Les dieux de l'Olympe ne sont pas venus au secours d'une Europe frappée par la colère de la nature et la bêtise humaine. Après la Belgique, c'est au tour de la France, de l'Espagne et du Portugal d'être à nouveau en proie aux cendres du volcan islandais. Le continent aurait été heureux de se passer de cette catastrophe car il est amplement occupé à juguler les conséquences de la crise financière grecque. Les effets de contagion se font plus insistants de jour en jour. Mais les deux phénomènes ne sont pas dénués de retombées sur les voisins du Sud. Les vols des compagnies nationales ne manqueraient pas de souffrir de la suspension momentanée du trafic aérien. Avec tous les désagréments que cela peut induire pour les voyageurs, hommes d'affaires ou touristes. La crise grecque fait peser d'autres menaces. Celle d'un détournement de l'Europe de ses voisins du Sud. L'hésitation des Allemands à venir en aide aux Grecs sous prétexte qu'ils étaient les seuls à se jeter dans le précipice, n'augure rien de bon pour les pays méditerranéens. L'aide future aux réformes économiques ne sera que plus réduite. Le budget pour 2010 et 2011 sont déjà bouclés et ne risquent pas d'être amputés. La hausse de l'euro par rapport à la monnaie locale, aux alentours de 12 dinars, va contribuer à renchérir les achats et influer sur la facture des importations. Ce sera un nouveau sujet qui s'invitera à la table des chefs d'Etat lors du sommet de l'UPM du 7 juin prochain. Avec le risque que les affaires européennes prennent le pas sur les dossiers de la coopération. Les Européens auront beaucoup de mal à maintenir leur économie en bonne santé. Ils vont encore en débattre, aujourd'hui, à l'occasion d'une réunion des grands banquiers et des spécialistes de la finance qui se retrouveront en Suisse pour deux rencontres prévues de longue date et qui devraient porter essentiellement sur la crise grecque et sur la chute de la monnaie unique européenne. La première est la réunion des gouverneurs des principaux instituts d'émission dans le monde. Ce sera une réunion extraordinaire en raison des craintes que la contagion de la crise grecque déstabilise l'Europe, les Bourses et l'euro. C'est effectivement ce dernier qui est menacé et avec lui tout l'édifice institutionnel de l'Europe. Une déclaration du président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, est attendue à l'issue de la rencontre. De nombreux banquiers centraux et spécialistes sont également attendus à une autre rencontre organisée par le Fonds monétaire international et qui devrait se tenir sous la présidence de Dominique Strauss-Kahn. Les participants auront du mal à rejoindre le lieu de la rencontre si l'annulation des vols se poursuit au rythme actuel. En effet, une quinzaine de vols ont été annulés hier à l'aéroport de Marseille. A ce train-là, même les nombreuses personnalités du monde entier qui sont attendues à quelques jours de l'ouverture du Festival de Cannes, mercredi devraient se faire du souci. De fortes concentrations de cendres sont susceptibles de gêner le trafic aérien. Les cendres ont entraîné la fermeture de 19 aéroports espagnols, perturbant aussi les vols au Portugal. L'éruption du volcan islandais Eyjafjöll perturbe également les routes habituelles de vols entre l'Amérique, l'Europe et l'Asie. En Espagne, 673 vols avaient été annulés sur les 4 974 programmés pour la journée. Au Portugal, 125 vols avaient été annulés. L'Eyjafjöll a recommencé, jeudi, à cracher d'importantes quantités de cendres après quelques jours d'accalmie. Son éruption avait paralysé le trafic aérien en Europe pendant près d'une semaine mi-avril. Plus de 100.000 vols avaient alors été annulés et plus de huit millions de passagers bloqués.