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Andry Rajoelina cherche désespérément à former un gouvernement de salut public Après l'échec de pourparlers inter-malgaches de Pretoria pour une sortie de crise
Les pourparlers inter-malgaches qui ont eu lieu à Pretoria, entre jeudi et vendredi soir, se sont achevés sur un cuisant échec, prolongeant ainsi de quelques jours de plus la crise politique qui secoue Madagascar depuis un an. Le groupe de contact international (GCI), conduit par l'ex-président mozambicain Joaquim Chissano, sous l'égide de l'Union africaine (UA), n'a pas réussi à arracher la moindre concession de la part des quatre leaders politiques malgaches qui demeurent campés sur leurs positions. Des efforts pour éviter l'échec Confiant, M. Chissano refuse de parler d'échec puisque, selon lui, «à l'issue de ces consultations, les leaders des quatre mouvances se sont engagés à se rencontrer dans 15 jours en Afrique du Sud pour résoudre toutes les questions en suspens». «La forme et le contenu de la prochaine réunion restent à déterminer», a précisé le chef de la médiation sans faire référence à la feuille de route établie par l'Afrique du Sud et la France. Le document en question, et sur la base duquel se sont déroulés les pourparlers de Pretoria, a proposé la formation d'un gouvernement d'union nationale qui aura pour mission d'organiser dans les meilleurs délais d'une élection présidentielle anticipée afin de faire revenir le pays à la légalité constitutionnelle et relancer l'économie de l'île. Les mêmes propositions ont été formulées puis adoptées lors de la signature des fameux accords de Maputo (Mozambique) et de la conclusion de l'acte additif d'Addis-Abeba, en présence de l'actuel homme fort de l'île, Andry Rajoelina, le président déchu Marc Ravalomanana et les deux anciens chefs d'Etat Albert Zafy et Didier Ratsiraka. Les quatre chefs de file malgaches avaient accepté l'installation d'un gouvernement de transition avec à la clé le partage équitable des postes ministériels sensibles entre toutes les mouvances impliquées dans ce conflit. Le gouvernement de transition devait ensuite préparer et organiser une élection présidentielle anticipée dans moins d'une année. Pour afficher sa bonne volonté de mettre fin à la crise politique dont il a été la première victime, le président déchu Marc Ravalomanana a accepté de se retirer de la course à la présidentielle, tout en proposant de participer à l'effort de stabilisation de ce petit pays de l'océan Indien. Après plusieurs semaines de tractations, un gouvernement a été formé mais le président de la HAT a piétiné les accords de Maputo et d'Addis-Abeba en limogeant le Premier ministre, Eugène Mangalaze, lequel avait été désigné le 6 octobre 2009 par consensus entre les différentes mouvances malgaches. M. Mangalaze avait été remplacé par une femme, Cécile Manorohanta, qui a été nommée par décret à ce poste avant d'être évincée, à son tour, 48 heures plus tard. Andry Rajoelina qui a agi d'une manière unilatérale a fini par nommer, via un autre décret, un militaire au poste de Premier ministre, en l'occurrence le colonel Albert Camille Vital. Ces nominations ont mis à mal les derniers espoirs de rétablir l'ordre constitutionnel à Madagascar comme cela avait été convenu au terme de plusieurs mois de négociations marathoniennes. Malgré les pressions internationales et les menaces de sanctions, l'homme fort de l'île a refusé de reprendre les négociations, accusant l'opposition de fomenter un coup d'Etat contre lui et allant même jusqu'à dire qu'il faisait l'objet d'une tentative d'assassinat. Des propos vite démentis par ces rivaux qui affirment rester ouverts, en permanence au dialogue. Après plusieurs mois de statu quo, l'Union africaine a finalement décidé de passer à l'action en excluant Madagascar des activités politiques de l'organisation jusqu'à nouvel ordre. Les Etats-Unis ont aussi supprimé l'île de sa liste des pays bénéficiant de relationscommerciales privilégiées et d'une aide financière directe pour le soutien de son économie locale. Accusé d'entraver le processus de sortie de crise, Andry Rajoelina et 108 autres hauts responsables et cadres de son gouvernement ont été mis sur une liste noire, établie par la commission de la sécurité et de la paix de l'UA. Les sanctions imposées par cette commission, présidée le diplomate algérien Ramtane Lamamra, comprennent, entre autres, «des refus de visas (interdiction de voyager), le gel d'avoirs financiers dans des établissements bancaires étrangers et des refus d'accréditation». M. Lamamra avait indiqué que «cela ne cible que le camp de Rajoelina. Principalement le gouvernement, les hautes autorités, des membres des forces armées, des tribunaux […]», ajoutant qu'«il n'y a pas encore de sociétés sur la liste mais des experts travaillent sur l'aspect économique et nous imposerons d'autres sanctions bientôt». Des pressions et des résistances Mis le dos au mur, le président de la Haute Autorité de transition a accepté de revenir, sans conviction, à la table des discussions. La rencontre de Pretoria, entre jeudi et vendredi soir, a fini en queue de poisson, avec comme promesse de reprendre les discussions dans moins de deux semaines. Pour Marc Ravalomanana, «les accords de Maputo et l'acte additionnel d'Addis-Abeba incarnent la solution la plus appropriée». La même position est observée chez l'ancien président Didier Ratsiraka. Pour cet ancien amiral, «il faut mettre en place ce qui a été convenu dans les accords de Maputo et l'acte additionnel d'Addis-Abeba si l'on veut définitivement régler le problème». Pour l'ancien maire d'Antananarivo, la solution de la crise réside dans la formation d'un gouvernement de salut public qui regroupera des membres civils et militaires. Cette proposition a été rejetée par les forces armées qui estiment que cela n'aidera par le régime transitoire à obtenir la reconnaissance internationale. «La proposition du président de la HAT, Andry Rajoelina, concernant la mise en place d'un gouvernement de salut public, n'a pas convaincu les responsables de commandement qui se sont réunis au Régiment de transmission et de soutien (RTS) à Fiadanana hier [samedi] après-midi», a déclaré une source proche des forces armées au Midi Madagasikara, un journal local. La même source a ajouté que «les Forces armées restent sceptiques quant à la mise en place de ce gouvernement prévu par le président de la HAT après l'échec de la rencontre des chefs de file des mouvances qui s'est tenue à Pretoria». Le président de la HAT devrait se réunir avec les responsables militaires avant la reprise des discussions avec l'opposition dans moins de deux semaines à Pretoria. Mais la tâche s'annonce déjà difficile pour Rajoelina qui tente de se maintenir au pouvoir à tout prix. L. M.