En l'absence d'un Conseil des ministres, des dizaines de décrets s'entassent au niveau du gouvernement en attente d'être validés. Les dossiers s'entassent sur la table du gouvernement. Des décrets et des projets de loi sont ajournés en attendant d'être validés. «Plusieurs décisions sont prévues mais elles dépendent de la promulgation des décrets et des projets de loi», affirme une source proche du gouvernement. Ces dossiers, explique notre source, doivent automatiquement passer par le Conseil des ministres pour validation avant la mise en application, comme le stipule la Constitution. Le prochain Conseil des ministres s'annonce très chargé. Rappelons que le gouvernement n'a pas été convoqué par le président de la République depuis le 30 décembre dernier, date de la signature de la loi de finances 2010. L'équipe Ouyahia aura plusieurs dossiers en main. Celle-ci a tenu plus de quinze réunions (ex-conseil du gouvernement Ndlr) depuis le début de l'année en cours. «Nous avons étudié plusieurs projets de loi et nous attendons de les exposer en Conseil des ministres», affirme notre source. «Quand se tiendra le prochain Conseil des ministres? Aucune date n'est fixée pour le moment. Nous n'avons pas encore été informés», confie la même source avançant cependant que ce conseil se tiendra probablement au courant de cette semaine. «Comme nous n'avons pas été convoqués à la réunion hebdomadaire du mardi, il est fort probable que le Conseil des ministres se réunisse cette semaine», déduit notre source. Enchaîné par ce rendez-vous, le gouvernement se retrouve presque paralysé. L'activité ministérielle se limite juste à des rencontres informelles et des visites sur terrain. Obéissant à la tradition, le Premier ministre convoque une réunion hebdomadaire chaque mardi pour faire le point de la situation. Alors que l'étude et le montage financier ont été finalisés depuis plus de deux mois, le plan quinquennal tarde à se matérialiser sur le terrain. «Tout est fin prêt, nous attendons juste la réunion du Conseil des ministres pour passer à l'action», affirme un autre membre du gouvernement. Selon lui, il reste juste à mettre sur rail le plan dont le coût s'élève à 300 milliards de dollars, y compris le programme en cours (PEC). Le plan quinquennal devait faire l'objet d'une conférence des cadres que devait présider le chef de l'Etat, mais cette rencontre a été elle aussi reportée. Coincée par ce rendez-vous et angoissée par le remaniement, l'équipe Ouyahia est dans l'expectative. En conséquence de cet immobilisme de l'Exécutif, le Parlement, avec ses deux chambres, se retrouve à moitié gelé. L'activité législative tourne en rond. Seuls deux projets de loi sont soumis à examen depuis plus de deux mois. Il s'agit du projet de loi portant sur la profession de commissaire aux comptes et le projet portant sur l'aménagement du territoire et de l'environnement. Actuellement, l'Assemblée nationale ne dispose d'aucun projet de loi en réserve. «Nous attendons que le gouvernement transmette ses projets», affirme un responsable au sein de l'APN. Même le projet de loi criminalisant le colonialisme, proposé par le FLN et qui a été transmis au gouvernement depuis plus de deux mois, est resté sans écho. En panne de matière, l'APN tente de meubler son agenda par les questions orales et des journées parlementaires. Ouverte le 2 mars dernier, la session parlementaire, qui promet pourtant d'être chargée, clôturera avec un faible bilan. Les deux projets de loi portant sur les Codes communal et de wilaya, programmés pour cette session, ne seront pas au menu. «Je doute fort qu'ils soient programmés avant la fin de cette session», assure un sénateur FLN. Pour lui, il ne reste pas suffisamment de temps pour l'examen de ces projets. Pourquoi? Il explique tout simplement que l'événement de la Coupe du Monde qui s'annonce, va complément éclipser les travaux du Parlement. Outre l'événement sportif, la période des vacances et le mois sacré du Ramadhan sont des raisons suffisantes pour que le Parlement ferme ses portes bien avant le 2 août prochain, comme le prévoient les délais constitutionnels. Il faut rappeler que lors de l'ouverture de la session de printemps, le gouvernement a inscrit pas moins de 11 projets de loi. Si la session d'automne a été maigre en termes de bilan, celle de printemps ne promet guère mieux. Plus grave encore, cette morosité se répercute directement sur le terrain et c'est toute l'activité économique qui en pâtit: des projets sur le terrain, des directeurs qui n'arrivent pas à prendre des décisions, etc. Les institutions observent une pause en attendant le changement de gouvernement qui s'annonce mais qui n'arrive pas...«Le remaniement allait être dévoilé officiellement le 3 mai», soutient-on, mais il a été reporté en dernière instance. En attendant...tout le monde attend.