économique croissant avec la suppression des aides internationales et à des sanctions de l'UA contre son régime pour entrave au processus de sortie de crise.