Cette formation algéro-palestinienne se produira ce soir à la salle Ibn Zeydoun à partir de 18h30 avant de s'envoler pour Oran, Tlemcen et Annaba. Ils sont jeunes et engagés. Ils portent la Palestine dans le coeur et le corps. Eux, c'est le collectif rap Gazateam. Cette formation a été créée à l'initiative de l'artiste franco-algérien Naïli après sa tournée «Nail Orient Express Tour» dans les territoires palestiniens en 2005. Gazateam est composé de: Nour Abueed, Khaled Abuhmaid, Mohamed Alnajjar de Ghaza et de: Naïli, Diez et DJ Mourad de Dunkerque. Après avoir participé aux ateliers hip-hop animés par le Nailklan, et organisés par le Centre culturel français de Ghaza, ces jeunes artistes en devenir, ont été pris en charge depuis deux ans par le Nailklan, pour un suivi artistique, devant aboutir à l'enregistrement et la sortie de leur premier album en 2008 et sera suivi d'une tournée en Europe. Après un premier voyage en France en 2007 où le groupe débuta l'enregistrement de l'album Palestine don't worry Gazateam is behind you, Nour, Khaled et Mohamed furent bloqués pendant des mois à Ghaza à cause du blocus israélien! Durant des mois d'attente ponctués par des moments d'espoir et de désespoir, de fausses et de bonnes nouvelles, ils réussirent à quitter la bande de Ghaza vivants, au prix d'une aventure tragique et dangereuse, en janvier 2008, à travers Rafah, quand le mur séparant Ghaza et l'Egypte fut brisé. Si le fameux mur d'acier symbolisant la frontière entre l'Egypte et Ghaza n'avait pas été détruit (sur une petite partie), jamais ils n'auraient eu la possibilité de sortir de ce qui est devenu plus que jamais le symbole de l'enfermement dans le monde. Une présentation pour le moins touchante qui nous a donné encore plus l'envie de connaître ces musiciens lors d'une conférence donnée mardi après-midi à Alger. Ces artistes parleront tour à tour de leur expérience musicale, tour à tour de leurs blessures encore vives et profondes qui animent leur émotion et les poussent à exprimer leur douleur en chansons. L'exil ne les éloignera pas de leur pays, bien au contraire, feront-ils remarquer, mais il exacerbera leur «souffrance». L'écriture comme exutoire s'est donc imposée à eux aujourd'hui, car l'homme là-bas ou ici, est partout le même. Aussi, le public arrive à sentir leur détresse là où ils se produisent. «Une fois qu'on trempe la plume, la haine mise de côté, il y a un flot de mots qui arrivent tout seuls, traduisant le trop plein de sentiments qu'on garde en nous comme un fardeau», ont-ils expliqué. Pour Naïli, le groupe n'appartient à aucune mouvance politique. «On est un mouvement indépendant qui plaide pour la liberté et la paix dans le monde. On est des Palestiniens certes, mais qui s'expriment d'abord en tant qu'êtres humains et non pas comme des politiques. On prône l'unité et le droit à la liberté quelle que soit la religion, pour trouver des réponses afin de libérer le territoire occupé.» Ces jeunes sont devenus par la force des choses des «Témoins d'une ´´schizophrénie carcérale´´ dans des territoires où la population est en proie à la violence et la terreur quotidiennes, où la mort s'est banalisée, ne laissant envisager pour beaucoup d'entre eux, qu'un avenir noir comme les yeux des mères qui pleurent leurs enfants. Ils ont trouvé dans l'écriture un refuge, et dans la scène un exutoire pour crier leur rage, leur colère, leur tristesse, mais surtout l'espoir d'un lendemain qui chante»... En effet, leur musique est bien entraînante et pleine d'optimisme malgré une rude dénonciation de la réalité au Proche-Orient. Gazateam, qui nous revient de loin, se lance dans une tournée algérienne à quatre dates. Après ce jeudi où le groupe se produira à 18h30 à la salle Ibn Zeydoun, il s'envolera le 9 mai pour Oran où il donnera un concert à l'Usto, puis à Tlemcen le 16 mai à partir de 19h30 à la Maison de la culture pour finir le 23 mai à la Maison de la culture de Annaba. Originaire de Djelfa toutefois, Naïli regrette que les autorités locales de ladite ville n'aient pas répondu à ses sollicitations de se produire dans sa ville natale. Dommage. Quand on sait que cette formation oeuvre pour l'amour de la Palestine et que les jeunes dans cette ville manquent cruellement de loisirs. Un concert ne fait de mal à personne, surtout quand il est là pour sensibiliser les jeunes. Naïli avait souhaité encadrer bénévolement des jeunes au sein d'un atelier. Il n'aura jusqu'à présent, reçu aucune réponse. A croire que notre pays cultive la culture des sourds plutôt que celle de la communication. Pour les veinards qui auront la chance d'écouter le Gazateam, c'est à ne rater sous aucun prétexte. Le prix du billet à la salle Ibn Zeydoun est de 400 DA. Ça va chauffer sur les dance floor avec dj Malik puis Mourad!