3600 DA pour les cours de rattrapage. Chez les parents d'élèves, l'inquiétude est à son paroxysme. A quatre semaines du baccalauréat, les élèves et les parents sont sur le qui-vive. La messe est dite: le retard accumulé dans le programme scolaire ne sera pas résorbé. «Il est impossible de rattraper un retard de plusieurs semaines en quelques jours», a regretté A.Y., élève en terminale, au lycée Hassiba-Ben Bouali à Kouba. Devant l'entrée du lycée, A.Y. et quelques-unes de ses camarades se sont agglutinées autour d'un mémoire de cours. Sur leurs visages se lisait l'appréhension de l'épreuve. Le sésame pour l'université aussi est compromis. Le spectre de l'échec hante leurs esprits. «Je suis stressée», avoue H. A, élève en langues étrangères. Au bout d'un moment, son regard se porte vers le lycée qu'elle venait de quitter en compagnie de ses amies. «J'ai l'impression que nos établissements scolaires sont devenus des laboratoires. Dans ces laboratoires, nous sommes réduits à l'état de cobayes», déplore H.A. C'est dire que le moral des élèves est au plus bas. «Sur le plan moral, je me sens amoindrie. Cette situation pèse lourd sur nos épaules», lance T. M, élève en gestion économique. Cette pression est due, essentiellement, à l'accélération des cours en vue de terminer le programme dans les temps impartis. L'effet de ce procédé est des plus négatifs. A ce rythme, les élèves ont fini par déserter leurs classes. «Sur 28 élèves que compte notre classe, il n'y en a que quatre qui viennent ces derniers jours», révèle une autre lycéenne. L'accélération des cours génère, ainsi un malaise profond. Et ce sont les élèves et leurs parents qui trinquent. Ces derniers préfèrent casser la tirelire pour assurer des cours particuliers à leurs enfants. Ils sont ainsi obligés de payer jusqu'à 3600 DA par mois les cours de rattrapage qui durent 1h 30, à raison de trois cours par semaine. «Je préfère payer des cours particuliers à mon fils que de le vouer à un programme de rattrapage qui a prouvé ses limites», avoue M.S., cadre de la Fonction publique dont le fils prépare le Bac mathématiques. A l'évidence, l'inquiétude des élèves et des parents contraste avec les assurances de Boubekeur Benbouzid, ministre de l'Education nationale. «Le programme de rattrapage a permis de résorber trois semaines de retard», a déclaré M.Benbouzid, lundi dernier, lors d'une visite d'inspection des centres des épreuves avancées de l'éducation physique. Lesquelles épreuves concernent le baccalauréat et le Brevet de l'enseignement moyen (BEM). Le premier responsable du secteur est allé plus loin. Il a affirmé que le programme scolaire des classes d'examens sera achevé avant le 25 du mois en cours. Une telle assurance soulève moult interrogations et réserves. «Il y a deux lectures à faire. La première est que le ministre tente d'amadouer les élèves, les parents et l'opinion publique. La seconde est que les rapports qui lui parviennent ne sont pas conformes à la réalité du terrain», a estimé, pour sa part, Idir Achour, porte- parole du Conseil des lycées d'Algérie (CLA). Face à toute cette situation, les élèves ne savent plus à quel saint se vouer. Et pour cause! L'arrêt des cours interviendra dans une dizaine de jours. Pour les candidats au Bac, les choses sont plus compliquées. Ils sont appelés à passer le Bac blanc le 16 mai. La confusion est accentuée par les déclarations controversées de Benbouzid. De 10 jours, le retard accumulé est passé à trois semaines selon le premier responsable du secteur. A cela s'ajoute la menace des enseignants de boycotter la correction des examens. Ainsi, les élèves se sentent tiraillés entre l'administration et leurs professeurs.